tirer le diable par la queue

Français modifier

Étymologie modifier

Origine mystérieuse. L’expression est apparue au début du XVIIe siècle (attesté par Oudin en 1645). Selon Oudin, c’est alors « travailler dur pour gagner sa vie ». Selon Maurice Rat, ce serait solliciter l’assistance du diable. Pour d’autres, ce serait tirer le cordon de sa bourse, car on disait d’une bourse vide qu’elle contenait le diable. Un diable est un grand râteau que les paysans utilisaient pour racler le champ dans les périodes de disettes ou quand le seigneur leur prenait tout.
Une citation de ce siècle le donne en ce sens:
  • Mais, Monseigneur, voici la neuvième page que j'écris, j'ai tant tiré le Diable par la queue qu'enfin j'ai fait une lettre d'une assez bonne longueur. — (Vincent Voiture, « Lettre à Monseigneur d'Avaux », non datée (entre la prise de Dunkerque de 1646 & le 9 janvier 1647), dans Recueil des œuvres de monsieur de Voiture, édité par Étienne Martin de Pinchesne, tome 1, lettre n° 183, Paris : chez Chaude Robustel, 1729, p. 361)

Locution verbale modifier

tirer le diable par la queue \ti.ʁe lə djɑ.blə paʁ la kø\ (se conjugue → voir la conjugaison de tirer)

  1. Vivre dans la précarité et le dénuement ; ne pas parvenir à joindre les deux bouts.
    • On ne met généralement pas à la caisse d’épargne quand on tire le diable par la queue. — (Grandville, « Tirer le diable par la queue ne mène loin jeunes ni vieux », Cent proverbes, 1845)
    • Je n'ose laisser le lecteur sous cette pénible impression de détresse matérielle. […]. Mais on aurait tort de croire que nos orfèvres de la même époque fussent tous des indigents et tirassent le diable par la queue. Au contraire. — (Gérard Morisset, « L'orfèvre François Chambellan », dans le Bulletin des recherches historiques, vol. 51, n° 1-2 (janvier-février 1945), éd. A. Roy, p. 35)
    • Joseph se disait : Nous sommes le 27 du mois, et c'est un mois de trente et un jours; pendant quatre longs jours ils vont encore tirer le diable par la queue; demain, ils n'auront peut-être plus suffisamment pour les lentilles. — (Serge Bramly, Madame Satan, Grasset, 1992)
    • Entre nous, heureusement que maman vient de m'envoyer un chèque confortable. Je ne suis pas le seul colon à être aidé par sa famille, un des rares quand même, la plupart tirent le diable par la queue… J'en connais quelques-uns qui se sont installés, d'une façon aussi précaire que la mienne, avec une femme et plusieurs enfants ! — (Bernard Simiot, Rendez-vous à la Malouinière, Albin Michel, 1989)
    • A propos de con, à propos de cul... Venons-en au "SEX" ! Autrefois, on appelait ça le "café du pauvre", la partie de galipette. Même quand on tirait le diable par la queue, il y avait toujours un petit morceau de tarte aux poils ou de jambes en l'air à se mettre sous la dent. Ben au jour du jour d'aujourd'hui, aussi ça, y a même plus. — (Yan Lindingre, « L'Édito : Sea, Sex and Sun », dans Fluide glacial, n° 446 août 2013)


Variantes orthographiques modifier

Quasi-synonymes modifier

Vivre dans la précarité :

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Prononciation modifier

Traductions modifier

Voir aussi modifier

Références modifier