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Gilles Mairet (discussion | contributions)
Beurre de cacahouète
Gilles Mairet (discussion | contributions)
Beurre de cacahouète
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Imagines-tu que dans l'Allemagne des années 1920-1930, après la défaite de 1919 (la République de Weimar, avant la prise de pouvoir par les nazis), la population dans un état d'extrême pauvreté, une inflation de 1000 % par an (on payait un kilo de carottes plusieurs millions de marks), une société totalement désorganisée, des bandes armées communistes d'un côté, nazies de l'autre, terrorisant les populations citadines, on ait pu consommer du beurre de cacahouète ? Il était déjà difficile de s'y procurer des navets !
 
Sais-tu que le "beurre de cacahouète" demeure ici un produit complètement inconnu de la majorité de la population, très peu consommé et qu'on ne trouve que dans les grands supermarchés ou dans les hypermarchés au rayon des produits exotiques (et c'est pareil dans le reste de l'Europe - ille est impossiblebeurre de trouvercacahouète duest beurre de cacahouèteintrouvable en Tchéquie, en Pologne ou même en Espagne ou en Italie ; en France, on n'en trouve guère qu'à Paris - habitant Paris, je n'en consomme pas, bien qu'ayant été trois fois aux E.U. et trois fois au Québec : je ne trouve pas cela vraiment bon et beaucoup trop calorique - ce qui justifie son importation massive par les Américains après la Seconde Guerre mondiale. Une mienne amie a immigré au Québec, elle est maintenant cadre chez Desjardins. Son fils a passé ses années de 6 ans à 20 ans à Montréal ou il a fait ses études jusqu'à l'Université McGuill ; il retournait chaque année en vacances chez ses grands parents à Bordeaux, en France ; à l'âge de vingt-deux ans, il a décidé de revenir définitivement en France, car, dit-il, la vie y est beaucoup plus agréable et, en particulier, la nourriture infiniment meilleure).<br>
 
Dans mon enfance, dans les années 1950, il n'y avait ni réfrigérateur, ni machine à laver, ni téléphone, ni télévision - qui n'est apparue chez mes parents qu'en 1968, j'avais 22 ans, - mais il y avait une radio. Dans les années 1960, l'Europe est sortie des ruines de la guerre ; la France a retrouvé en 1962 (1962 !) son niveau de production de 1913 (juste avant deux Guerres mondiales). Le niveau de vie a été multiplié par 5 ou 10 en quelques années : c'est ce qu'on appelle en France les ''Trente Glorieuses'' : trente années de croissance extraordinaire entre 1950 et 1980 - comme en Chine dans les années récentes - (mais cela a été la même chose en Allemagne, en Italie, en Grande Bretagne, dans le Benelux - Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, etc.)<br>
 
À cette époque, en allant à l'école, je voyais une carriole à cheval livrer le lait à la crémerie ; mais notre quartier comportait six salles de cinéma à moins d'un quart d'heure à pied. Tu penses sans doute que nous devions être très malheureux dans un pareil univers. Pas du tout : je garde de mon enfance un tendre souvenir. Nous n'étions pas malheureux de ne pas avoir de réfrigérateur ou de télévision puisque personne n'en n'avait et nous savions à peine que cela existait (à l'époque, c'était d'ailleurs très primitif). Mais les liens familiaux, les liens de voisinage, tous les liens entre personnes étaient pleins d'une chaleur qui a totalement disparue. J'ai bien sûr une automobile, une machine à laver, un réfrigérateur, un four à micro-ondes ; quand ma télévision est tombée en panne, il y a une dizaine d'années, je ne l'ai pas renouvelée et je m'en passe très bien ; j'ai un téléphone intelligent dont je ne sers pas beaucoup et un ordinateur auquel je consacre presque tout mon temps. Les Européens de l'Ouest ont un niveau de vie équivalant à celui des Canadiens ou des Américains ; ce n'est pas le cas pour les anciens pays de l'Est (Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie, etc.) qui ont un niveau de vie environ deux fois plus bas (mais ces pays espèrent -  par leur intégration dans l'Union européenne - rattraper rapidement ce retard et le budget commun de l'Union européenne consacre des sommes considérables à l'équipement de ces pays déshérités en équipements tels qu'autoroutes, ports, zones industrielles, etc.).<br>
 
L'Europe, c'est tout petit : sur un territoire grand comme environ trois fois le Québec, il y a 510 millions d'habitants, bien plus qu'aux États-Unis et pas si loin que cela de l'Inde. C'est, tout de même, et de loin, le premier importateur et le premier exportateur mondial en valeur, avant la Chine (les normes européennes sur les produits s'imposent ''de facto'' comme des normes mondiales). La concentration des habitants a des avantages et des inconvénients. Tu dois penser qu'il y a des villes partout. Faux : en France, il y a de grandes zones naturelles (à l'échelle européenne évidemment), comme le Massif central, à 500400 km de Paris, traversé par une autoroute dont le paysage est somptueux, j'en ai chaque fois le souffle coupé ; le massif des Alpes avec les plus grandes stations de ski du monde et un très grand sommet, le Mont Blanc, à près de {{formatnum:5000}} mètres d'altitude, plus haut que toute montagne de l'Amérique du Nord ; sur la côte sur l'Atlantique, à 600 km de Paris, des plages où se disputent des compétitions internationales de surf ; la côte sur la Méditerranée, à 800 km de Paris, nous rapproche du Moyen-Orient. Londres est à deux heures de Paris en train, Bruxelles, en Belgique, capitale de l'Europe, à trois quarts d'heure. Ceci dit, les différences de langue, de culture, font que les Européens (les Français tout au moins - il y a ici des forêts, des canyons, de petits déserts, des zones de prairies, de grandes montagnes, de grandes plages, des châteaux et des villes historiques, tout cela dans un rayon de quelques centaines de kilomètres) quittent peu leur propre pays ; je ne suis allé que deux fois à Londres et une fois à Bruxelles. Je suis allé deux fois, brièvement, en Allemagne, mais c'est assez difficile car je parle mal l'allemand ; je suis aussi allé en Suisse (qui n'est pas dans l'Union Européenne), c'est à trois heures de route de Paris, mais tellement différenddifférent qu'on se sent vraiment à l'étranger ; je connais aussi la Pologne, que j'ai visitée en 1979, avant la chute du mur de Berlin - c'était encore un pays communiste sous l'emprise de L'URSS : j'y ai visité Varsovie, la capitale, somptueuse ville historique, totalement détruite par les bombardements nazis en 1939 et magnifiquement reconstruite à l'identique et le camp d'extermination d'Auschwitz ; je suis allé en Castille, au sud de l'Espagne ; à Rome et à Venise ; au Cap Nord, au delà du cercle Arctique, en Norvège ; je connais aussi le Danemark, Prague en Tchéquie, Istanbul en Turquie.<br>
 
La métropole de Paris est plus grande agglomération d'Europe avant Londres, avec presque 13 millions d'habitants. Quand on parle de Paris, il s'agit de la ville historique assez petite (10 km sur 12), mais très dense, qui compte {{formatnum:2500000}} habitants. La ''métropole'' comporte toutes les ''banlieues'' qui s'étendent sur 100 km de l'est à l'ouest et 80 km du nord au sud (banlieue n'ayant pas le même sens qu'en Amérique du Nord : ce sont des zones urbaines aussi denses que le centre de Montréal ou de Québec). J'habite le ''Paris historique'' (dans un quartier périphérique qui n'a pas, en lui même, grand intérêt, mais je suis à quinze minutes de la Tour Eiffel ou de Notre-Dame). Le problème est que, vu la densité de l'habitat, il faut entre une et trois heures de voiture pour aller n'importe où hors de son quartier (c'est généralement plus rapide en métro ou en train). Mais c'est assez peu gênant : je me rends rarement très loin de chez moi (c'est-à-dire à plus de 500 mètres ou un kilomètre) : il y a un grand supermarché, huit cinémas (Paris est la ville du monde avec le plus grand nombre de cinémas : plus de 400 salles) et tous les commerces possibles à moins de 150 mètres de mon domicile, j'y vais donc, comme tout le monde ici, à pied ; éventuellement, je prends le bus pour aller un peu plus loin et c'est très rapide.<br>
 
Lors du vote sur le ''Brexit'', les Britanniques ont voté pour sortir de l'Europe. Pour tout dire, cela n'émeut pas tellement les citoyens de l'UE (Union Européenne, 28 pays) : les Britanniques ont toujours été des emmerdeurs, des empêcheurs de danser en rond et des freins à tout progrès de l'Union. Leur participation a toujours été fondée sur des considérations minablement comptables (''I want my money back'' - « je veux qu'on me rende mon argent » a dit Margareth Thatcher le 30 novembre 1979 à propos de la contribution de la Grande Bretagne au budget de l'UE ; elle était fille d'un épicier, ce qui justifie son propos). Ce faisant, les Britanniques quittent, pour des raisons de boutiquier, un projet unique, inouï et magnifique : unir dans la paix, pour la première fois de leur histoire presque bi-millénaire, tous les pays de l'Europe, au-delà de leurs langues, de leurs cultures, de leurs antagonismes qui ont produit deux Guerres mondiales. Ils veulent que cette union se fasse selon les principes élaborés au XVIII<sup>e</sup> par les philosophes des Lumières, selon les principes de la Démocratie britannique et de la Révolution française : « Égalité des Humains, Liberté totale d'expression, Démocratie élective », bref tous les principes énumérés dans un texte écrit dans la langue magnifique du XVIII<sup>e</sup> siècle : ''Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen'' (1789).<br>