Voir aussi : Fortune, Fortuné, fortuné

Français modifier

Étymologie modifier

Du latin fortuna, lui-même de fors, « sort, hasard ».

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
fortune fortunes
\fɔʁ.tyn\

fortune \fɔʁ.tyn\ féminin

  1. Hasard, chance.
    • La fortune des armes. J’en courrai la fortune. La mauvaise fortune le poursuit.
    • Au reste, ne cherchez point à vous sauver de ces lieux, vous le tenteriez sans succès, et vous feriez votre fortune plus mauvaise : commencez votre nouveau régime de vie par la patience. — (Marivaux, L’Île des esclaves, 1725)
    • Voici la fortune qui passe… Saisissez-la. Dans une heure il sera trop tard : le maréchal va partir pour un long voyage. — (Michel Zévaco, Le Capitan, chapitre VI, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
  2. (Par extension) Tout ce qui arrive ou peut arriver de bien ou de mal à quelqu’un.
    • Mais Renan avait été trop favorisé durant toute sa vie par la fortune, pour ne pas être optimiste ; il croyait donc que le mal se bornerait à l’obligation de traverser de mauvais jours, […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VII, La morale des producteurs, 1908, page 326)
    • Je partageai sa bonne et sa mauvaise fortune.
    • Nous ne pouvons prédire quelle sera la fortune de ce livre, de cet ouvrage. La fortune des états, des empires.
    • Cette doctrine a eu des fortunes très diverses.
  3. (Religion) Divinité païenne qui était censée distribuer, à son gré, le bonheur et le malheur.
    • Gardez-vous donc bien d’imiter le vulgaire, qui met la Fortune au nombre des dieux ; la bizarrerie de sa conduite l’éloigne entièrement du caractère de la divinité, […]. — (Épicure, Lettre à Ménécée, traduction par Jacques Georges Chauffepié (1840))
    • Je m’étonne que la Fortune ne soit point descendue de sa boule de verre devant ta porte ; il est vrai que cette guenippe, avec le mauvais goût ordinaire aux femmes, comble de ses faveurs un tas de freluquets et de béjaunes au détriment des gens de mérite. — (Théophile Gautier, Le capitaine Fracasse, 1863)
    • (Par extension) Hasards de la vie.
    • La fortune est aveugle, inconstante, capricieuse, changeante.
    • L’inconstance, le caprice, la bizarrerie, les revers, les rigueurs de la fortune.
    • La fortune distribue inégalement ses faveurs. Il est maltraité de la fortune.
    • La fortune lui sourit. La fortune lui a tourné le dos.
  4. Aléas de la vie qui apportent du bien.
    • Il s'agit pour l'auteur d'expliquer dans ces pages pourquoi il persiste à écrire « fortune » au lieu de « providence », ce qu'on lui avait pourtant vivement suggéré à Rome en 1581. À chacun, répond-il, son domaine et ses mots : aux « humanistes » le « dire humain », aux théologiens le « parler divin ». — (Alain Legros, Montaigne en quatre-vingt-jours, Albin Michel. 2022, page 156)
  5. Avancement, établissement dans les emplois, dans les honneurs, dans les biens.
    • […] ; la fortune doit être le prix du talent, et du talent seul; c’est à l'homme qui sent ce qu’il vaut de le proclamer, et, pour ma part, s’il y a lieu, j’en aurai le courage. Il me faut 30,000 livres de rente, je ne crois pas valoir moins que cela. — (Julie de Querangal, Philippe de Morvelle, Revue des Deux Mondes, t. 2,4, 1833)
  6. (Marine) Tempête. → voir fortune de mer et de fortune
  7. (Par extension) Péril en mer, aléa, et donc voile de réserve en cas de tempête : la « fortune carrée ».
    • La fortune est une voile carrée attachée sur une vergue qui se hisse, comme la voile de misaine des bâtiments carrés, à la tête et sur l'avant du mât de misaine — (Émile Littré)
    • La fortune, qui est une grande voile carrée souvent volante, n’est utilisée qu’au vent arrière. La fortune correspond à la misaine sur un phare carré.— (Carnet Maritime; Photographie et culture maritimes, « Typologie des gréements de grands voiliers », 2010)
  8. (Galanterie) Les faveurs d’une femme.
    • Il a eu beaucoup de bonnes fortunes. Un homme à bonnes fortunes.
    • Le patron du Grand-Henri jura qu’il serait discret comme la tombe et conduisit son hôte dans une mauvaise chambre sur laquelle s’ouvrait un méchant cabinet noir. “C’est pour le moins un prince en bonne fortune, songea-t-il. Monseigneur, ajouta-t-il tout haut, c’est ici la chambre des princes.” — (Michel Zévaco, Le Capitan, chapitre X, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
  9. Les biens, richesses, ressources pécuniaires.
    • Pendant que le colonel […] apprenait les éléments de la Banque en déployant l’activité, la prodigieuse intelligence des Provençaux, Dumay réalisa deux fortunes, car il revint avec un chargement de coton acheté à vil prix. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844 ; page 130 de l’édition Houssiaux de 1855)
    • Il est certaines situations dont bénéficient seuls les gens tarés. Ils fondent leur fortune là où des hommes mieux posés et plus influents n’auraient point osé risquer la leur. Certes, Roudier, Granoux et les autres, par leur position d’hommes riches et respectés, semblaient devoir être mille fois préférés à Pierre comme chefs actifs du parti conservateur. Mais aucun d’eux n’aurait consenti à faire de son salon un centre politique ; leurs convictions n’allaient pas jusqu’à se compromettre ouvertement ; en somme, ce n’étaient que des braillards, des commères de province, qui voulaient bien cancaner chez un voisin contre la République, du moment où le voisin endossait la responsabilité de leurs cancans. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, pages 95-96)
    • Appartenant à la grande confrérie des conteurs et chanteurs errants, ce troubadour marocain ne possède pour toute fortune qu'un âne famélique, un vieux haïk en lambeaux, une pipe et une blague à kif et un petit instrument primitif à deux cordes, un gimbri, attribut de son état. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 32)
    • Ah ! la bougresse ! Elle est maintenant entretenue par un banquier tchécoslovaque qui a réalisé une fortune colossale pendant la guerre dans les fournitures aux armées. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 180)
    • Être pauvre parmi les pauvres, c’est beaucoup moins dur qu’au contact de voisins étalant une débordante fortune. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • René Jean Le Mouton de Boisdeftre, héritier et perpétuateur d’une prestigieuse dynastie militaire du Pays d’Alençon ne semblait pas jouir d’une grande fortune. — (François-Joseph Ruggiu, Les élites et les villes moyennes en France et en Angleterre (XVIIe-XVIIIe siècle), L’Harmattan, 1997, page 123)

Dérivés modifier

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Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

Références modifier

Ancien français modifier

Étymologie modifier

Du latin fortuna, lui-même de fors, « sort, hasard » mais au sens de tempête.

Nom commun modifier

fortune *\fɔʁ.tyn\ féminin

  1. Richesse
  2. Fortune, destinée, sort.
    • Mère de Dieu, ai-je sujet de m'affliger? Certes, oui, puisque je me trouve dans un péril tel que je ne vois l'heure que je chavire en mer. Ah, Fortune! tu m'es si contraire que j'ai bien raison de te faire des reproches et de me plaindre amèrement de ce que tu m'as mis au haut de ta roue pour me jeter ensuite dans la fange; mais il y a pis, car je suis abandonnée sans pilote à la tourmente en pleine mer, qui court terriblement sur nous. — (Traduction de Francisque Michel, « Un Miracle de Notre-Dame ».)
  3. (Marine) Tempête, orage : → voir fortune de mer vent, accident ; hasard , chance ; épaves, trouvailles [sur terre, ou dans la terre et sur mer].[1]
    • Et quant vint au quart jor unt fortune grant le prit et rompit sa nave — (Dom Martin (1262) cité dans Archéologie navale, Augustin Jal, page 507)
    • Or advint que par la grâce de Dieu que fortune se leva en la mer, et uns orages et tempeste si horrible que Sarrazins furent moult esbahis... — (Mélusine pages 128.26-27)
    • Comment le Duc de Bourgoigne nomme Eude le vaillant eut si grosse fortune sur mer en allant au Saint Sépulcre, et là se rendit à Dieu et voua de faire une chapelle en sa maison au nom de Dieu, de sa glorieuse mère et de monsieur saint Jean l’Evangeliste, et incontinent la tempeste cessa et vint a bon port. — (Commission des antiquités du Departement de la Côte d’Or, Description de miniatures du duc Eudes III de Bourgogne pour la fondation de l’Hôpital de Dijon)

Références modifier

  1. Roquefort, Glossaire de la Langue romane.
  • Jan Fennis, Trésor du langage des galères: Dictionnaire exhaustif => Fortune, page 953.

Moyen français modifier

Étymologie modifier

Du latin fortuna, lui-même de fors, « sort, hasard ».

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
fortune fortunes
\fɔʁ.tyn\

fortune *\fɔʁ.tyn\ féminin

  1. Fortune, destinée, sort.
  2. Richesse
  3. (Marine) Tempête, orage. → voir fortune de mer
    • Vaisseau nagant par la mer sans fortune — (Champz royaulx faiz et composez à la louenge de la Vierge, tant en la ville de Rouen que en la ville de Dieppe, es puys royaulx tenus es dictes villes par aucuns notables)
    1. Calamité, surtout en mer : naufrage, incendie.
    2. (Par extension) danger, péril de périr en mer.
      • Ils eurent une dure fortune et tempête, et tellement, que tous les vaisseaux furent en très grand danger, péril, et aventure de mort, et […] de leurs gens, qu'ils tenaient perdus sur mer, ou que fortune de mer les eut boutés — (Jean Froissard, Les Chroniques)

Synonymes modifier

Anglais modifier

Étymologie modifier

Du latin fortuna.

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
fortune
\ˈfɔɹ.tʃən\
ou \ˈfɔː.tʃuːn\
fortunes
\ˈfɔɹ.tʃənz\
ou \ˈfɔː.tʃuːnz\

fortune \ˈfɔɹ.tʃən\ (États-Unis), \ˈfɔː.tʃuːn\ (Royaume-Uni)

  1. Fortune, destinée, sort.
  2. Richesse.

Dérivés modifier

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Prononciation modifier

Voir aussi modifier

  • fortune sur l’encyclopédie Wikipédia (en anglais)  

Italien modifier

Forme de nom commun modifier

Singulier Pluriel
fortuna
\fɔr.ˈtu.na\
fortune
\fɔr.ˈtu.ne\

fortune \fɔr.ˈtu.ne\ féminin

  1. Pluriel de fortuna.

Anagrammes modifier

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Portugais modifier

Forme de verbe modifier

Voir la conjugaison du verbe fortunar
Subjonctif Présent que eu fortune
que você/ele/ela fortune
Imparfait
Futur
Impératif Présent
(3e personne du singulier)
fortune

fortune \foɾ.ˈtu.nɨ\ (Lisbonne) \foɾ.ˈtu.ni\ (São Paulo)

  1. Première personne du singulier du présent du subjonctif de fortunar.
  2. Troisième personne du singulier du présent du subjonctif de fortunar.
  3. Troisième personne du singulier de l’impératif de fortunar.