Étymologie

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(Date à préciser) Étymologie discutée :
  1. Dérivé de railler, avec le préfixe é- pour le sens de « devenir rauque » et « gratter ». Scheler[1] le tire du latin *eradulare, dérivé de eradere ;
  2. Il faut y voir[2] un composé de é-, et du latin rallum (« racloir »).
  3. De l’ancien français esraaillier les ielz[3] (« rouler les yeux en signe de colère ») variante[4] de esroeillier, dérivé de roeillier (« rouler »).

érailler \e.ʁɑ.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Déformer un tissu en relâchant les fils.
    • Pierre tint serrés les cordons de sa bourse ; il ne voulut pas entendre parler d’embellissements ; l’ancien mobilier, fané, usé, éclopé, dut servir sans être seulement réparé. Félicité, qui sentait vivement, d’ailleurs, les raisons de cette ladrerie, s’ingénia pour donner un nouveau lustre à toutes ces ruines ; elle recloua elle-même certains meubles plus endommagés que les autres ; elle reprisa le velours éraillé des fauteuils. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre II ; réédition 1879, pages 81-82)
    • Son pantalon à grand pont, éraillé aux boutonnières et bombé aux genoux, s’arrêtait à mi-jambe sur la tige d’une forte botte dont le cuir ne ployait pas — (Gustave Flaubert et Maxime Du Camp, Par les champs et les grèves (Voyage en Bretagne), 1886, réédition Le Livre de poche, 2012, page 180)
    • Érailler de la soie, du satin.
  2. Par extension, déformer une maçonnerie.
    • Les pierres s'éraillèrent, des gravats tombèrent. — (Jean, Harry Dickson, L'Étrange Lueur verte, 1932)
  3. Gratter, racler la surface d’un objet, d’une matière.
    • Cette couche permettra une fois la maquette en peinture, de gratter et érailler la peinture à certains endroit, faisant ainsi apparaître le « métal », donnant ainsi à notre modèle un aspect plus opérationnel, et moins avion de musée.
    • À un moment donné, il fallait récurer les toilettes au Vix ; semble-t-il qu’il faut maintenant utiliser un gel pour ne pas érailler la céramique.
    • Le navire penché par le vent filait vers l’Occident où s’éraillait encore une dernière bande rouge. — (Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, Plon, 1958 ; réédition Folio, 1974, page 270)
  4. Devenir rauque, en parlant de la voix.
    • Chaque fois qu'il venait au Palladium, il y restait une heure tandis que les orchestres et les chanteurs se succédaient sur l'estrade – adolescents de la banlieue ou jeunes employés du quartier. Et leur rêve était si fort, si violent leur désir d'échapper par la musique à ce qu'ils pressentaient de leur vie, que Bellune percevait souvent les stridences des guitares et les voix qui s'éraillaient comme des appels au secours. — (Patrick Modiano, Une jeunesse, Gallimard, collection Folio, 1981, pages 27-28)
    • L’un des consultants a poussé un hurlement, sa voix descendant dans le rauque jusqu’à s’érailler, se briser en une multitude de chuintements. — (ÉricPessan, Programme général Instin, remue.net)
  5. (Au passif) Renverser les yeux en arrière→ voir ectropion.
    • Avoir l’œil éraillé, avoir les yeux éraillés : Avoir naturellement des filets rouges dans l’œil ou avoir les paupières plus ou moins renversées en dehors.

Dérivés

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Traductions

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Prononciation

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Homophones

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Anagrammes

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Références

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  1. Jean Auguste Ulric SchelerDictionnaire d’étymologie française d’après les résultats de la science moderne, 1862
  2. « érailler », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
  3. « érailler », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  4. Frédéric GodefroyDictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage (esraaillier)