Français modifier

Étymologie modifier

Du latin elevare (« soulever »), lui-même composé de levare préfixé de e-.

Verbe modifier

élever \e.lə.ve\ ou \el.ve\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’élever)

  1. Mettre plus haut, porter plus haut, rendre plus haut.
    • La région que nous parcourons est une vaste plaine monotone, sans arbres et presque sans reliefs, qui s'élève insensiblement à fur et à mesure que nous avançons. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 36)
    • A un appel de sonnette on plaçait les plats et tout ce qui était nécessaire sur un monte-charge qui s’élevait jusqu’à la salle à manger et redescendait aussitôt. — (André Dhôtel, Le Pays où l'on n’arrive jamais, 1955)
    • Les filaos géants, à l'écorce rugueuse et noire, étaient très nombreux et s'élevaient vers la voûte de feuillage comme des piliers de cathédrale. — (Michel Lemoine, L'autre univers de Simenon : guide complet des romans populaires publiés sous pseudonymes, Liège,C.L.P.C.F., 1991, page 166)
    • Ce terrain s’élève en amphithéâtre.
  2. (Sens figuré) Porter vers ce qui est plus grand que soi, en parlant de ses pensées, de son âme, de ses désirs.
    • Élever son cœur, son esprit, son âme à Dieu,
  3. (Sens figuré) Fortifier, ennoblir, en parlant de l’âme, de l’esprit.
    • Il faut bien noter aussi que lorsqu’elle célèbre des Saints, elle s’élève et diffère ; alors elle s’exhausse dans une flambée d’âme ; […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • La lecture de cet ouvrage élève l’esprit. — Dans la contemplation de la nature, l’âme s’élève.
    • (Par analogie) Élever les sentiments, le courage. — Son style s’élève quelquefois.
  4. (Sens figuré) Investir de quelque dignité, placer dans un haut rang, rendre supérieur en pouvoir, en fortune, en gloire.
    • La faveur l’a élevé de bien bas.
    • Élever quelqu’un aux charges, aux dignités, aux honneurs ; l’élever au plus haut rang.
    • (Pronominal) S’élever à force d’intrigues. — S’élever par son mérite aux plus hautes dignités.
  5. (Sens figuré) Augmenter de quantité, de prix, de valeur.
    • Élever le prix des denrées. — Le prix de cette marchandise s’est élevé à cent francs.
    • Élever le taux de l’intérêt. — Élever la valeur d’une monnaie.
    • Élever la température d’un lieu, d’un liquide. — Le thermomètre s’est élevé à vingt degrés.
  6. Faire construire.
    • Celle-ci, mariée à un ingénieur du P.-L.-M., vivait avec ses trois enfants, dans une maisonnette que le ménage avait fait élever, après la guerre, sur un lotissement de Brunoy. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Élever une statue à un grand homme. — Élever un obélisque.
  7. (Sens figuré) Opposer, proposer ou faire naître, en parlant de doutes, de scrupules, de difficultés.
    • Vous élevez là une difficulté, une chicane bien étrange.
    • Élever des doutes sur la réalité d’un fait.
  8. Nourrir un enfant, entretenir son existence jusqu’à ce qu’il ait acquis une certaine force.
    • Si Joséphine ne se mariait pas, elle continuerait à « turbiner » pour la maison, la vieille élèverait le mioche, et lui, le patron, empocherait la galette que le Pape, de gré ou de force lui remettrait. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Cette femme a eu plusieurs enfants, mais elle n’a pu en élever aucun. — Cet enfant est faible, il sera malaisé à élever.
  9. (Par analogie) Nourrir et protéger des animaux ou des plantes pour favoriser leur croissance.
    • Les paons sont difficiles à élever.
    • J’ai eu de la peine à élever ces plantes, ces fleurs, ces arbres.
  10. (Sens figuré) Instruire ; former par l’éducation.
    • Elles sont élevées pour devenir de bonnes épouses, recevant des dînettes et des minicuisines comme cadeaux de Noël, de faux aspirateurs ou fers à repasser, des poussettes et des poupons. — (Manuela de Seltz, Tropique du Capricorne, 2015)
    • Son père, […], est surnommé « Camélinat le Rouge » pour ses convictions républicaines. Cet austère paysan a élevé ses enfants dans l’aversion de la monarchie, puis de l’Empire. — (Rosa Moussaoui, Zéphyrin Camélinat (1840-1932) Un long chemin, de la commune au communisme, dans L'Humanité, 7 septembre 2011)
  11. (Pronominal) (En particulier) S’enorgueillir.
    • Celui qui s’élève sera abaissé.
  12. (Pronominal) (Sens figuré) Présenter, développer sur un sujet.
    • S’élever à de hautes considérations sur l’actualité politique.
    • (Sens figuré) S’élever à la conception d’un ordre général de l’univers.
    • S’élever aux notions, aux idées d’ordre, de justice. — L’esprit de l’homme peut-il s’élever jusque-là ?
  13. (Pronominal) (Sens figuré) Avoir la valeur, le prix de.
    • Son ardoise s’élevait à deux mille packs. — (Georges Arnaud, Le Salaire de la Peur, 1950)
  14. (Pronominal) Se former ; survenir ; naître. Note : Se dit tant au propre qu’au figuré.
    • Quelques polémiques se sont élevées au sujet de l’existence d’une race de chèvre aborigène en Belgique. — (Paul Diffloth, Zootechnie : Chèvres, porcs, lapins , Encyclopédie agricole J. B. Baillière, & fils, 4e édition, 1918, page 62)
    • A cet instant, dans le passage, d’autres voix s’élevèrent, accompagnées d’un martèlement de pas précipités. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Ils n’avaient pas dépassé la boutique de l’épicier, vers la mer, que le tonitrument de l’autre bal, celui qui était de ce côté-ci du fleuve, s’éleva à son tour. — (Marguerite Duras, Les Petits chevaux de Tarquinia, Gallimard, 1968, page 112)
    • Il y avait foule. Derrière la haie de soldats qui s’effrangeaient devant le carré réservé à l’échafaud commença à s’élever un brouhaha. — (Ivan Tourgueniev, L’Exécution de Troppmann, avril 1870, traduction française d’Isaac Pavlovsky, publiée dans ses Souvenirs sur Tourguéneff, Savine, 1887)
  15. (Pronominal) S’opposer ou se déclarer contre quelqu’un ou contre ce qu’il propose.
    • Si Gobineau a été l'objet du dégoût, de la crainte, de l’ostracisme de nos « rationalistes », c'est qu'il s'est élevé à la fois contre leurs faux raisonnements et contre leur absurde principe de la primauté de la raison : […]. — (Louis Thomas, Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1816-1882), Paris : Mercure de France, 1941, p.33)
  16. (Pronominal) Accuser quelqu’un, porter témoignage contre lui.
    • Les preuves qui s’élèvent contre l’accusé.
  17. (Pronominal) (Sens passif) Être dressé.
    • Au dessus, le pan de mur s’élevait en triangle comme un fronton, la bordure ornée de dorure. — (Delphine Renard, Tu choisiras la vie, Grasset, 2013, chapître 26)

Synonymes modifier

Dérivés modifier

Traductions modifier

Traductions à trier modifier

Prononciation modifier

  • France : écouter « élever [e.lə.ve] »
  • France (Vosges) : écouter « élever [ɛl.ve] »
  • France (Lyon) : écouter « élever [el.ve] »

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

Références modifier