Voir aussi : Mater, máteř, mâter

Français modifier

Étymologie modifier

(Nom commun) Du latin mater et de maternité par apocope.
(Verbe 1) (XIIe siècle)[1] Dénominal de mat[1].
(Verbe 2) (1897) Origine incertaine[1]. Peut-être[1] de l’expression du français d'Afrique du Nord faire la mata (« guetter »), apparentée à l’espagnol mata (« buisson (où l’on se cache) ») pour le sens argotique.
(Verbe 3) (1752)[1] De l’adjectif mat.

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
mater maters
\ma.tɛʁ\

mater \ma.tɛʁ\ féminin

  1. (Familier) Maternité (établissement).
  2. (Familier) Mère.
    • Du coup, à 18 ans, elle a trouvé sa vocation et l'annonce à sa mater, qui, après l'avoir entendue débiter un couplet, reconnaît son talent mais lui demande deux choses : poursuivre malgré tout ses études et se calmer sur la vulgarité. — (site www.mouv.fr, 28 août 2019)

Traductions modifier

Verbe 1 modifier

mater \ma.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Échecs) Mettre le roi en échec de telle sorte qu'il ne puisse plus y échapper, ce qui met fin à la partie, on dit alors échec et mat !
    • Je l’ai maté avec ma tour.
    • À cette époque, [le joueur d'échecs] Boy le Syracusain [Paolo Boï], qui courait le monde, battant les papes et les rois, arriva à Venise [...] ; ce grand Boy auquel le pape Paul III avait offert le chapeau de cardinal après avoir été glorieusement maté en plein Vatican. = Joseph Méry (1797-1866), "Le Joueur d'échecs" (1840).
  2. Venir à bout d'une difficulté, par exemple d'une révolte, abattre une résistance, dompter. → voir matefaim
    • Il a réussi à mater cette troupe indisciplinée.
    • Fini de faire le malin, ici, on va te mater !
    • Les pompiers ont maté l'incendie en une demi-heure.
    • Guerre nous est faite, bien réelle, par tous ceux qui s'enrôlent chez Daech pour mater, asservir la femme, réduire son corps à un réceptacle. — (Malika Boussouf, Opprimer, c'est sacré, Télérama, n° 3460, mai 2016)
    • Même elle a maté le virus, ses enfants, âgés entre 67 et 75 ans, continueront de respecter en tout temps les consignes sanitaires. — (Jean Houle, Elle vainc la COVID-19 à 104 ans, Le journal de Québec, 24 décembre 2020)
  3. (Vieilli) Mortifier, affaiblir.
    • Mater son corps, sa chair par des jeûnes, par des austérités.
  4. (Vieilli) Retenir, refouler, réfréner.
    • Mon imagination, à demi matée, pas du tout éteinte, trouvait là de quoi se laisser séduire. — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, pages 209-210)
    • Un filet de vert sombre s’harmonisait dans le tissu du pantalon à la rayure des chaussettes avec un raffinement qui décelait la vivacité d’un goût maté partout ailleurs et à qui cette seule concession avait été faite par tolérance, tandis qu’une tache rouge sur la cravate était imperceptible comme une liberté qu’on n’ose prendre. — (Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, Gallimard, 1919)
    • Il échangea son melon contre une casquette de lustrine noire, lança ses jambes du côté de l’Anglais, en murmurant : « Verzeihen Sie… », prit dans la poche de son ulster l’édition du matin des Dresdener Nachrichten et commença de lire en matant, d’une main sur la bouche, une éructation inopportune. — (Maurice Dekobra, La Madone des sleepings, 1925, réédition Le Livre de Poche, pages 117-118)

Dérivés modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

  •   mater figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : échecs.

Traductions modifier

Verbe 2 modifier

mater \ma.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Argot) ou (Populaire) Regarder attentivement.
    • Un vieux con, ce mec-là ; toujours à mater si vous lui fauchez pas un calendo ou un sauciflard. — (Brice Pelman, In vino veritas, Spécial Police n° 192, éditions Fleuve Noir, 1982, chapitre 1)
    • Personne ne nous dit de la boucler, pourtant – même pas la dame avec la coupe au bol qui n’arrête pas de nous mater. — (Cat Clarke, Revanche, traduit de l’anglais par Alexandra Maillard, éditions Robert Laffont, 2013, chapitre 32)
    • Dans l’obscurité de l'Anti-Monde, ils se mataient tous en train de s’entreguillotiner. — (Pierre Chauvris, L’énergie des esprits animaux, 2016)
  2. (Argot) ou (Populaire) Observer avec concupiscence ; faire le voyeur.
    • Cette fois, le barman pige :
      — Non, je crois pas, non ! Par contre, Nestor lui fournissait des copies, et je pense que le vieux se pignolait en les matant. A l'âge de la retraite, faut comprendre.
      — (Patrice Dard, San-Antinio : Contre X, Librairie Arthème Fayard, 2013)
    • UDC homosexuel est une oxymore et jamais, au grand jamais, un jeune UDC de sexe masculin du Val d’Hérens ne se permettrait de se graisser le salami en matant des films Marc Dorcel mettant en scène des femelles anandrynes tchèques qui jouent à se dépister mutuellement un cancer de l’ovaire […]. — (Fernand (proctologue de vallée), « C’est gay à l’UDC », le mardi 1er juin 2010, sur le site en ligne Sortez de ma chambre magazine (http:/www.lagreu.ch))
    • Pis faut dire qu’on avait pas le temps de mater autre chose que les bombes atomiques en bikini, dit Cédric avec un sourire coquin. — (Sandra Noël, Gigot bitume mortel, 2020, page 63)

Dérivés modifier

Traductions modifier

Verbe 3 modifier

mater \ma.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Rendre mat, diminuer l'éclat, matir est plus usité dans ce sens.
    1. (En particulier) Opération qui consiste à recouvrir les feuilles d'or destinée à rester mates d'un verni temporaire (en général de la colle de peau de lapin) avant le brunissage.
  2. Écraser, tasser une pièce de métal au marteau ou par compression.
    • Il faut mater soigneusement le rivet si tu ne veux pas avoir de fuite.

Dérivés modifier

Prononciation modifier

Verbe
  • France (Île-de-France) : écouter « mater [ma.te] »
Nom commun


Homophones modifier

Paronymes modifier

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

  • mater sur l’encyclopédie Wikipédia  

Références modifier

Ancien français modifier

Étymologie modifier

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Verbe modifier

mater \ma.ter\

  1. Vaincre, dompter.
    • Que nus ne puet l’autre grever
      Ne conquerre en camp ne mater
      — (L’âtre périlleux, anonyme, manuscrit 1433 français de la BnF)

Dérivés dans d’autres langues modifier

Références modifier

Latin modifier

Étymologie modifier

Le Dictionnaire étymologique latin[1] explique :
On explique ordinairement *pa-tar ou *pi-tar « père » comme le protecteur, d'une racine *pe- « protéger », et *ma-tar « mère » comme la créatrice, d'une racine *ma- « mettre au monde ». Mais ces explications ne sont pas absolument certaines : il est possible que la syllabe *tar ait été ajoutée après coup et par analogie à *pa et a *ma qui étaient les anciens termes désignant le père et la mère. Il s’est passé quelque chose de ce genre pour le nom de la sœur dans les langues germaniques (→ voir soror). Quoi qu'il en soit, il faut remarquer que dans *ma-tar le suffixe n'a rien qui marque spécialement le féminin, soit qu'on n'attachât point d'idée précise à cette syllabe, soit que la formation soit antérieure au genre grammatical. Matrona est formé comme patronus, matrimonium comme patrimonium : mais remarquez les nuances différentes prises par ces mots. Matertera « tante maternelle » a été expliqué comme une sorte de comparatif, la seconde mère ; mais peut-être est-ce un mot emprunté au grec populaire.
De l’indo-européen commun *méh₂tēr dont sont issus, outre les mots suscités, l’allemand Mutter, le russe мать mat’, le grec ancien μήτηρ mếtêr, le sanskrit मातृ mātr, l’anglais mother, l’ancien irlandais mathir, etc.
Du sens de « origine » dérive celui de materia.

Nom commun modifier

Cas Singulier Pluriel
Nominatif mater matrēs
Vocatif mater matrēs
Accusatif matrem matrēs
Génitif matris matrum
Datif matrī matribus
Ablatif matrĕ matribus

mater \Prononciation ?\ féminin 3e déclinaison, faux parisyllabique

  1. Mère.
  2. Nourrice.
  3. Mère (en parlant des animaux) femelle.
  4. Mère patrie.
  5. Métropole.
  6. Souche mère, tronc de l’arbre.
  7. Déesse-mère, titre d’honneur donné à certaines déesses.
  8. (Sens figuré) Mère (celle qui produit), cause, source, origine.

Dérivés modifier

  • bimater (« qui a deux mères »)
  • commater (« commère ; marraine »)
  • matercula (« petite mère, petite maman »)
  • materfamilias (« mère de famille »)
  • materia, materies (« matière ; matériau ; sujet ; bois de construction »)
  • maternus (« maternel »)
  • matertera (« tante maternelle »)
  • matrastra (« marâtre, belle-mère »)
  • matresco (« devenir semblable à sa mère »)
  • matricida (« celui ou celle qui a tué sa mère »)
  • matrimonium (« mariage ; femme mariée »)
  • matrimus (« qui a encore sa mère »)
  • matrix (« reproductrice, femelle ; sein, matrice ; source, origine »)
    • matricalis (« qui concerne la matrice, l'utérus »)
    • matricula (« matricule, rôle registre »)
      • matricularius (« celui qui tient un matricule ; pauvre inscrit sur un registre de la paroisse »)
  • matrona (« femme mariée, matrone, épouse »)
  • matruelis (« cousin germain maternel »)

Dérivés dans d’autres langues modifier

Références modifier

  1. Michel Bréal et Anatole Bailly, Dictionnaire étymologique latin, Hachette, Paris, 1885 → consulter cet ouvrage