Utilisateur:François GOGLINS/projet Dico du mois

Avril 2017 modifier

André Pégorier, Glossaire des termes dialectaux permettant de trouver le sens d’un grand nombre de toponymes de la Nouvelle Carte de France, Ministère des travaux publics et des transports, Institut géographique national, Commission de toponymie, Paris, 1963, imprimerie de l’Institut géographique national, 440 pages, cartes en hors-texte.

Pour qui s’intéresse à la toponymie, la stabilité des noms de lieu dans le temps et dans l'espace est souvent un objet d'interrogation, parfois un casse-tête. Ainsi, par exemple, la rivière Semois devient la Semoy en coulant de la Belgique vers la France et le village de La Selle-en-Hermoy se nomme La Selle-en-Hermois selon l'époque ou le rédacteur. En traitant des microtoponymes, le chaos est à son comble, les transcriptions semblent faites à pouf, par des topographes qui ne comprennent rien à l'indigène, et les prises de bec entre paysans et géomètres pouvaient être vives [1].

La République, une, indivisible et centralisée ne pouvait en supporter plus ; en 1950 fut donc créée la Commission de toponymie de l'IGN, pour recueillir tous les microtoponymes de la France métropole et outre-mer. Ce travail de recueil consistait à dépouiller de la bibliographie (des monographies locales, surtout) existante, pour obtenir de l'ordre de 40 000 toponymes par an entre 1950 et 1961, date de fin de rédaction de l'ouvrage. Les topographes de la commission recensèrent donc près de 500 000 microtoponymes dont la plupart n'ont pas de sens en français académique moderne. Ces noms sont souvent les derniers témoignages d'idiomes ou de patois oubliés ou en voie d'extinction et ce glossaire fixe leur orthographe.

Cette commission confia à André Pégorier le soin d'éditer ces travaux dans un ouvrage qui parut en 1963.

Le document, après une introduction sur la méthodologie et le système de notation employé traite de façon alphabétique, les toponymes rencontrés et leur traduction en français canonique complété d'une bibliographie. Un Supplément des noms de lieux de la France d'Outre-mer : glossaire des termes dialectaux termine le document [2].

Ce glossaire fut révisé et la 3e édition, de 2006, revue et complétée par Sylvie Lejeune et Élisabeth Calvarin, est disponible gratuitement en format numérique [2]

Notes
  1. Le rédacteur de cette notice se souvient d'une vive discussion (pour rester poli) entre un géomètre et un paysan des Ardennes, au milieu des années 1960, sur la transcription d'un toponyme : Le lieu-dit portait le nom de gloie, graphie rémoise de la gloye ou glauye ardennaise (ce qui indiquait déjà une ancien tripatouillage du nom), et le géomètre voulait le rebaptiser gloire (ben oui, la grande gloire a plus de gueule que la grande gloye) ; colère du paysan qui fit remarquer que la gloye servait à abreuver les bestiaux et la gloire à allonger la liste de victimes sur les monuments aux morts.
  2. Entre 1950 et 1961, la France comptait aussi les départements d'Oran, d'Alger et de Constantine ; le document n'en fait pas mention. Ces trois départements étaient-ils hors de l'étude ? ou plus simplement, n'ayant plus lieu d'être en 1963, les informations ne furent pas transcrites ? Et dans ce cas, existent-elles encore ?

Janvier 2017 modifier

Robert Édouard, Dictionnaire des injures, précédé d'un petit traité d’injurologie, Paris : Claude Tchou éditeur, 1967, 610 p.

1967, la France s'ennuie ; l'on sait depuis avec quel succès. Malgré cela, et peut-être pour tromper cet ennui, le sulfureux éditeur Claude Tchou publie un dictionnaire bien particulier : "Le Dictionnaire des injures, précédé d'un petit traité d'injurologie", de l’énigmatique Robert Édouard[1], dont c'est la seule œuvre. L'auteur précise qu'il a voulu rédiger un "Dictionnaire de Injures en Usage" et non le "Panthéon des Injures de la Littérature Française". L'ouvrage se présente sous la forme d'un volume relié de 610 pages, illustré de dessins et de photos en noir & blanc ; il se divise en trois parties :

  • La troisième partie, qui justifie l'ouvrage, est un catalogue alphabétique de mots-vedettes d'injures du français courant, de A bas ! à Zut !. Chaque mot vedette renvoie à une ou plusieurs injures et aux moyens d'y rétorquer, et s'y côtoient des injures aux registres aussi divers que "Face de Nœud" ou "Belzébuth". Il est réputé contenir 9300 injures.
  • Pour précéder ce catalogue, l'auteur a dressé un répertoire analogique d'injures, divisé en quatre tombereaux[2] : l'Homme, la Nature, la Société , les Mœurs, et qui, sur 30 pages, liste des séries d'injures en rapport avec ces 4 occurrences et leurs sous-classes.
  • Pour précéder le tout, en première partie, un traité d'injurologie, premier du genre en français, qui, en 20 chapitres et 290 pages, étudie l'injure, de sa naissance à sa disparition, dans ses aspects historiques, sociaux, économiques, sanitaires, phonologiques, etc. Il constate que l'injure meurt en passant dans la littérature et il interroge même la pertinence d'un dictionnaire d'injures qui peut devenir un tombeau d'injures[3]. Dans le dernier chapitre, il s'inquiète de l'avenir de l'injure, qu'il voit dépérir, et propose à la jeunesse[4], qui en a la ressource, de renouveler l'injure ; il propose même la création d'un Institut des Hautes Études Injurologiques, dont il détaille le programme.
    Ce texte semble être le texte fondateur de l'injurologie qui, depuis, bien que confidentielle, est devenue l'objet d'étude d'éminents scientifiques.

L'ouvrage de 1967 a connu plusieurs rééditions : Le Dictionnaire seul, en 1979, chez Tchou, puis en 1983, chez Sand & Tchou ; enfin en 2004, une réédition du Dictionnaire et du Traité, en deux volumes séparés, aux éditions 10/18, sous la direction éditoriale de Michel Carrassou.

Notes
  1. La notice BNF de Robert Édouard est bien maigre [1], comme s'il s'agissait d'un pseudonyme pour cette occasion.
  2. Ce jeu de mots avec l’expression Tombereau d'injures est de l'auteur même.
  3. Le jeu de mots est du rédacteur de cette notice, l'auteur parle de cimetière.
  4. Il s'agit bien de la jeunesse de 1967, qui depuis a pris 50 ans et qui n'a rien foutu pour sauver l'injure, ces grosses feignasses de soixante-huitards

Octobre 2016 modifier

Agnès Bouët, Stanislas Crouzier, Jacques Montégut & Jean Marmarot, Dénominations régionales et locales des herbes des champs, Éditions ACTA, 149 rue de Bercy, Paris, 1981, 117 p., broché 21x29,7 ISBN 2-85794-013-0

Le document "Dénominations régionales et locales des herbes des champs" est un bien étrange objet. Il ne s'agit pas d'un dictionnaire à proprement parler mais d'un lexique (ou plutôt un glossaire) ; il fut écrit par des agronomes, pour des agronomes. Au départ de l'aventure de sa rédaction, une demande de Stanislas Crouzier, président de la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (connue sous le nom de F.N.A.M.S.) qui réunit un groupe avec Jacques Montégut, professeur à l’École nationale supérieure d'horticulture (E.N.S.H.) de Versailles, pape de la malherbologie en France et Jean Marmarot, éditeur scientifique à l’Association de Coordination Technique Agricole (A.C.T.A.). La coordination scientifique fut confiée à Agnes Bouët, ingénieur agronome.

Avec la modernisation de l'agriculture française et l'usage de techniques nouvelles promues par des techniciens et ingénieurs venant des six coins de l'Hexagone, l'on tombait sur le constat formulé par S. Crouzier : « lorsqu'un agriculteur prend contact avec une personne compétente pour le guider dans la lutte contre les mauvaises herbes, il désigne souvent chacune de ces dernières par un nom local […] très souvent inconnu de son interlocuteur. »

Un protocole d'enquête sur le terrain fut mis en place, pour réunir le maximum de dénominations locales, rattachées à leur dénomination botanique correspondante. Une liste de 103 espèces (sur les quelque 3500 plantes vasculaires que compte toute la flore de la France) d'adventices culturales les plus fréquentes ou les plus nuisibles fut établie.

L'enquête fut lancée au cours de l'été 1980 auprès de 367 organismes agricoles et établissements d'enseignement ; 201 réponses étaient revenues à la fin de 1980, ce qui permit de couvrir l'ensemble du territoire métropolitain.

La première édition parut en décembre 1981 (surtout à destination des répondants), et, en mars 1982, un retirage fut diffusé (gratuitement) par une société de produit phytosanitaires.

Ce document donne une liste alphabétique de dénominations avec les correspondances et la localisation : Du nom local vers le nom français (par exemple : Baumlerkraut - Mercuriale annuelle . Alsace) ou du nom français vers le nom local (par exemple : Carotte sauvage - Daucus carotta & suit une liste de 55 dénominations locales avec indication du département ou de la région où le mot est en usage : Bambarène (Auv) ; Carottasse (12) ; Carotta (2AB), etc.), y est ajouté le (ou les) nom flamand et les dénominations vernaculaires que donne la flore de Gaston Bonnier.

Pour clore ce lexique, 21 cartes : 3 qui indiquent la répartition des dénominations françaises pour 3 noms locaux : Herbe-à-cochon (qui nomme 8 espèces bien différentes), Patte-d'oie (8 espèces) et Traînasse (12 espèces), et 18 de la distribution des dénominations locales de 18 espèces botaniques.

Pour 103 espèces étudiées, le document fait 117 pages en format A4, ce qui donne un aperçu de la densité des informations.

En 2016, il est difficile de se procurer ce document ; l'éditeur semble ne plus le proposer & il n'est archivé que dans quelques bibliothèques publiques ; l'on peut le trouver dans quelques bibliothèques d'établissements d'enseignement agricole ou de chambres d’agriculture.