Français modifier

Étymologie modifier

(Date à préciser) De l’ancien français quistre (« marmiton »).
(1670) Au sens de « pédant, ridicule ».

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
Masculin
et féminin
cuistre cuistres
\kɥistʁ\

cuistre \kɥistʁ\ masculin et féminin identiques (Péjoratif)

  1. Personne pédante, vaniteuse et ridicule, souvent fière d’étaler son savoir mal assimilé devant des gens simples qu’elle croit moins éclairés qu’elle, parce qu’ils sont incapables de la contredire ou ne comprennent pas son jargon.
    • Maître d’armes - Allez ! philosophe de chien.
      Maître de musique - Allez ! bélître de pédant.
      Maître à danser - Allez ! cuistre fieffé.
      Maître de philosophie - Comment ? marauds que vous êtes… (Le philosophe se jette sur eux, tous trois le chargent de coups, et ils sortent en se battant). — (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, 1670)
    • Molière, dans Les Femmes savantes (1672), a fait de Trissotin le type du cuistre.
    • Une heure après, Julien était dans l’antichambre du marquis avec une tournure subalterne, des habits antiques, une cravate d’un blanc douteux, et quelque chose de cuistre dans toute l’apparence.
      En le voyant, le marquis éclata de rire, et alors seulement la justification de Julien fut complète.
      — (Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830)
    • Pour le savoir, elle interrogea M. Bourais. Il atteignit son atlas, puis commença des explications sur les longitudes ; et il avait un beau sourire de cuistre devant l’ahurissement de Félicité. — (Gustave Flaubert, Un cœur simple, 1877)
    • Malgré de sensibles défauts, malgré l’humilité de son origine, ce fils de paysans et de pauvres marins, couvert du triple ridicule d’échappé de séminaire, de clerc défroqué, de cuistre endurci, on l’a tout d’abord accueilli, écouté, choyé même, uniquement parce qu’on trouvait dans sa voix des accents sincères. — (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, collection Folio, page 208)
    • Ce charabia va bien à ces pensers [sic : pensées] infâmes. Cette princesse est une sotte, vraiment et une cuistre. — (L’Ermitage, volume 6, 1895)
    • Mais il est certaines hardiesses, certains tours que je maintiens, en dépit des puristes ou des cuistres […] — (André Gide, Poésie : Journal (1917 à 1949) Feuillets d’automne, 1952)
    • C’est bien qu’on voie ça, il faut montrer, […] la vraie nature des cuistres. — (Pierre Desproges, à propos de Bernard-Henri Lévy)
  2. Savant autoproclamé dont l’étroitesse d’esprit est aggravée par le manque de finesse et la prétention à briller.
    • Le sulpicien Godet, qu’elle prit pour son directeur et pour directeur de Saint-Cyr, était un cuistre de mérite ; c’est à peu près la définition qu’en donne Saint-Simon qui en fait cas. — (Michelet, Du prêtre, de la femme, de la famille, 1845)
    • Malgré les secours que quelques cuistres célèbres ont apportés à la sottise naturelle de l’homme, je n’aurais jamais cru que notre patrie pût marcher avec une telle vélocité dans la voie du progrès. — (Baudelaire, Projet de préface pour Les Fleurs du mal, 1857)
    • Frédéric le regarda ; avec sa pauvre redingote, ses lunettes dépolies et sa figure blême, l’avocat lui parut un tel cuistre, qu’il ne put empêcher sur ses lèvres un sourire dédaigneux. — (Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, 1869)
    • Il tenait tous les professeurs pour des cuistres. — (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 247)
    • Ce n’est pas, le ciel m’en préserve, que je sois rancunier, mais l’imminent plongeon dans la confiture d’horreur, du cuistre qui m’inonda, me cause, l’avouerais-je, comme un frémissement savoureux. — (Greg, Le sort s’acharne sur Achille Talon, 1979)
  3. (Vieilli) (Désuet) Nom que l’on donnait autrefois aux valets de collège. Employé à la fois polyvalent et sans compétence particulière, factotum, homme à tout faire, qui s’occupe de tout.
    • Cuistre de collège : Factotum qui rendait des services aux internes.
    • Un timbre fut sonné et le cuistre (lisez le garçon de cour, un peu à tout faire […]) apparut. — (Verlaine, Œuvres complètes, t. 4, Mes prisons, 1893, page 362)

Traductions modifier

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Prononciation modifier

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Références modifier