Français modifier

Étymologie modifier

(XIIe siècle) De l’ancien français annuus (« contrariant ») (1121) (« qui lasse ») (1155), du bas latin inodiosus, dérivé du latin classique odiosus (« désagréable, odieux »), de odium (« haine »)[1].
Synchroniquement, dérivé de ennui, avec le suffixe -eux.
→ voir ennuyer

Adjectif modifier

Singulier Pluriel
Masculin ennuyeux
\ɑ̃.nɥi.jø\
Féminin ennuyeuse
\ɑ̃.nɥi.jøz\
ennuyeuses
\ɑ̃.nɥi.jøz\

ennuyeux \ɑ̃.nɥi.jø\

  1. Qui cause de l’ennui, de la lassitude.
    • […] légère, étourdie, folle même, elle riait de tout, ne s’intéressait à rien ; confondait la tristesse avec l’humeur, et ne voyait dans une personne affligée qu’une personne ennuyeuse. — (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d’Ernestine, 1762, dans Œuvres complètes de Mme Riccoboni, t. 1, Foucault, 1818)
    • Que faire donc ? je ne fume jamais ; la fidélité matrimoniale est bien ennuyeuse ; dans une intrigue où le cœur n'est que chatouillé on ne vise qu'au dénoûment : la promenade est mon unique plaisir ; triste plaisir à vingt ans ! — (Évariste de Parny, « Lettre à Bertin, du Cap de Bonne-Espérance, octobre 1777 », dans le recueil Œuvres d'Évariste Parny, tome 1, Paris : chez Debray, impr. Didot l'aîné, 1808, page 219)
    • Le calme et la monotonie, jamais ennuyeuse cependant, de cette existence au grand air provoquaient en moi une sorte d’assoupissement intellectuel et moral très doux, un apaisement bienfaisant. — (Isabelle Eberhardt, Dans la dune, 1906)
    • […] je lui dictais sévèrement des choses ennuyeuses qu’elle tapait avec une application timide, toute frêle, toute mièvre dans sa robe de confection simili popeline. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 199)
    • Les garçons revenus du service militaire ont trouvé de plus en plus ennuyeuses les soirées du Causse enténébré et silencieux. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Ils ont ainsi émis la thèse selon laquelle la vie de l'homme préhistorique, pour bienheureuse qu'elle était, ainsi que nous l’a enseigné Rousseau, n'en était pas moins aussi ennuyeuse, à telle enseigne que cet homme d’autrefois fut naturellement amené à inventer un art pour se distraire. — (Bénédicte de Villiers, La pré-histoire chez Kant et Rousseau : Roman ou conjecture ?, dans Littérature et savoir(s), sous la direction de Sophie Klimis & Laurent van Eynde, Bruxelles : Publications des Facultés universitaires Saint Louis, 2002, page 102)
  2. Qui cause du souci.
    • J’ai un problème ennuyeux.

Notes modifier

  • Émile Littré[2], apparemment suivi ou repris par l’Académie française, l’Office québécois de la langue française[3] ou encore le journal français Le Figaro[4] prétendent que « ennuyant » réfère à un ennui passager alors que « ennuyeux » décrit une qualité inhérente. On peut douter que cette distinction soit faite dans l’usage étant donné les occurrences des deux termes chez les auteurs[5][6].

Synonymes modifier

Qui cause de la lassitude
Qui cause du souci

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Traductions modifier

Nom commun modifier

Singulier et pluriel
ennuyeux
\ɑ̃.nɥi.jø\

ennuyeux \ɑ̃.nɥi.jø\ masculin (pour une femme, on dit : ennuyeuse) singulier et pluriel identiques

  1. Celui ou ce qui est ennuyeux.
    • L’ennuyeux, c’est que je suis déjà pris à cette heure-là.
    • M. Leuwen père, l’un des associés de la célèbre maison Van Peters, Leuwen et compagnie, ne redoutait au monde que deux choses : les ennuyeux et l’air humide. — (Stendhal, Lucien Leuwen, 1834)
    • L’habit noir était défendu parce qu’on était entre « copains » et pour ne pas ressembler aux « ennuyeux » dont on se garait comme de la peste et qu’on n’invitait qu’aux grandes soirées, données le plus rarement possible et seulement si cela pouvait amuser le peintre ou faire connaître le musicien. — (Marcel Proust, Un amour de Swann, 1913, réédition Le Livre de Poche, pages 6-7)
    • Quand l’attelage d’un ennuyeux ou d’une ennuyeuse est repéré au fond de l’avenue, chacun s’égaille de son côté, jusqu’à ce que l’intrus ou l’intruse soit reparti après avoir déposé des cartes. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 321)

Traductions modifier

Prononciation modifier

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. « ennuyeux », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  2. « ennuyeux », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
  3. Office québécois de la langue française, Ennuyant et ennuyeux sur bdl.oqlf.gouv.qc.ca, Banque de dépannage linguistique. Consulté le 17 août 2021.
  4. C'est «ennuyant» ou «ennuyeux» ? Ne faites plus la faute ! sur lefigaro.fr, Le Figaro, 03 mai 2018. Consulté le 17 août 2021.
  5. Adrian, « Ennuyeux » et « ennuyant » : deux mots différents sur laculturegenerale.com, La culture générale, 11 novembre 2017. Consulté le 17 août 2021.
  6. Pierre Jaskarzec, Le mot juste, Flammarion, coll. « Librio Mémo », Paris, 2011, 107 pages ISBN 2290030112, p. 41.