Français modifier

Étymologie modifier

Du latin populaire *sufferīre, altération du latin classique sufferre (« supporter, endurer ») de fero (« porter ») avec le préfixe sub- (« sous »).

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
souffrir souffrirs
\su.fʁiʁ\

souffrir \su.fʁiʁ\ masculin

  1. Action de souffrir.
    • Dans ma pauvre carcasse creusée, vidée par l’anémie, la douleur retentit comme la voix dans un logis sans meubles ni tentures. Des jours, de longs jours où il n’y a plus rien de vivant en moi que le souffrir. — (Alphonse Daudet, La Doulou)

Verbe modifier

souffrir \su.fʁiʁ\ transitif et intransitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Sentir de la douleur.
    • — Qu’est-ce que vous faites, en ce moment ?
      — Je souffre.
      — (Alphonse Daudet, La Doulou)
    • — Mourir n’est rien, c’est dans l’ordre, disait souvent Pascal. Mais souffrir, pourquoi ? c’est abominable et stupide ! — (Émile Zola, Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893, chapitre IX)
    • La masse croit qu’elle souffre parce qu’elle subit une inique conséquence d’un passé qui était plein de violences, d’ignorance et de méchanceté […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre V, La grève générale politique, 1908, page 227)
    • Son pied gauche, dont l’orteil rongeait la chaussette dix fois raccommodée, déchiquetant les mailles et creusant sa trouée, le faisait souffrir cruellement. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 9)
    • — Je n’ai pas tellement peur de mourir, dit Maillat au bout d’un moment. C’est de souffrir que j’ai peur. — (Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, 1949, réédition Le Livre de Poche, page 148)
    • Les hommes sont internés en Lituanie, dans les camps de Milejgany, Jewie et Roon où ils souffrent du froid intense, du manque de nourriture et d'eau potable, des conditions précaires d'hébergement, de la vermine et des humiliations. — (Philippe Nivet, La France occupée 1914-1918, Armand Colin, 2014)
    • Souffrir cruellement.
    • Il souffre comme un damné.
    • Souffrir de la tête, de l’estomac, de la poitrine, etc.
    • Souffrir du froid, du chaud.
    • Souffrir de la faim, de la soif.
    • L’armée a beaucoup souffert dans sa marche, faute de ravitaillement.
  2. Éprouver de la peine, du dommage.
    • […] ; elle lui pardonna une légèreté d'esprit, dont, après tout, elle n’avait jamais souffert : quand les défauts des autres ne nous nuisent pas, il est rare qu'ils nous choquent beaucoup. — (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d’Ernestine, 1762, édition Œuvres complètes de Mme Riccoboni, tome I, Foucault, 1818)
    • Désormais donc, les prévenus seront, au moment de leur arrestation, conduits directement ä la Roquette, où, séparés les uns des autres, comme le sont les enfants jugés, ils n'auront pas à souffrir du contact de leurs co-détenus. — (Société pour le patronage des jeunes détenus et des jeunes libérés du département de la Seine : Assemblée générale du 14 juillet 1844, Paris : Imprimerie de A. Henry, 1844, pages 58-59)
    • Il souffre de votre humeur, de vos caprices. — Je souffre de l’entendre parler ainsi. — Les enfants souffrent des divisions de leurs parents.
  3. (Médecine) Être atteint de ; être contaminé par.
    • M. A… G…, demeurant à Troyes, souffre depuis longtemps d’une entérite que différents traitements n’ont pu guérir. — (Émile Coué, La Maîtrise de Soi-même par l’autosuggestion consciente, éd. 1935, page 31)
    • En août, Proust apprend le suicide par pendaison, à Londres, d'Emmanuel Bibesco qui souffrait de paralysie faciale. — (Cyril Grunspan, Marcel Proust : Tout dire, Portaparole, 2005, page 67)
    • Bien que souffrant d'une néphrite chronique avec complications cardiaques, il ne voulut pas consentir à prendre le moindre repos, […]. — (Frédéric Weisgerber, Au seuil du Maroc Moderne, Institut des Hautes Études Marocaines, Rabat : Les éditions de la porte, 1947, page 55)
    • Pour guérir le dernier-né de la Reine, qui souffrait d'un abcès à la gorge et qu’Hadès semblait encore une fois attirer dans ses ténèbres, le médecin Olympos avait jugé qu'il fallait prendre les grands moyens : une incubation, et à Canope. — (Françoise Chandernagor, Les Enfants d’Alexandrie, éditions Albin Michel, 2011)
    • Les auteurs ont présenté à des étudiants universitaires des personnes souffrant de bégaiement et à qui on avait accolé une vignette explicative des causes à l'origine de leur bégaiement. — (David Bourguignon et Stéphanie Demoulin, « Bégaiement et stigmat social », chapitre 13 de Les bégaiements de l’adulte: Première synthèse des connaissances, sous la direction de Bernadette Piérart, éditions Mardaga, 2013)
    • (Sens figuré) Souffrir des mêmes travers, des mêmes défauts.
  4. Éprouver des dommages, en parlant des choses.
    • Les vignes, les blés ont souffert de la gelée, de la grêle.
    • Ce village a beaucoup souffert des ravages de la guerre.
  5. (Transitif) Endurer.
    • Souffrir la douleur.
    • Souffrir le mal.
    • Souffrir les tourments, la persécution, le martyre, la mort.
    • Souffrir les injures, la faim, la soif, la pauvreté.
  6. (Transitif) Supporter.
    • Catilina s’était entraîné à souffrir la fatigue, la faim et le froid.
    • Ne pouvoir souffrir une personne, une chose : avoir pour elle de l’éloignement, de l’aversion.
    • Cette marâtre ne peut souffrir les enfants de son mari.
    • Personne ne peut le souffrir.
    • Il est d’une insolence que je ne puis souffrir.
    • Je n'aime pas les épinards, et j'en suis enchanté, car si je les aimais, j'en mangerais, et je ne puis les souffrir. — (Étienne Arnal : Mot attribué à Arnal par Pierre Larousse dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, article « Caricature », tome 3, 1867, page 396)
    • Le recteur, M. Leterrier, ne pouvait le souffrir. C’était une antipathie de nature, qui croissait avec la régularité d’une expansion végétale et donnait ses fruits chaque année. — (Anatole France, Le Mannequin d’osier, Calmann Lévy, 1897, réédition Bibliothèque de la Pléiade, 1987, page 898)
    • Elle ne peut pas souffrir l’institutrice, elle n’a jamais souffert ic personne ! — (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, 1936, réédition Le livre de poche, 1968, page 136)
  7. (Transitif) Tolérer, ne pas empêcher, même si on le peut.
    • Le roi n’eût jamais souffert qu’un pavillon, autre que le sien, flottât à une corne d’artimon ou au sommet du grand mât […]. — (Étienne Dupont, Le vieux Saint-Malo : Les Corsaires chez eux, Édouard Champion, 1929, page 53)
    • L’interdiction de fumer ne souffrait aucune exception, mais quelques officiers sortirent dans la galerie pour y chiquer à leur aise. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 147 de l’édition de 1921)
    • Souffrez qu’une autre
      En moi se glisse
      — (Sans logique - chanson, Mylène Farmer, 1988)
    • Nous tremblerions, ô Ciel, devant des Sarrasins !
      Voulons-nous seulement les souffrir nos voisins ?
      — (Tardieu-Saint-Marcel, Charles Martel ou La France délivrée, chant Ier ; Marié et Cie libraires, Paris, 1806, page 21)
    • Don Juan -- Ha que dites-vous là, elles sont les plus belles du monde, souffrez que je les baise, je vous prie. — (Molière, Don Juan, acte II, scène II)
  8. (Transitif), (Vieilli) Permettre.
    • Souffrez, monsieur, que je vous le dise.
    • Je ne souffrirai pas que vous me parliez sur ce ton.
    • « Mais souffrez que j’aille chercher les nippes au fond de la malle qui les cèle ; il me tarde de voir la chrysalide se muer en papillon. » — (Théophile Gautier, Le capitaine Fracasse, 1863)
    • Souffre que je te dise que tu as trop sacrifié à la Vénus des carrefours. — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 23)
  9. (Transitif) Admettre, être susceptible de.
    • […] : sous l’ancien régime, en Gascogne, le droit d’aînesse ne souffrait jamais d’exception, et un bien de famille conservé intégralement, de génération en génération, n’était jamais divisé. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Cette affaire ne souffre point de retard, de délai, de difficulté.
    • Cette raison ne souffre point de réplique.
    • Cette règle souffre des exceptions.
    • La poésie ne souffre pas la médiocrité.
  10. Admettre, accepter.
    • — Quel est donc son nom exactement ? dit-elle à madame de Commercy. Elle parut horriblement peinée quand la réponse lui donna la fatale certitude que ce nom était bourgeois.
      — Pourquoi n’a-t-il pas pris le nom du village où il est né en guise de nom de terre, comme font tous ses pareils ? C’est une attention qu’ils doivent avoir, s’ils veulent être soufferts dans la bonne compagnie.
      — (Stendhal, Lucien Leuwen, 1834)

Dérivés modifier

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Prononciation modifier

Références modifier