baragouin
Étymologie
modifier- Selon une étymologie populaire[1], ce mot proviendrait des mots bretons bara (« pain ») et gwin (« vin »). Cette étymologie était déjà indiquée comme douteuse en 1935[2].
- Ce terme méprisant est apparu au Moyen Âge. Il est attesté en 1391 chez Du Cange, dans le Glossarium mediae et infimae latinitatis, 1678, réédition Firmin Didot, 1840, t.I, p. 595 (lire en ligne) mentionne : « Hinc origo accersenda mihi videtur vocis Barragouin, cujus interpretatio aperta est ex Lit. remiss. ann. 1391. in Reg. 141. Chartoph. reg. ch. 191 (voir Archives nationales cote JJ 141) : Lesquelx appelèrent l'exposant sanglant Barragouyn ;.... icelui leur dist : Beaux seigneurs, je ne suis point Barragouyn: mais aussi bon chrestian, d'aussi bonnes gens, et aussi bon François que vous estes. »
Nom commun
modifierSingulier | Pluriel |
---|---|
baragouin | baragouins |
\ba.ʁa.ɡwɛ̃\ |
baragouin \ba.ʁa.ɡwɛ̃\ masculin
- (Familier) Langage incorrect et inintelligible.
La chose mérite d'être soulignée, car cette mauvaise langue de Mme de Genlis reprendra à son compte un ragot particulièrement sot, faisant de l'anglais de Voltaire un baragouin insupportable. Voilà qui est absolument faux.
— (Vincent Badaire, Ce diable d'homme ou Voltaire inconnu, TF1/Telecip & Hachette/CEDS, 1978, chapitre 5)De visage, il avait l’air plus vieux que Catherine ; et pourtant quand on le mit sur ses pieds, il ne sut que regarder autour de lui, et répéta sans cesse un baragouin que personne ne pouvait comprendre.
— (Emily Brontë, Un amant, 1892, Traduction de Théodore de Wyzewa, page 36)
- (Péjoratif) Langue que l’on ne comprend pas.
L’orfèvre. – La citadelle ! voilà ce que le peuple ne souffrira jamais, voir tout d’un coup s’élever sur la ville cette nouvelle tour de Babel, au milieu du plus maudit baragouin ; les Allemands ne pousseront jamais à Florence, et pour les y greffer, il faudra un vigoureux lien.
— (Alfred de Musset, Lorenzaccio, acte I, scène 5, 1834)Une soirée a suffit pour les faire dégringoler du trépied, ou plutôt du perchoir, d'où ils rendaient leurs oracles — dans quel baragouin, dieux du ciel !
— (Anatole Claveau, Les snobs, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e édition, page 39)A quoy respondit Pantagruel. Mon amy je n’entends point ce barragouyn, et pourtant si voulez qu’on vous entende parlez aultre langaige.
— (Pantagruel, Livre I, chapitre IX, édition Nourry, 1532)... livre basty d’un espagnol baragouiné en terminaisons latines
— (Montaigne, Essais, Livre II, chapitre XII, 1580)La mère se débattait, jurait qu’elle n’avait point vu de franc-tireur, l’autre disait qu’il était sûr. Enfin le vacarme se met à baisser, on n’entendait plus rien. Et puis, le sergent parle à ses hommes, dans leur baragouin.
— (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 49)Est-il encore possible de faire chanter l’imparfait du subjonctif dans le « baragouin » parlé maintenant ?
— (Renée Rennes citée par Alain Bouissière, Le Bar du subjonctif, Hatier, 1999, page 106)
Synonymes
modifier- Langage incorrect :
- Langage que l’on ne comprend pas :
Dérivés
modifierTraductions
modifier- Allemand : Kauderwelsch (de) masculin
- Anglais : gibberish (en)
- Breton : gregachiñ (br), gregachat (br)
- Espagnol : galimatías (es)
- Espéranto : galimatio (eo)
- Féroïen : møsn (fo)
- Frison : bargedútsk (fy)
- Néerlandais : koeterwaals (nl)
- Occitan : girgon (oc) masculin
- Portugais : algaravia (pt) féminin
- Wallon : baragwin (wa)
Prononciation
modifier- France (Muntzenheim) : écouter « baragouin [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « baragouin [Prononciation ?] »
- Vosges (France) : écouter « baragouin [Prononciation ?] »
Paronymes
modifierAnagrammes
modifierRéférences
modifier- [1] : « baragouin », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (baragouin), mais l’article a pu être modifié depuis.
- ↑ La légendaire étymologie du verbe « baragouiner » sur http://www.leslyriades.fr/, Centre de langue française des Lyriades. « ... si l’on convient que le mot provient du latin « barbarus » emprunté lui-même au grec « β α ́ ρ ϐ α ρ ο ς » (dont le bégaiement interne habille le mot de ridicule), il signifie donc à l’origine « étranger », c’est à dire « n’étant pas grec » et, par extension, « non-civilisé » ! »
- ↑ Mélanges Tappolet, Joseph Vendryes, dans « Études celtiques », 1937, 2-3, p. 180, lire en ligne