Voir aussi : argüer, arguër

Français modifier

Étymologie modifier

(1,2) (XIe siècle) Du latin arguere (« prouver »).
(3) Du nom commun argue, probablement emprunté à l'italien argano (treuil), issu du latin moderne arganum, dérivé d'organum (outil, instrument).

Verbe 1 modifier

arguer \aʁ.ɡɥe\, \aʁ.ɡe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (orthographe traditionnelle)

  1. Tirer une conséquence d’un fait, d’un principe.
  2. (Droit) Établir avec évidence.
    • Arguer un acte de faux.
  3. (Droit) Accuser.
    • Des hommes moins détachés qu’eux de tout amour-propre auraient triomphé le jour où le maître de ces brillants paradoxes, Lamennais, qui les avait presque argués d’hérésie et de froideur pour le saint-siège, devint lui-même hérétique et se mit à traiter l’Église de Rome de tombeau des âmes et de mère d’erreurs. — (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, réédition Folio, page 126)
    • Arguer une pièce de faux.
  4. Affirmer, dans le contexte d’un argument.
    • Un peu déçue la comtesse argua timidement :
      – Mais alors ?
      — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
    • Par les saintes icônes, par les mânes de la grande Catherine, par la main que j'ai offerte en holocauste à ma patrie bien-aimée, vous ne pouvez pas arguer, monsieur, que vous n'étiez pas informé de mon arrivée. — (Pierre Benoit, Le Soleil de minuit, Albin Michel, 1930, réédition Le Livre de Poche, page 126)
    • Jef Last dut arguer que ce petit divertissement servait à lui reposer les méninges. — (André Gide, Retour de l’U.R.S.S., 1936)
    • À l’instar des opposants au port du masque qui scandent « liberté », les récalcitrants à la loi 21 clament le même refrain en arguant une atteinte à leur identité. — (Réjean Parent, Loi 21 : plus que spectateurs ?, Le Journal de Montréal, 4 novembre 2020)
Notes modifier

Le u se prononce, car il fait partie intégrante du radical, comme dans le cas des verbes huer, tuer. Il fait partie de la série argument, argutie où le u se prononce. Cependant, comme ce n’est pas un mot très courant, on entend assez fréquemment \aʁ.ɡe\.

En 1975, l’Académie française propose de placer le tréma sur les voyelles a, i, u, « dont il commande la prononciation » : aigüe, ambigüe, ambigüité, cigüe, exigüe, argüer, gageüre, mangeüre, vergeüre.

En 1987, estimant que ses propositions n’avaient pas été suivies, l’Académie est revenue sur sa décision. Les rectifications orthographiques de 1990 ont réintroduit le tréma sur le u pour préciser sans ambigüité que ce u est prononcé seul : argüer.

Variantes orthographiques modifier

Verbe 2 modifier

arguer \aʁ.ɡɥe\ intransitif

  1. Prétexter, tirer argument d’une chose.
    • L’expérience nous a toujours montré jusqu’ici que nos révolutionnaires arguent de la raison d’État, dès qu’ils sont parvenus au pouvoir, […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chap. III, Les préjugés contre la violence, 1908, page 145)
    • L’homme argue de son droit avec une suffisance presque impertinente, une humilité feinte qui voile une ironie bien claire : […]. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Traductions modifier

Traductions à trier modifier

Verbe 3 modifier

arguer \aʁ.ɡe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Art, Histoire) Filer l’or ou l’argent avec l’argue.

Prononciation modifier



Homophones modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier