Français modifier

Étymologie modifier

(1155) De l’ancien français escorcier, lui-même du bas latin excorticare, de cortex, « enveloppe, écorce ».

Verbe modifier

écorcher \e.kɔʁ.ʃe\ transitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Vieilli) Dépouiller un animal de sa peau.
    • Son fripon de cuisinier n’est pas pour rien l’élève d’un Français ; il écorche un chat et le sert en guise de lièvre. — (Nicolas Gogol, « Les Âmes mortes », 1842, traduction de Henri Mongault, 1949)
  2. Supplicier certains condamnés en leur arrachant la peau en tout ou partie.
    • Écorcher vif.
    • — Je veux mourir en paix, lui dit-il. Et si tu es prise une fois, une seule fois encore à rôder autour de ma tente, Mezror t’écorchera au fouet. — (Joseph Kessel, Les Cavaliers, Gallimard, 1967)
  3. Déchirer, enlever une partie de la peau d’une personne, d’un animal, ou de l’écorce d’un arbre.
    • À l’endroit d’où elle était venue, il y avait une sorte de tunnel si bas qu’Ouroz, pour le passer, dut se coucher sur l’encolure de Jehol, et si étroit que l’étalon écorcha ses épaules. — (Joseph Kessel, Les Cavaliers, Gallimard, 1967)
    • Je suis tombée sur une pierre. De tout mon poids, j'ai mis une main devant moi mais trop tard. Mes genoux sont écorchés. J'ai un œil bleu. Mathieu s'en amuse. Il m'appelle la "femme battue". — (Amanda Sthers, Rompre le Charme, 2012, édition Stock, Le Livre de Poche, 2012, page 106)
    • Il se souvenait du silence, du ciel couleur d'étain, des cristaux de givre qui lui écorchaient le nez, les joues ; de cette gadoue, neige et boue qui le faisait trébucher. — (Irène Chauvy, L'affaire des glacières: Roman policier historique, Plombières-les-Bains : Éditions Ex-Aequo, 2017, chapitre 21)
    • (Sens figuré)Ce soc est fort petit, et le coutre qui ne fait qu’écorcher la terre , pour ainsi dire ; à mesure que les sillons sont tirés, les laboureurs rompent les mottes avec de grosses maillottes de bois, […]. — (Jean Chardin, Voyages du chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l'Orient, 1686, édition conférée par Louis Mathieu Langlès, Paris, Le Normant, 1811, page 101)
    • Ça marcha d’abord, bien que l’âne s’écorchât contre le plâtre. — (Émile Zola, La Terre, quatrième partie, chapitre IV)
  4. (Par analogie) Être rude au palais, à la gorge, en parlant d’un aliment, d’une boisson.
    • Le pain de son, le pain dur écorche le gosier.
    • Ce vin est si âpre, qu’il écorche le palais.
  5. (Par analogie) Être rude à l’oreille, en parlant de paroles, de sons, entendus.
    • Un jargon barbare qui écorche les oreilles.
    • Une voix, une musique qui écorche les oreilles.
    • Ses leçons de musique du couvent ne lui servaient plus qu’à écorcher les couplets de bouffonneries nouvelles. — (Émile Zola, La Curée, 1871)
  6. Parler mal, prononcer mal les mots, être loin de maîtriser une langue, la rudoyer.
    • Écorcher une langue.
    • Écorcher un mot, le nom de quelqu’un.
    • Car mon mari [...], voyant entrer dans notre chambre un gentilhomme gênois, lequel écorchait un peu le français, lui demanda : "Monsieur, vous plaît-il quelque chose ?" — (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854)
  7. (Sculpture) Rectifier l’épaisseur d’une ébauche avant de préparer le moule de fonderie.
  8. (Sens figuré) (Familier) Exiger beaucoup plus de quelqu’un qu’il n’est équitable ou raisonnable pour des droits, des salaires, des vacations, pour des marchandises, des fournitures.
    • Cet homme d’affaires écorchait ses clients.
    • Ce marchand est raisonnable, il n’écorche pas ses pratiques.
    • Je leur conseille vivement de ne pas se loger à l'Hôtel de Florence, car c'est le premier de l'Amérique où, jusqu'ici, j’aie été écorché…, comme si j'avais été un castor ou une loutre. — (Léon de Tinseau, Du Havre à Marseille par l'Amérique et le Japon, Paris : Calmann-Lévy, 1891)
    • Ce n’était pas la première fois qu’elle se voyait ainsi écorchée ; bien souvent elle l’avait été plus durement encore dans leur long voyage, et elle finissait par croire que c’est la loi de nature pour ceux qui ont, au détriment de ceux qui n’ont pas. — (Hector Malot, En famille, 1893)
    • Mais enfin, allez goûter à Rivebelle si cela vous amuse d'être écorché et de jeter l'argent par les fenêtres. — (Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe, Gallimard, 1921-1922)
    • – Pourquoi pas chez nous ? Nous venons d’acheter une maison et nous sommes dit qu’en prenant un locataire nous sortirions plus vite d’hypothèque. On ne vous écorchera pas. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 263)
  9. (Sens figuré) Tenir des propos malveillants à l’égard de quelqu’un.
    • Écorcher son prochain.
    • Même s’il n’a pas cru le plaignant et que Salvail a été blanchi de toutes accusations, l’ex-animateur, qui disait ne pas être le genre de personne qui agresse le monde, a lui aussi été solidement écorché par le magistrat. — (Michaël Nguyen, Éric Salvail acquitté à son tour, Le Journal de Montréal, 19 décembre 2020)

Dérivés modifier

Proverbes et phrases toutes faites modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

Références modifier