Français modifier

Étymologie modifier

Du participe présent de aveulir avec le suffixe -ment.
Mot créé par Alphonse Daudet et apparu pour la première fois dans Sapho en 1884.[1][2]

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
aveulissement aveulissements
\a.vø.lis.mɑ̃\

aveulissement \a.vø.lis.mɑ̃\ masculin

  1. Action d’aveulir ou de s’aveulir, fait d’être aveuli.
    • C’est l’âge de l’esprit pratique, des horizons bornés, des mariages de convenance, des appétits bourgeois. Les artistes eux-mêmes cèdent parfois à l’aveulissement de cette époqne critique. Les faux artistes toujours. — (Jean Richepin, Le Cadet, G. Charpentier, 1890, p. 41)
    • Au Gymnase, il blâmait avec véhémence les raffinements de la civilisation, la corruption des mœurs, l’aveulissement des volontés. — (André Theuriet, Contes de la marjolaine, E. Fasquelle, 1902, p. 179)
    • Il paraît en effet clairement établi maintenant que l’on peut dire et écrire n’importe quoi, n’importe comment, ainsi que l’atteste la pratique quotidienne de la presse, des radios et des télévisions. Cet avilissement et aveulissement du langage va de pair avec le laisser-aller général dans le domaine des valeurs morales, esthétiques ou vestimentaires. — (Georges Gusdorf, Lignes de vie, vol. 2, Odile Jacob, 1991, p. 75)
    • J’ai pour habitude de traiter tout ce qui procure du plaisir avec une extrême prudence, car les plaisirs vont main dans la main avec l’aveulissement, et de l’aveulissement il n’est qu’un pas jusqu’à l’incurie et de graves, sinon irréparables, négligences dans le service. — (Boris Akounine, Le Couronnement (dans la traduction du russe par Paul Lequesne), éditions 10/18, février 2007, page 44)

Traductions modifier

Prononciation modifier

Références modifier

  • [1] Louis Petit de Julleville (dir.), Histoire de la langue et de la littérature française, des origines à 1900, t. 8, XIXe siècle. Période contemporaine (1850-1900), A. Colin, Paris, 1899, p. 780.
  • [2] Paragraphe de Sapho : « Mais avec les brouillards, les pluies d’automne, la nuit qui tombait de bonne heure, elle eut plus d’un prétexte pour ne pas sortir ; et souvent il la surprenait au retour dans une de ces gandouras de laine blanche à grands plis qu’elle mettait le matin, les cheveux relevés comme quand il était parti. Il la trouvait charmante ainsi, la nuque restée jeune, sa chair tentante et soignée qu’il sentait toute prête, sans entraves. Pourtant cet aveulissement le choquait, l’effrayait comme un danger. » — Alphonse Daudet, Sapho, G. Charpentier, Paris, 1884, p. 191-192.