Français modifier

Étymologie modifier

Dérivé du moyen français voicy, grammaticalisation de l’impératif vois ci.

Verbe modifier

voici \vwa.si\ invariable défectif

  1. Indique la proximité, par opposition à voilà qui sert à désigner une personne ou une chose plus éloignée.
    • Voici votre place et voilà la mienne.
    • Voici le livre dont on a parlé.
    • Voici la maison en question.
    • L’homme que voici.
    • Voulez-vous de l’argent ? En voici.
    • Me voici ; que voulez-vous ?
    • (Familier) En voici d’une autre. En voici bien d’une autre. Se dit en parlant d’une chose qui paraît singulière.
    • Voici la porte, mesdemoiselles.
      Elles regardèrent la porte, sans comprendre, comme si elles s’attendaient à ce qu’il leur expliquât ainsi tout le bureau : — Voici la fenêtre, voici le plafond, voici la corbeille à papier.
      — (Jean Giraudoux, Provinciales, Grasset, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 173)
    • Ledit grain mis ostensiblement sous une des coquilles, Chicar s’assurait un client, lui faisait verser deux sous et commençait un brassage horizontal en hourvari de renard : le voici – le voilà – le voici – le voilà. — (Léonce Bourliaguet, Le Moulin de Catuclade, 1946, Hachette, réédition Bibliothèque de la Jeunesse, 1951, page 38)
  2. S’emploie pour exprimer un état actuel ou une action qui a lieu dans le moment même.
    • Nous voici quatre.
    • Nous voici donc arrivés.
    • Nous voici à la fin de l’hiver.
    • Voici qu’il vient.
    • La voici devant la porte en bois. — (Pierre Lemaître, Le Serpent majuscule (1985), Albin Michel, 2021, page 279)
  3. S’emploie lorsqu’on va immédiatement énoncer, dire, expliquer ou détailler quelque chose, par opposition à voilà qui désigne ce qu’on vient de dire.
    • Voici la preuve de ce que je viens de vous dire.
    • Voici la cause de cet événement.
    • S’il me parlait de la sorte, voici ce que je lui répondrais.
  4. (Vieilli) Il s’employait encore devant un infinitif, surtout devant venir. Cette forme s’est conservée dans quelques phrases.
    • Comme il parlait à la femme, voici venir le mari, Le mari survint.
    • Voici venir le printemps, Le printemps approche.

Notes modifier

Ce mot est grammaticalement analysé comme un verbe défectif réduit à la forme du présent de l’indicatif de l’aspect inaccompli[1][2][3]. Comme les autres verbes, on place un pronom personnel clitique devant ce mot (p. ex. nous y voici).
L’examen de la syntaxe de voici-voilà nous place devant une évidence : c’est en tout point celle de la langue dénommée verbe. — (Moignet, Gérard, 1969, Le verbe voici-voilà, dans Travaux de Linguistique et de Littérature 7, page 195)

Dérivés modifier

Proverbes et phrases toutes faites modifier

  • nous y voici (se dit en parlant d’une chose ou d’un sujet abordé qui arrive comme on l’avait prévu)

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Traductions modifier

Traductions à trier modifier

Préposition modifier

voici \vwa.si\

  1. Indique un moment antérieur au moment de l’énonciation.
    • Ma femme est mourante après avoir accouché d’une petite fille, voici trois jours ; et je n’ai pas le sou. — (Guy de Maupassant, Une vie, Chapitre XIV, 1883)
    • Dans l’armoire, rien n’est changé… elle est telle que je la laissai lorsque, voici huit jours, je la rangeai, en présence de Joseph. — (Octave Mirbeau, Le Journal d’une femme de chambre, Chapitre XV, 1900)
    • Les Mines Fiscales de Hollande, toujours à l'affût du progrès, ont mis en service, au puits Mauritz, voici plusieurs années, des essoreuses continues à arbre vertical Reinevelt. — (Ch. Berthelot, Épuration, séchage, agglomération et broyage du charbon, Paris : chez Dunod, 1938, page 231)

Synonymes modifier

Prononciation modifier

Références modifier

  1. « voici », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  2. Benjamin K. Bergen et Madelaine C. Plauché, (2001), Voilà voilà: Extensions of Deictic Constructions in French, dans Alan Cienki, Barbara Luka et Michael Smith (éds.), Conceptual and Discourse Factors in Linguistic Structure, pp. 45-61.
  3. Englebert, Annick, (1998), L’Infinitif dit de narration, ISBN 9782801112014, p. 159