Français modifier

Étymologie modifier

Du nom des États-Unis, désignant les États-Unis d’Amérique ou les États-Unis mexicains. Le mot états-unien est attesté en 1926[1], États-Unien l’est depuis au moins 1910[2]. Le mot étatsunien est attesté en 1937[3], étasunien en 1942[4] et étazunien en 1946[5].
À partir des années 1990, les termes états-unien, étatsunien ou étasunien sont utilisés épisodiquement par des publications telles que Le Monde ou Courrier international.
En Amérique du Nord, le terme états-unien est attesté dès 1934. Il apparaît fréquemment dans une soixantaine d’articles de la revue québécoise de L’Action Nationale entre 1934 et 1945, archivée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec ; le premier article s’intitule « La Radio » et est signé Arthur Laurendeau[6]. Selon Jacques Desrosiers du Bureau de la Traduction du Canada[7], le terme semble être connu des Franco-Américains depuis au moins 1942, puisque Marine Leland, spécialiste des études canadiennes-françaises née aux États-Unis, a utilisé ce terme dans l’article « La Vie intellectuelle au Canada français », French Review, volume 15, no 5 (mars 1942).
Le terme états-unien pourrait en théorie être aussi utilisé pour désigner les habitants des Estados Unidos Mexicanos (le Mexique) ou d'autres pays fédéraux, mais on ne dispose pas d’exemples d’une telle utilisation.

Adjectif modifier

Singulier Pluriel
Masculin états-unien
\e.ta.z‿y.njɛ̃\
états-uniens
\e.ta.z‿y.njɛ̃\
Féminin états-unienne
\e.ta.z‿y.njɛn\
états-uniennes
\e.ta.z‿y.njɛn\

états-unien \e.ta.z‿y.njɛ̃\

  1. (Rare) Relatif aux États-Unis d’Amérique.
    • Une étude sur la classification et les manifestations de la croissance dans le réseau urbain états-unien. — (Jacqueline Beaujeu-Garnier, « Le système urbain aux États-Unis : Edgar S. Dunn, J.R., The Development of the U.S. Urban System, volume 1 : Concept, structure, regional shifts », Annales de Géographie, volume 92, numéro 512, 1983, page 503)
    • Comme les bandes dessinées franco-belges et les comics états-uniens, le manga possède des caractéristiques qui lui sont propres. — (France Mutuelle Magazine, n° 178, octobre-novembre-décembre 2023, page 38)
    • Pourtant, des chercheurs états-uniens de l’université de Californie à Los Angeles […] — (Futura-Sciences, « Le fer de la viande rouge pourrait-il favoriser la maladie d’Alzheimer ? », 28 août 2013, en ligne)
    • En 1880, [Sitting Bull] refusa de se rendre à une délégation états-unienne venue au Canada. — (Edmond Baudoin, Les Enfants de Sitting Bull, 2013, éditions Gallimard, collection « Bayou », page 28)
    • À l’intérieur d’une usine états-unienne de pressage de vinyles – les patrons ont souhaité que je ne divulgue pas l’adresse – des dizaines de machines hydrauliques tournent jour et nuit dans un fracas de métal. — (Kyle Devine, Pollution. La face cachée du vinyle, Le Courrier internationale, 24 février 2020)

Variantes orthographiques modifier

Synonymes modifier

Notes modifier

Au Canada français, le mot semble connaître un essor particulier à partir de l’an 2000. Une étude effectuée par François Lavallée, traducteur agréé et chargé de cours à l’Université Laval, montre que sa fréquence annuelle dans le journal québécois Le Devoir est restée inférieure à 20 tout au long des années 1990 pour se mettre à grimper radicalement au tournant du siècle et friser la centaine – ayant donc quintuplé – en 2003. L’usage demeure marginal, mais il semble y avoir un mouvement.
Selon Jacques Desrosiers du Bureau de la traduction du gouvernement canadien et André Racicot, l’usage et la promotion du mot est à tendance péjorative : Jacques Desrosiers, « Nos voisins les « États-Uniens » » (ArchiveWikiwixQue faire ?), Volume 4/4, L’Actualité langagière, Décembre 2007 sur www.btb.gc.ca. Consulté le 25 mai 2010, brisé le juin 2014. « De plus, s’il y a un brin d’anti-américanisme dans la promotion d’états-unien, forcément il sera lui aussi péjoratif. C’est comme si on remettait chaque fois sous le nez des Américains la carte du continent. ».
Cette tendance pourrait être attribuée au besoin des francophones d’Amérique de se distinguer de leurs voisins du Sud, habitants des États-Unis. En effet, au sens continental, les Canadiens et les Québécois sont bien des « Américains ». À noter d’ailleurs que le mot Amérique n’est jamais utilisé au Québec pour désigner les États-Unis : on dira « les États-Unis » ou encore « les États ».
La plupart des pays d’Europe ne semblent pas sentir ce besoin de distinguer entre américain au sens national (ici états-unien) et américain au sens continental. Notons toutefois que le mot statunitense, équivalent morphologique d’états-unien, est utilisé en Italie, bien que le terme americano soit très courant. L’expression US-amerikanisch est connue en Allemagne, mais peu usitée.
En espagnol, toutefois, le mot americano est surtout utilisé au sens continental, et ce, des deux côtés de l’Atlantique. Au sens national, le mot estadounidense est encore courant, outre le vocable gringo (qui n’a pas nécessairement un sens péjoratif) dans la langue populaire. Le mot norteamericano est cependant plus usitée en Espagne.
À noter que certains habitants des États-Unis ont eux-mêmes cherché à se désigner par un terme plus spécifique qu’American. The Free Dictionary et Wiktionary, the free dictionary [1] consignent des dizaines de solutions (ex. : United Statesian [2], "United Statian" [3], "US-ian" [4], "Usanian" [5], "Usonan" [6], Americanite, Columbard), mais elles demeurent très marginales. L’architecte Frank Lloyd Wright parlait volontiers de la usonian architecture. Il se rencontre également parmi les locuteurs et écrivains anglophones "US-American" [7] ou "U.S. American" [8] ou "US American" [9].
En français, le terme demeure d’un usage minoritaire. Sur un plan officiel, « Américain » est le seul terme indiqué dans le code de rédaction interinstitutionnel de l’Union européenne[8] ainsi que dans la Liste annexée à l’arrêté français du 4 novembre 1993, qui contient les recommandations de la France pour ses fonctionnaires sur l’usage des gentilés.
De plus, le terme « états-unien » n’a pas d’équivalent reconnu en langue anglaise, si ce n’est usonian déjà cité, qui n’est guère usité sauf pour parler d’une architecture états-unienne « à la Frank Lloyd Wright ». Il est, par ailleurs, majoritairement employé dans un contexte critique à l’égard des États-Unis (Viviane Serfaty, « La persuasion à l’heure d’internet. Quelques aspects de la cyberpropagande », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n°. 80, octobre-décembre 2003, Presses de Sciences-Po). Jacques Desrosiers, dans un article publié par le Bureau de Traduction du Canada, note que « le mot est marqué à gauche sur l’échiquier politique » au Canada et qu’il a peu de chances d’y passer réellement dans l’usage courant : « Pensons à tout ce qu’il faudrait rebaptiser. Ne dites pas : la guerre américano-mexicaine, dites : la guerre mexicano-états-unienne. Ne dites pas : la révolution américaine, les relations canado-américaines, le vin américain, etc. Dites : l’armée états-unienne, les Noirs états-uniens, Je me suis acheté une voiture états-unienne. Et n’oublions pas les cinquante États états-uniens. Nul ne contestera que la logique plaide pour états-unien. Mais en face il y a l’histoire, l’usage, la langue, l’euphonie, les habitudes. […] De plus, s’il y a un brin d’anti-américanisme dans la promotion d’états-unien, forcément il sera lui aussi péjoratif. C’est comme si on remettait chaque fois sous le nez des Américains la carte du continent. » (« Nos Voisins les « États-Uniens ? », L’Actualité langagière, décembre 2007).

Traductions modifier

Prononciation modifier

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. La Revue musicale, n°7-11, page 299, 1926. « Parmi les quelques jeunes compositeurs « états-uniens » (pour employer l’utile néologisme mis à la mode par le Navire d’argent, ». Voir Adrienne Monnier, Le Navire d’argent, juin 1925-mai 1926.
  2. La Revue du mois, volume 10, page 56, 1910. « A la différence des États-Uniens et des Canadiens, les latins du Mexique, du Pérou, du Chili, de l’Argentine et du Brésil ne sont point — ou à peine — affligés du préjugé de couleur ; […] »
  3. Revue de Paris, volume 44, page 75, 1937. « Nous qui devons lutter sans cesse pour rester Français, heurtés que nous sommes par l’impérialisme britannique et nos réalités spirituelles continuellement sous la menace du matérialisme étatsunien ; »
  4. L’Actualité économique, 18e année, volume 2, page 187, HEC, SCSE, 1942. « Il ne faudrait évidemment pas chercher ici une biographie détaillée, une analyse complète de l’œuvre du seul président étasunien à être réélu pour un troisième terme. »
  5. Les Temps modernes, n° 7-12, page 363, 1946. « […] plus connu aux États-Unis qu’un certain Faulkner, par exemple (le type même, pour un étazunien, de la vieille barbe). »
  6. L’Action Nationale, octobre 1934, p. 128.
  7. « http://www.btb.gc.ca/btb.php?lang=fra&cont=906 » (ArchiveWikiwixQue faire ?), Volume 4/4, L’Actualité langagière, décembre 2007. Consulté le 25 mai 2010, brisé le juin 2014
  8. Code de rédaction interinstitutionnel - Liste des États au 19 novembre 2007 dont l’application est « obligatoire pour tout intervenant dans l’élaboration de tout type de document (papier ou électronique) au sein des institutions, organes et services de l’Union européenne », voir Bienvenue au Code! - portail de l’Union européenne.