Français modifier

Étymologie modifier

Dérivé de venter, avec le préfixe é-, en moyen français esventer.

Verbe modifier

éventer \e.vɑ̃.te\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’éventer)

  1. Rafraîchir par l’air au moyen d’un éventail ou de tout autre objet.
    • Les princes d’Asie ont toujours des gens qui les éventent quand ils dînent. - S’éventer pour se rafraîchir. - S’éventer avec un mouchoir.
    • Elle s’évente avec son mouchoir, cependant que M. Ulysse entre en lutte avec un essaim de mouches, qui vraisemblablement, du plus haut du ciel, a vu briller son nez comme un phare. — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 290)
    • C’est une ville grave et silencieuse, bien différente de ma ville natale. On n’y voit personne se reposer sur les porches, en s’éventant dans la chaleur de l’après-midi. — (Julien Green, Le voyageur sur la terre, 1927, réédition Le Livre de Poche, page 45)
    • Éventer le grain, le remuer avec la pelle, pour lui donner de l’air et empêcher qu’il ne s’échauffe.
  2. Exposer à l’action de l’air, du vent.
    • Éventer des étoffes.
    • Éventer une voile, disposer, brasser une voile de manière à mettre le vent dedans.
    • Il faut éventer un peu ce meuble.
  3. (Pronominal) Altérer, corrompre ou gâter par le contact de l’air.
    • « Je mets le verre là, vous le prendrez tout à l’heure si vous voulez ; vous le laisserez s’éventer, si cela vous amuse. »
      Le cidre ne s’éventera pas, il y a bon temps qu’il l’est. Il y a deux jours qu’il traîne dans une bouteille que mon père a repoussée parce qu’elle sentait l’aigre et qu’on a oublié de boucher.
      — (Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)
    • En songeant que le liquide s'était éventé, bien qu'enfermé dans une boîte métallique, il fut ressaisi par le doute qui le tenaillait : quarante ans et des broquilles s'étaient écoulés depuis qu'on avait transformé l'opium de l'Empire des Indes en morphine dans les labos de Sa Gracieuse Majesté. — (Thierry Marignac, Morphine Monojet ou Les fils perdus, Éditions du Rocher, 2016)
    • La laine, la soie, le fil s’éventent facilement. - Les racines sont sujettes à s’éventer quand elles ne sont pas couvertes de terre.
  4. Déboucher, ouvrir de manière à laisser pénétrer l’air.
    • Éventer la quille, abattre un vaisseau en carène jusqu’à ce que sa quille paraisse hors de l’eau.
  5. (Sens figuré) Avoir connaissance de, découvrir, avoir vent de.
    • Ils ont éventé le piège, dans lequel toi, l’esprit fort, tu as coupé. — (Pierre Benoit, La Chaussée des géants, 1922, Albin Michel, réédition Le Livre de Poche, page 310)
    • Peu après, ayant éventé un complot qui les visait tous les deux, ils s’étaient réconciliés pour faire face à leurs ennemis et Gotarzès avait même accepté de s’effacer en faveur de son frère. — (Pierre Renucci, Claude, Perrin, Paris, 2012, page 232)
    • Éventer la mine, éventer la mèche ; pénétrer un dessein secret et empêcher par là qu’il ne réussisse.
  6. (Sens figuré) Rendre évaporé, d’esprit léger.
    • Tête éventée.
  7. Deviner, sentir par le vent.
    • Éventer la voie ; se dit d’un chien de chasse qui rencontre une voie si fraîche qu’il la sent sans mettre le nez à terre.
    • Heureusement pour les chasseurs, les Indiens étaient sur le sentier de la guerre et n’avaient pas de chiens avec eux, sans cela ils auraient été éventés depuis longtemps et n’auraient pu s’approcher ainsi du camp sans être découverts. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • La plupart du temps, les chasseurs faisaient buisson creux, les dénonciateurs ayant été mal informés ou le gibier ayant éventé les chiens et pris le large. — (Michel Peyramaure, La Passion cathare, tome 2 : Les Citadelles ardentes, Éditions Robert Laffont, 1978, chapitre 2)
  8. (Intransitif) Avoir le nez au vent.
    • Ce cheval évente.

Dérivés modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

Modifier la liste d’anagrammes

Références modifier