Français modifier

Étymologie modifier

Mot apparu à la fin du XVIIIe siècle, du nom d’Antoine Quinquet (1745-1803), pharmacien à Paris, qui commercialisa et perfectionna l’invention du physicien et chimiste genevois Ami Argand (1750-1803), comme l’évoque Bernard Jullien dans ses Thèses de grammaire (1857) :
« Voyez vous cette lampe où, muni d’un cristal,
Brille un cercle de feu qu’anime l’air vital ?
Tranquille avec éclat, ardente sans fumée,
Argand la mit au jour, et Quinquet l’a nommée. »
On a d’abord dit lampe à la Quinquet, puis quinquet, antonomase qu’on trouve déjà chez Gustave Flaubert dans Madame Bovary.[1]

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
quinquet quinquets
\kɛ̃.kɛ\
 
Un quinquet. (1)

quinquet \kɛ̃.kɛ\ masculin

  1. (XIXe siècle) Sorte de lampe à huile à double courant d’air et à réservoir supérieur. → voir fumignon, godet, lumignon et veilleuse.
    • Les tables peintes en marbre, les tabourets en velours d’Utrecht rouge, le quinquet à globe plein d’huile alimentant deux becs, attaché par une chaîne au plafond et enjolivé de cristaux, commencèrent la célébrité du Café de la Guerre. — (Honoré de Balzac, Les Paysans, 1845, deuxième partie, chapitre troisième)
    • Les verres des quinquets étaient faits avec des lamelles disposées en côtes de melons et réunies en haut par un cercle de fer-blanc, ce qui n’est pas d’une industrie bien avancée. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • Ils se trouvaient maintenant à l'entrée d'une longue pièce obscure. Quelques ampoules électriques, aux verres mal essuyés, y déversaient un lamentable éclairage de quinquets. — (Pierre Benoit, Le Soleil de minuit, Albin Michel, 1930, réédition Le Livre de Poche, page 77)
    • Grand maître, interrompit Cambronne Mâcheclair, j’aime mieux vous le dire tout de suite : j’ai commencé le piaye-là : j’ai acheté l’huile d’olive, l’huile de carapate, l’huile à quinquets. — (Jypé Carraud, Tim-Tim-Bois-Sec, éditions Payot et Rivages, 1996, collection Rivages/Mystère, page 324)
    • Mal éclairée d'un quinquet nu, la famille veillait autour du poêle triangulaire. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
      Qu’il fait jour à midi qu’un ciel peut être bleu
      Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne […].
      — (Louis Aragon, Prose du bonheur et d’Elsa, dans Le Roman inachevé, 1956)
    • Derrière le balcon, la fenêtre ne s'ouvrit pas et dans la rue nul ne se montra, pas même le veilleur de nuit avec son quinquet pour tenter de prospérer grâce aux miettes des sérénades. — (Gabriel García Márquez, L’Amour aux temps du choléra, Grasset, collection le Livre de poche, page 179. ISBN 978-2-253-06054-3. Traduction d’Anne Morvan, 1987)
  2. (Au pluriel) (Familier) (Vieilli) Yeux.
    • — Oh ! le malin, il ne les voit pas !… Ouvre donc tes quinquets, imbécile !… — (Émile Zola, La Débâcle, 1892)
    • Il est petit, il n’a plus un cheveu, et dans sa figure ronde et rose luisent deux quinquets égrillards. — ( Roger Martin du Gard, Vieille France, Gallimard, 1933 ; réédition Le Livre de Poche, page 102)
    • « C’est complet, il est muet
      Ses quinquets sont en biais
      C’est un fait que tel qu’il est,
      Il me plaît.
       » — (Chanson de Fréhel Tel qu’il est, paroles de Maurice Vandair)
    • Ses deux quinquets, les plus brillants du monde, sont si mobiles qu'elle a tout vu, sans tourner la tête, même ce qui se passe derrière elle, surveillant au passage dans les glaces les grimaces qu'on lui fait. — (Marcel Jouhandeau, Chaminadour, Gallimard, 1941 et 1953, Le Livre de Poche, page 214)
    • Quand tout est bleu
      Y a l'permanent dans tes quinquets
      Les fleurs d'amour s'foutent en bouquet.
      — (extrait de la chanson de Léo Ferré, Mon p'tit voyou, 1954)

Traductions modifier

Prononciation modifier

Note : Le « t » de quinquet ne se lie pas.

Références modifier