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Étymologie modifier

Datation
(Nom commun 1) (XIIe siècle)[1], attesté dans les Lois de Guillaume le Conquérant[1] rédigées entre (1150) et (1170).
(Nom commun 2) Le Dictionnaire étymologique et historique du français donne le XVIe siècle sans détails[1], mais le Grand Robert de la langue française donne la chanson de geste Élie de Saint Gille[2][3] qui peut être située au XIIe siècle[4].
Forme
L’origine de la forme du mot travail est controversée, la distinction entre les deux noms communs n’est pas tout le temps faite car leurs dates d’apparition sont très similaire. Pour chaque proposition est indiqué le nom concerné :
  1. (Nom commun 1) et (Nom commun 2) Historiquement, certains dictionnaires[5] relient le mot avec le bas latin trepalium[1][2][6] (« chevalet formé de trois pieux pour immobiliser les grands animaux »)[5][1], attesté dans le texte du concile d’Auxerre[1] et qui est une forme de tripalium[1][2]. Il serait un calque du grec ancien τριπάσσαλον, tripassalon (« fait de trois pieu »)[6]. Mais la forme actuelle, travail, est attestée très tôt (elle n’a pas changé depuis l’ancien français travail et le moyen français travail), mais l’évolution phonétique fait qu'on attendrait *trevail[7], Oscar Bloch et Walther von Wartburg invoque l’influence de l’évolution des mots dérivés de l’ancien français tref (« poutre ») comme travée ou travelet[1][7].
  2. (Nom commun 1) D’autres le font déverbal de travailler[1][2][7][6] qui serait issu d’un latin populaire *tripaliare (« torturer avec le tripalium »)[1][7]. Le Dictionnaire Quillet de la langue française fait du verbe travailler un dérivé de travail (nom commun 2)[8].
  3. (Nom commun 1) et (Nom commun 2) Émile Littré indique qu’« il est impossible de séparer travail des maréchaux et travail, peine, fatigue, pour la forme, ni même pour le sens ». Selon lui, du « travail qui assujettit les animaux, on passe sans peine à travail, gêne, sens primordial (travail de labors, Job. 454) ». Pour lui le mot vient de l’occitan travar (« entraver ») qui vient du latin trabs (« poutre »). Il indique aussi que dans l’ancien français « li travaus » est au nominatif singulier, et « le travail » en est le cas régime[9].
  4. (Nom commun 1) et (Nom commun 2) Pierre Guiraud dans son Dictionnaire des étymologies obscures préfère un croisement entre tripalium et un gallo-roman *trabaculare reconstruit d’après les latin trabes (« poutre ») et trabicula (« petite poutre »). Il argue que trabicula a dû désigner le « chevalet » utilisé pour ces actions. Il explique le premier déplacement sémantique vers un usage pour l’humain, le « lit de la femme en couche », par une analogie avec l’étymologie du verbe gêner qui part sémantiquement de la « table de torture » pour signifier ensuite un « état de contrainte ». Ainsi, ce serait métaphoriquement que le travail passe de la table où on œuvre à l’accouchement, à l’accouchement lui-même. Le déplacement sémantique suivant concerne le passage au remplacement du verbe ouvrer, et serait issu non-seulement de l’imagerie populaire où le travail est une torture mais est aussi renforcé par l’association plus profond avec l’« archétype du travail » qu’est la bête de somme[10].
  5. http://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_2008_num_126_503_1436, http://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_2009_num_127_507_7261, https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1927_num_53_209_4295, https://www.cairn.info/idees-recues-sur-le-travail--9791031805818-page-22.htm
Sens
(Nom commun 1) Historiquement, les dictionnaires courants[5][1][2][7] indiquent que le mot a acquis dès l’origine le sens de (« souffrance ») qu'il a conservé lorsque l’on parle de l’accouchement[5]. Selon Oscar Bloch et Walther von Wartburg le sens (« action de travailler ») est attesté en (1471)[7].
(Nom commun 2) Le sens du mot n’a pas évolué depuis son apparition, voyez les références pour la date d’apparition du mot[2][3][4].


De l’ancien français travail (« tourment, souffrance ») (XIIe siècle), du latin tripalium (« instrument de torture à trois poutres »). Attention: cette hypothèse est remise en question par les linguistes depuis plusieurs années qui la considèrent comme une étymologie écran (voir page de discussion).

Nom commun 1 modifier

Singulier Pluriel
travail
\tʁa.vaj\
travaux
\tʁa.vo\

travail \tʁa.vaj\ masculin (pluriel : travaux, sauf dans le sens de activité professionnelle, emploi, où c’est le pluriel travails qui est utilisé)

  1. Labeur, application à une tâche, effort soutenu pour faire quelque chose, en parlant de l’esprit comme du corps.
    • L’homme qui vendait son travail, qui recevait un salaire, se dégradait au rang des esclaves, il se vendait comme esclave, il perdait sa dignité d’homme libre. Cette action dégradante est commise quotidiennement par les hommes libres de la société capitaliste. Les prolétaires de la main comme ceux de l’intelligence, n'ont qu’une unique préoccupation : se vendre, vendre leur travail manuel, vendre leur travail intellectuel, vendre la pensée, cette chose sacrée. — (Paul Lafargue, L’idéalisme et le matérialisme dans la conception de l’histoire. Réponse à la Conférence du citoyen Jean Jaurès, dans La Jeunesse socialiste, janvier 1895, p. 1)
    • L’Écosse l’attendait bouche bée. Il arriva à Glasgow vers une heure, et l’on raconte que le travail ne fut pas repris avant deux heures et demie dans les docks et les manufactures de cette ruche industrielle. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 30 de l’édition de 1921)
    • Il s’acharnera au travail, il ne ménagera ni son temps, ni ses forces, à une époque où le radium et la radiothérapie profonde était encore inconnue. — (Bulletin de la Société d’obstétrique et de gynécologie de Paris, 1924, vol. 3, p. 403)
  2. (Par extension) Activité professionnelle, emploi.
    • Lui avait trouvé deux travails : l’un dans une forge où il aidait à décharger les matériaux et à transporter diverses choses, l’autre dans un moulin où il jouait les mules.’' — (site feleth.superforum.fr, 13 mars 2014)
    • Elle avait deux travails. Deux fatigues. Deux épuisements. Mais ça, elle savait faire et, la plupart du temps appréciait. Elle aimait travailler. — (Vincent Jolit, Clichy, Éditions La Martinière, 2013)
  3. Manière dont on travaille habituellement.
    • Il a le travail difficile, lent.
  4. Ouvrage même, de quelque nature qu’il soit, qui est produit par le labeur.
    • L’oxydation relativement rapide du fer n’a pas permis de retrouver aisément, parmi les restes des travaux métalliques que l’antiquité a laissés derrière elle, un grand nombre d’objets fabriqués avec ce métal ; […]. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, Charleville : E. Jolly, 1869, p. 179)
    • C’était elle qui assumait dans la maison les travaux de l’homme que sa vieillesse lui eût rendus difficiles. Combien de ménagères auraient, d’elles-mêmes, pris cette initiative généreuse ! — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    1. (Spécialement) Ouvrage de l’esprit, étude historique, philosophique ou scientifique. — Note : Il est alors souvent au pluriel.
      • Je n’insiste pas, car il existe des ouvrages sur ces questions, tels l’important mémoire de De Candolle [Augustin Pyrame de CandolleLe modèle nom w pc est désuet. Supprimez-le de cette ligne, ou remplacez-le par le modèle w si un lien vers Wikipédia est nécessaire.] et les travaux de A. Chevalier. — (Henri GaussenLe modèle nom w pc est désuet. Supprimez-le de cette ligne, ou remplacez-le par le modèle w si un lien vers Wikipédia est nécessaire., Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, p. 97)
      • Le physiologiste hollandais Jordan écrivait que les travaux de Pavlov ont fait de Léningrad la Mecque des physiologistes du monde entier. — (E. Asratian, I. Pavlov : sa vie et son œuvre, p. 3, Éditions en langues étrangères, Moscou, 1953)
  5. Manière dont l’ouvrage est fait.
    • Travail exquis, délicat. - Ce bijou est d’un beau travail.
  6. Ouvrage qui est à faire ou auquel on travaille présentement.
    • Distribuer le travail aux ouvriers.
    • Je ne puis faire cela à ce prix, il y a trop de travail.
    • Le travail en souffrira.
    • Entreprendre des travaux.
    • Un ouvrier sans travail.
    • J’ai beaucoup de travail à faire.
  7. Modèle:par ext Action des forces de la nature.
    • En longeant l’atoll, j’étais rempli d’admiration et d’étonnement pour l’extraordinaire travail des madrépores. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Le travail de la fermentation.
    • Le travail des eaux le long des rives d’un fleuve.
    • (Sens figuré) Les esprits sont en travail.
  8. (Médecine) Première période de l’accouchement caractérisée par l’apparition de contractions douloureuses de l’utérus et l’effacement du col de l’utérus. Les douleurs de l’enfantement.
    • Elle était en travail d’enfant.
    • Le travail est commencé.
    • La salle de travail de la maternité.
  9. (Mécanique, Physique) Produit d’une force appliquée sur une distance. L’unité SI de travail (d’énergie) est le joule.
    • Le travail d’une machine.
  10. (Économie, Politique) Labeur humain considéré comme facteur essentiel de la production.
    • Un système complexe de taxes permettait au gouvernement, aux aristocrates et aux religieux de profiter du travail de la plus grande partie de la population. — (Louis Dubé, La sagesse du dalaï-lama : Préceptes et pratique du bouddhisme tibétain, dans Le Québec sceptique, n° 66, p. 5, été 2008)
    • Le travail se rattache ainsi aujourd’hui moins à la nécessité économique de produire des marchandises qu’à la nécessité politique de produire des producteurs et des consommateurs. — (Catherine Dyja, L’Insurrection qui vient, dans la « Revue de la Défense nationale » de juillet 2009)
  11. (Jurisprudence) Labeur humain considéré sous le rapport des conflits qu’il soulève et des règlements qu’il y faut apporter.
    • La réglementation du travail.
    • Un contrat de travail.
    • Les accidents du travail.
    • Le Ministère du travail.
  12. (Manège) Ensemble des exercices que l’on fait faire à un cheval.
Notes modifier
  • Seule une minorité de noms français en -ail ont leur pluriel en -aux au lieu de -ails : → voir aspirail, bail, corail, émail, fermail, gemmail, soupirail, travail, vantail et ventail et vitrail[11]. Le pluriel du mot ail, quant à lui, peut être tout aussi bien ails que aulx.
  •   L’Académie française estime que le pluriel travails est réservé au bâti servant à la contention des animaux, et que, dans le sens de activité professionnelle, le mot ne s’emploie pas au pluriel, elle conseille l’usage de synonymes (emplois,…)[12]. Le pluriel travails pour ce sens de activité professionnelle ou emploi est cependant courant : on ne dit jamais J’ai trouvé deux travaux, un pour le matin et un pour l’après-midi. mais des phrases du genre J’ai trouvé deux travails, un pour le matin et un pour l’après-midi. sont courantes.

Synonymes modifier

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

→ voir Catégorie:Lexique en français du travail

Hyponymes modifier

Traductions modifier

Nom commun 2 modifier

Singulier Pluriel
Lyokoï/travail Lyokoï/travails
\tʁa.vaj\

travail \tʁa.vaj\ masculin

  1. (Équitation, Médecine vétérinaire) Bâti servant à la contention des chevaux et des bovins, durant la pose des fers, ou pour des opérations chirurgicales.
    • Tous les amoureux des équidés trouveront dans ce lieu de charme matière à assouvir leur passion, que ce soit par la collection d'attelages, par les travails à ferrer des maréchaux-ferrants ou par les selleries. — (Bretagne nord, Lonely Planet, 2012)

Traductions modifier

Prononciation modifier

Homophones modifier

Voir aussi modifier

Références modifier

Références
  1. a b c d e f g h i j et k Jean Dubois, Henri Mitterand, Albert Dauzat, Dictionnaire étymologique et historique du français, Larousse, page 1012-1013, 2011
  2. a b c d e et f Le Grand Robert de la langue française, Le Robert, 2005-2008 (version de démonstration)
  3. a et b Élie de Saint Gille sur gallica.bnf.fr
  4. a et b Maurice Delbouille, Problèmes d'attribution et de composition dans Revue belge de philologie et d'histoire, tome 11, fascicule. 1-2, 1932. pages 45-75
  5. a b c et d Jean Bouffartigues et Anne-Marie Delrieu, Trésor des racines latines, Éditions Belin, 2008, page 282
  6. a b et c « Lyokoï/travail », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  7. a b c d e et f Oscar Bloch et Walther von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, Collection Quadrige Dicos Poche, Presses Universitaires de France, page 87, 1932 (réédition d’octobre 2012)
  8. Raoul MortierDictionnaire Quillet de la langue française, en 4 volumes, Éditions Quillet, 1re édition 1975 ISBN 2-7065-0056-5
  9. « Lyokoï/travail », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
  10. Pierre Guiraud, Dictionnaire des étymologies obscures, Payot, 1994
  11. Adolphe V. Thomas, Dictionnaire des difficultés de la langue française, Paris, Librairie Larousse, 1971
  12. Sur le site de l’Académie française : travail travaux travails
  13. Alain Lerond, Dictionnaire de la prononciation, Larousse, page 55, 1980
Sources d'import