Français modifier

Étymologie modifier

Contraction de « bec » et « jaune ».

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
béjaune béjaunes
\be.ʒon\

béjaune \be.ʒon\ masculin

  1. (Fauconnerie) Oiseau jeune, qui a encore sur le bec une petite peau jaune et qui n’est pas dressé.
  2. (Masculin ou féminin) (Sens figuré) Jeune personne sotte et niaise.
    • Vers ce temps-là Bonaparte semblerait avoir été tenté de se tuer. Mille béjaunes sont obsédés de l’idée du suicide, qu’ils pensent être la preuve de leur supériorité. — (François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, tome III, livre I, Garnier, 1910 (1850 pour la 1re édition), page 87)
    • Je m’étonne que la Fortune ne soit point descendue de sa boule de verre devant ta porte ; il est vrai que cette guenippe, avec le mauvais goût ordinaire aux femmes, comble de ses faveurs un tas de freluquets et de béjaunes au détriment des gens de mérite. — (Théophile Gautier, Le capitaine Fracasse, 1863)
    • On avait beaucoup exagéré les dissipations dans l’étuve ; Cyprien n’était qu’un béjaune qui s’était laissé enjôler par une trop belle fille ; le médecin était irréprochable. — (Marguerite Yourcenar, L'Œuvre au noir, Troisième partie « La prison », chapitre « L’acte d’accusation », Gallimard, Paris, 1968, page 302)
    • Elle savait, elle avait toujours su, elle s’était offert le béjaune que j’étais, avant de se lier. — (François Mauriac, Un adolescent d’autrefois, Flammarion, 1969, page 246)
    • De quelle engeance es-tu donc né,
      béjaune, pour couper ma sente,
      et m’accrocher sans crier gare ?
      — (Elias Lönnrot, Le Kalevala, Chant 3 — Traduction de Gabriel Rebourcet)
    • Ce n’est qu’un béjaune, mais je le chéris comme un frère. Sa mort me ferait grand peine. — (George R. R. Martin, Le trône de fer, 1996 - traduit par Jean Sola, 1998)
  3. (Par extension) Bêtise, fait d’être sot.
    • Mais je suis sûr qu’au fond de l’âme il espérait bien que son gentleman à lui allait faire voir à l’autre gentleman son béjaune, et ne tarderait pas à le renvoyer tout penaud. — (Charles Dickens, Le Magasin d’antiquités traduction Des Essarts, 1876)
  4. (Histoire) Au Moyen Âge, étudiants novices nouvellement arrivés à l’université de Paris. Les jeunes gens, nouvellement arrivés dans l’université de Paris, formaient une confrérie particulière et avaient pour chef l’Abbé des Béjaunes. Le jour des Innocents, cet abbé, monté sur un âne, conduisait sa confrérie par toute la ville. Le soir, il réunissait tous les béjaunes et les aspergeait avec des seaux d’eau. C’était ce qu’on appelait le baptême des béjaunes. On forçait aussi les nouveaux étudiants à payer une bienvenue aux anciens ; on nommait cette taxe droit de béjaune. Un décret de l’Université abolit cet usage, en 1342, et il fut défendu d’exiger le droit de béjaune, sous peine de punition corporelle.
    • Tantôt c’était un béjaune (on appelait ainsi les nouveaux débarqués à l’Université) qu’il avait houspillé pour sa bienvenue. — (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831)
  5. (Vieilli) Clerc qui entre dans une des basoches.

Dérivés modifier

Traductions modifier

Adjectif modifier

Singulier Pluriel
béjaune béjaunes
\be.ʒon\

béjaune \be.ʒon\ masculin et féminin identiques

  1. Niais.
    • J’avais été beaucoup plus rarement bombardé du haut des airs, et je me trouvai, devant ce danger-là, presque aussi béjaune que mes conscrits. — (Marc Bloch, L’étrange défaite : La déposition d’un vaincu, 1940, FolioHistoire Gallimard, 1990, p.86)

Prononciation modifier

Références modifier