Français modifier

Étymologie modifier

(XIIe siècle) Du latin rejectare (« rejeter, repousser, vomir »).

Verbe modifier

rejeter \ʁə.ʒə.te\ ou \ʁəʒ.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se rejeter)

  1. Jeter de nouveau.
    • Vous n’avez pu prendre la balle quand je vous l’ai jetée ; renvoyez-la-moi, je vous la rejetterai.
  2. Repousser ; renvoyer.
    • Qu’y a-t-il Héloïse ?
      Le prénom familier rompait l’envoûtement, conjurait le péril. Il la rejetait vers l’enfance, niait sa flamboyante puberté.
      — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • La viande trichinée doit être rejetée de la consommation, et, comme il est facile qu'elle échappe à l'examen, il est toujours préférable de manger la viande de porc très cuite. — (Paul Cagny et ‎Raoul Gouin, Hygiène et maladies du bétail, Éditions J.-B. Baillière et fils, 1909, page 365)
  3. Reporter ; renvoyer à un autre terme.
    • […] ces rites rapprochent aussi l’affatomie des legs et du testament […] Il est frappant qu’il y ait un dessaisissement formaliste effectué inter vivos, mais l’effet complet de l’acte n’est réalisé que post mortem. Il y a cérémonie de dessaisissement et de déclaration de volonté au mallum puis mise en possession immédiate du bénéficiaire […] mais en définitive la mise à disposition complète est rejetée après le décès du disposant. — (Gabriel Lepointe, La Famille dans l’Ancien droit, Montchrestien, 1947, 5e édition, 1956, pages 120-121)
  4. Jeter une chose dans l’endroit d’où on l’avait tirée.
    • Des bâtiments soulevés par le retournement d’un ice-berg ont été rejetés à la mer brisés comme une noix. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Il mettait un appât au milieu, il descendait le panier au bout d’une ficelle dans un riveau ou d’autres cours d'eau, puis au bout d’un certain temps, il remontait le panier avec plus ou moins bonne fortune, ne gardant que les prises les plus grosses et rejetant les étrilles. — (Alain Marty, L’Archer du marais, 2019)
  5. Jeter dehors ; pousser hors de soi.
    • Il procédait à de profondes aspirations puis rejetait l’air en produisant une espèce de sifflement particulier. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • La mer a rejeté sur ses bords les débris du naufrage.
  6. (En particulier) Vomir.
    • Cet homme a l’estomac malade, il rejette tout ce qu’il prend.
  7. (Foresterie) Faire des rejets, repousser après avoir été coupé, en parlant d’un arbre ou d’un arbuste.
    • (Absolument) […] le régime du taillis sous futaie pratiqué en vue de la production de l’écorce et du tan […] a favorisé le Chêne qui, « rejetant » abondamment de souche, a peu à peu éliminé ses concurrents. — (Gustave Malcuit, Contributions à l’étude phytosociologique des Vosges méridionales saônoises, les associations végétales de la vallée de La Lanterne, thèse de doctorat, Société d’édition du Nord, 1929, p. 176)
    • Depuis qu’on a étêté cet arbre, il a rejeté beaucoup de branches.
  8. Mettre une chose en un endroit, après l’avoir ôtée de celui où elle était.
    • Il faut rejeter l’eau de ce bassin dans cette cuve, la terre de ce fossé sur cette couche.
    • Rejetez tous ces détails dans les notes de votre ouvrage.
    • Rejeter les notes à la fin du volume.
  9. (Sens figuré) Faire retomber.
    • Rejeter un tort sur quelqu’un.
    • Il a rejeté sa faute sur cet homme, qui en était bien innocent.
    • On a tout rejeté sur lui.
  10. (Sens figuré) Repousser ; ne pas admettre ; ne pas vouloir recevoir.
    • J’ai rejeté bien loin les propositions qu’il m’a faites.
    • Il a rejeté les offres qu’on lui faisait.
    • Sa requête a été rejetée.
    • La Cour de Cassation a rejeté le pourvoi de ce condamné.
    • La Chambre a rejeté la loi proposée.
    • On a rejeté son offre, sa proposition, ses prières, sa demande.
    • On a rejeté ses avis, ses conseils.
  11. Repousser ou condamner, en parlant de personnes.
    • Il fut rejeté même de ses plus anciens amis.
  12. Écarter ; éloigner.
    • Il rejetait délibérément toutes préoccupations étrangères à sa neuve situation. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 116)
    • Tous les trucs qu’il avait vu pratiquer, toutes les ficelles enregistrées au cours d’une expérience de camionneur déjà longue, des pistes pourries du llano vénézuélien aux pentes escarpées des Andes, il les passa en revue, et un par un les rejeta : ça ne collait pas. — (Georges Arnaud, Le Salaire de la Peur, 1950)
    • Elle m’horripilait avec ses airs supérieurs, […]. Même sa façon de rejeter ses cheveux en arrière lorsqu'elle riait m'énervait. — (Marie Feyt, Encolie, Éditions Publibook, 2008, page 19)
  13. (Pronominal) Se reculer ; se porter en arrière.
    • Nous reprenons le raidillon ; il n’est guère plus drôle à descendre qu’à monter : tantôt nous étions courbés en avant, maintenant il faut, pour la descente, se rejeter en arrière… — (Gustave Fraipont, Les Vosges, 1923)
  14. (Pronominal) (Sens figuré) Se reporter, faute de mieux, sur une autre chose.
    • Ne sachant plus que dire pour sa justification, il se rejeta sur les services qu’il prétendait avoir rendus.
    • La lecture m’étant interdite, je me rejette sur les auditions de radio.

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Antonymes modifier

Traductions modifier

Traductions à trier modifier

Prononciation modifier

Références modifier