Wiktionnaire:Actualités/065-août-2020

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Actualités du Wiktionnaire

Numéro 65 — août 2020

Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.

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Des maisons peintes à Symi, île de Symi, en Grèce, photographiées par Jebulon (cliquez pour voir la photographie en entier).

Brèves d’ici

  • Suite à l’affaire du Wikipédia en scots dont les Regards sur les actualités de la Wikimedia se sont fait écho, un nettoyage de la catégorie des mots en scots a été engagé. Seul critère : le mot doit apparaitre dans le Dictionar o the Scots Leid de l’université de Glasgow. Résultat : la catégorie a été allégée de 200 pages.
  • Le modèle {{lexique}} a commencé à être déployé. Il est en discussion depuis le mois de janvier. Il permet de simplifier et de clarifier les indications de début de ligne de définition qui concernent une spécialité ou un métier. Il remplace plus de 400 modèles et plus de 200 redirections vers ces modèles. L’affichage pour le lectorat est amélioré par une bulle au survol (en consultation via un ordinateur). Le code devient {{lexique|biologie|fr}} (pour la biologie), ce qui est un brin plus long, mais plus explicite. L’ensemble des lexiques disponibles est documenté dans un vocabulaire contrôlé, ce qui permet d’éviter les ambiguïtés dans les noms utilisés et de gérer les catégorisations. Un développement similaire pour d’autres indications de début de définition est en cours.
  • Deux maisons d’édition ont contribué afin d’ajouter des exemples d’usage à partir des ouvrages qu’elles publient. Il s’agit de diversifier la provenance des exemples, de les moderniser et de valoriser les ouvrages publiés. Une discussion communautaire s’est engagée sur la nature de ces ajouts et leur potentiel publicitaire. Pour l’instant, le Wiktionnaire n’encadre pas spécifiquement ce type d’enrichissements, et s’appuie seulement sur les pages de convention Wiktionnaire:Exemples et Wiktionnaire:Neutralité de point de vue.


Langue et stéréotypes de genre

Dans un article paru dans Nature Human Behaviour (en accès libre ici), Molly Lewis de l’Université Carnegie-Mellon et Gary Lupyan de l’Université du Wisconsin à Madison se sont posé la question de savoir si la langue renforçait les stéréotypes de genre. Pour cela, ils ont étudié les fréquences d’apparition d’associations de mots comme le mot « femme » souvent associé aux mots « maison » ou « famille » ou comme le mot « homme » associé aux mots « travail » ou « argent ». Ce travail a été effectué pour 25 langues différentes parlées sur toute la surface du globe (anglais, français, espagnol, arabe, finnois, coréen, malais, hindi,…). Leur conclusion est qu’il existe une corrélation entre les associations genrées plus fréquentes pour une langue donnée et la présence plus importante de stéréotypes associant les femmes à la famille et les hommes à la carrière pour les populations parlant ces langues.
— une chronique par Pamputt


Statistiques

Du 20 juillet au 20 août 2020

+ 26 383 entrées et 96 langues modifiées pour atteindre 4 086 523 entrées et 1 182 langues avec au moins cinq entrées.

+ 1 070 entrées en français pour atteindre 386 412 lemmes et 585 026 définitions.

Les trois langues qui ont le plus avancé outre le français sont le portugais (+ 10 274 entrées), le same du Nord (+ 8 847 entrées) et l’espéranto (+ 2 954 entrées).

+ 2 nouvelles langues pour un total de 4 853 langues : le louvite hiéroglyphique (+15), le na’vi (+2).

+ 2 419 citations ou exemples en français pour atteindre ‭440 859.

+ 245 médias d’illustrations (images et vidéos) dans les articles du Wiktionnaire, pour atteindre 50 759.

+ 2 691 prononciations (dont 613 pour le français) pour atteindre 211 090 prononciations audios pour 122 langues (dont 96 405 pour le français).

+ 3 nouveaux thésaurus pour atteindre 836 thésaurus dans 65 langues dont 594 thésaurus en langue française ! Les nouveaux thésaurus sont le triangle en français, échecs en espéranto et la poésie en espéranto par Lepticed7.

Wikiscan et Wikistats donnent chaque mois accès à beaucoup de mesures, dont la liste des pages les plus consultées et des pages modifiées par le plus de personnes.

+ 2 mots créés sur les 31 proposés dans les Mots du jour. Les vacances battent leur plein !

+ de nombreux domaines sémantiques dont l’e-commerce, la broderie, l’herpétologie, le tir à l’arc, l’Antiquité romaine, les travaux publics.

La rubrique Wiktionnaire:Questions sur les mots (WT:QM) a enregistré 19 questions en août, autant qu’en juillet. En juin, 30 questions.


Brèves d’ailleurs

  • Le journal Télérama a publié cet été un article de présentation du Dictionnaire des synonymes du CRISCO, un projet participatif qui intègre les propositions après une relecture centralisée, contrairement au Wiktionnaire, qui est collaboratif et n’a pas d’entonnoir éditorial. L’outillage technique est spécifique à la gestion de réseaux de sens et offre un service bien utile et souvent cité en complément des dictionnaires de définitions.
  • Une personne avec un diplôme de Master en traitement automatique des langues témoigne de ses difficultés à trouver un emploi. Cette spécialité rapproche l’informatique et les langues, et porte parfois le nom d’ingénierie linguistique. Il existe plusieurs universités proposant cette spécialisation, et une liste d’offres d’emploi propre à ce domaine qui est très bien tenue à jour. Malgré cela, le nombre d’emplois demandant cet ensemble de compétences et connaissances est réduit, et peu se tournent sur leur temps libre vers la contribution technique au Wiktionnaire. Ils et elles sont pourtant les bienvenus !


Dictionnaire du mois

L’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire est un ouvrage qui fait la synthèse des lexiques et inventaires régionaux de onze pays d’Afrique francophone : Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, République démocratique du Congo (Zaïre dans la publication originale), Tchad, Sénégal, Niger, Rwanda, Centrafrique, Cameroun et Burkina Faso. Il s’agit d’une synthèse de publications diverses impulsées à la même époque au sein d’un projet international financé par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF).

Il est le fruit du travail de plus de vingt linguistes, pendant plus de dix ans, de 1977 à sa publication en 1988. Il est destiné à un public érudit ou curieux des usages nouveaux et régionaux. C’est un ouvrage très documenté, fourni et synthétique. Toutes les entrées débutent par une indication des pays où l’entrée est en usage, qui précède l’indication grammaticale et la définition. La plupart des entrées présentent des exemples tirés de la presse, de la littérature ou d’exemples pris sur place. Ce travail s’inscrit dans l’approche de la lexicographie différentielle, qui avait été présentée brièvement dans les Actualités de février, et qui consiste en l’analyse des termes et significations qui diffèrent des usages du français de France. Les mots dont l’usage est le même ne sont donc pas documentés avec des exemples des pays étudiés.

La poursuite de ce travail a été la Base de données lexicographiques panfrancophones qui est disponible seulement en ligne et concerne pour une grande partie d’autres espaces linguistiques. L’ouvrage numérisé de l’Inventaire est disponible en libre accès en ligne et il sera intégré au Dictionnaire des francophones, un projet de plateforme lexicographique qui inclura également le Wiktionnaire. Tant mieux, car la majeure partie des définitions présentées sont absentes aujourd’hui du Wiktionnaire, qui couvre assez mal les usages propres à ces pays du monde, pour le français comme pour les autres langues qui y sont parlées.
— une chronique par Noé


À voir ou écouter

Quelques émissions audio ou vidéo sur la lexicographie, la linguistique et la langue française sorties ou découvertes ce mois-ci.

  • Une émission quotidienne (sauf le week-end) intéressante sur France Info, le sens des mots.
  • Le téléjournal d’Ici Acadie nous informe de la sortie d’un lexique acadien !
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Des habitations multicolores à El Alto, Bolivie, photographiées par Roderick Peel.

Sur la relation d’antonymie

Il y a quelque chose dans les relations sémantiques que je trouve intriguant. Certaines nous sont si habituelles qu’elles semblent triviales, et d’autres, peu connues, relient des mots par des concepts présents partout, mais souvent ignorés. Aujourd’hui, j’ai envie de parler d’une relation de la première sorte : la relation d’antonymie.

Prêtez-vous au jeu et répondez le plus rapidement et intuitivement possible : quel est l’antonyme de « chaud » ? d’« ouvrir » ? et d’« enseignant » ? Dans le premier cas, la réponse intuitive de la plupart des gens est « froid ». Que faire alors de « tiède » ? Concernant « ouvrir », faut-il considérer « fermer » ou « ne pas ouvrir » ? Enfin concernant « enseignant », certain·es auront dubitativement haussé un sourcil, d’autres auront timidement répondu « élève ». Voilà pourquoi cette relation m’intrigue tout particulièrement. À première vue si simple, quelques mots bien choisis mettront en déroute toute personne un peu trop confiante par la complexité cachée. Je vous propose un tour succinct de l’état de l’art sur cette relation.

Il existe plusieurs classifications possibles des antonymes : Đoàn Thị Quỳnh, dans son « A Study on Synonyms and Antonyms in English », en donne trois[1]. Les antonymes peuvent être classés selon leurs sens, leurs dérivations et leurs classes grammaticales. Bien que par la suite, je ne parle que du premier système de classification, voici quelques mots sur les deux autres. Dans la classification par dérivation, deux classes sont admises, les antonymes radicaux et les antonymes dérivationnels : les premiers sont des antonymes dont les racines sont différentes (« chaud » et « froid »), les deuxièmes sont des antonymes dont l’un dérive de l’autre (« lier » et « délier » ou « utile » et « inutile »). Dans la classification par classe grammaticale, les différentes classes d’antonymes sont alignées sur les classes grammaticales. On admettra donc des antonymes nominaux, adjectivaux, verbaux et adverbiaux.

Intéressons nous à la classification qui porte sur ce qui, à mes yeux, est le plus intéressant : la sémantique de la relation. Cette classification admet quatre classes qui semblent consensuelles dans les différents articles lus. Pour cette chronique, je me suis également référé aux travaux « Antonymy » d’Adrienne et Keith Lehrer[2], ainsi qu’à « Opposite relationships in terminology » d’Anne-Marie Gagné et Marie-Claude L’Homme[3]. Les quatre classes sont les antonymes complémentaires, scalaires (ou gradables), réversifs et conversifs.

  • Antonymes complémentaires : c’est l’antonymie la plus commune. Elle intervient dans le cadre d’une binarité, telle que « mort »/« vivant » ou « ouvert »/« fermé ». Ici la négation de l’un nous donne l’autre. Ce type d’antonymie est généralement sur les adjectifs, de par leur capacité à dénoter des états.
  • Antonymes scalaires : deuxième antonymie la plus commune, c’est celle qui intervient lorsque les antonymes sont sur une échelle et sont admis comme les deux représentants principaux de cette échelle, comme « grand »/« petit » ou « chaud »/« froid ». Toutefois, chacune de ces deux échelles admet un terme entre les deux donnés : « de taille moyenne » et « tiède ». Et j’ai envie de dire, dans ce cas, quels sont les antonymes de « de taille moyenne » et de « tiède » ? Mon intuition me dit qu’il s’agit de « ni grand ni petit » et de « ni chaud ni froid ». Maintenant qu’on a trois valeurs sur notre échelle, ça devient n’importe quoi. Et si je vous demandais l’antonyme du mot situé entre « chaud » et « tiède » ? Ahah ! Bon d’accord, je me calme.
  • Antonymes réversifs : première antonymie à vous faire dire « Euuuuh… », plutôt que « Ah ! Mais c’est bien sûr ! », elle est pourtant très utile. Pouvant également être désignée par antonymie directionnelle ou duale, elle s’intéresse à des mots ayant une direction opposée. Direction est ici à prendre dans un sens très très large. Il s’agit de l’idée d’inverser l’action (voilà pourquoi réversif). Quelques exemples pour mieux comprendre : « arrivée »/« départ », « nouer »/« dénouer » ou encore « haut »/« bas ».
  • Antonymes conversifs : la dernière de nos quatre classes, c’est celle qui consiste dans l’inversion des positions dans la phrase. Par exemple, pour obtenir l’antonyme d’enseignante dans la phrase « Alice est l’enseignante de Bob », il faut inverser les positions d’Alice et Bob (et interdiction d’utiliser la voix passive ou d’autres astuces) : « Bob est le X d’Alice ». Que mettre à la place de X ? Pourquoi pas « étudiant » ? Voilà de quoi faire baisser votre sourcil levé depuis le début de cette chronique (faites gaffe aux crampes, et pensez à boire). Quelques autres exemples en vrac : « précéder »/« suivre », « proie »/« prédateur », « acheter »/« vendre ». Un des exemples donnés, fonctionnant dans un couple hétérosexuel, est « époux »/« épouse ». Mais du coup, dans le cadre d’un couple homosexuel, peut-on considérer, selon la définition donnée plus haut, que « épouse » est l’antonyme de « épouse » et que « époux » est l’antonyme de « époux » ? J’ai envie de dire, épouneuse question. Re-ahah ! Bon, d’accord, je me calme pour de vrai.

Voilà, j’espère que ma chronique vous a intéressé. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à venir sur ma page de discussion ou à lancer le débat sur la Wikidémie, je répondrai avec joie ! Et si vous avez des idées de chroniques, n’hésitez pas à écrire ou à les proposer, on manque d’inspi. Bonne lecture pour la suite ! Épouneuse question… Elle est pas mal celle-là.

  1. Đoàn Thị Quỳnh, A Study on Synonyms and Antonyms in English, 2020
  2. Adrienne Lehrer et Keith Lehrer, Antonymy, 1982
  3. Anne-Marie Gagné et Marie-Claude L’Homme, Opposite relationships in terminology, 2016
PS : J’ai découvert après rédaction de cette chronique qu’il était possible de définir d’autres relations d’antonymie et d’affiner les existantes. Du coup, en fonction des retours, je peux écrire une autre chronique sur le même sujet le mois prochain.
— une chronique par Lepticed7

Les collaborations de la semaine d’août

Ces propositions, affichées sur la page d’accueil, ont été proposées par Noé et Sebleouf. Merci de leurs contributions aux personnes qui ont créé les mots ! applau

Semaine 31 (27 juillet au 2 août 2020)

Envie de bricolage ? Dans votre atelier avez-vous une pinule de centrage ? Un coupe-verre ? Une affleureuse ? Un débulleur ? Une paumelleuse ? Un brise-béton ?

Semaine 32 (3 au 9 août 2020)

Cette semaine, prenons de la hauteur avec l’altisurface, l’avion-canard, la cage de pilotage, l’aile en mouette et le vol de gradient.

Semaine 33 (10 au 16 août 2020)

Envie de sortir manger ou boire un coup ? Voici quelques lieux à visiter : allocodrome, izakaya, kafana, kafe aman, maid café

Semaine 34 (17 au 23 août 2020)

Semaine 35 (24 au 30 août 2020)

Semaines suivantes

En septembre, au programme : les sports paralympiques, les pierres de taille, les pirates et les langues.


Collaboration du mois

Pas de thème ce mois-ci, car les personnes qui contribuent le plus habituellement ont pris des vacances ! Certaines années, l’été est propice aux enrichissements et aux chantiers d’importance, d’autres années sont plus calmes. Le projet aurait cependant pu être sur la gestion de la relecture des apports des nouveaux et nouvelles lorsque les forces sont moins nombreuses. L’équipe de la patrouille a eu bien du mal à gérer le flux pendant l’été, et le retard n’a pas encore été rattrapé.

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Rue Michalska à Bratislava, photographiée par Gitanes232.

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