Français modifier

Étymologie modifier

Ce bonnet était en laine rouge.

Locution nominale modifier

Singulier Pluriel
bonnet rouge bonnets rouges
\bɔ.nɛ ʁuʒ\

bonnet rouge \bɔ.nɛ ʁuʒ\ masculin

  1. (Histoire) Surnom donné aux insurgés de la révolte antifiscale dite du papier timbré qui eut lieu en Bretagne en 1675.
    • Ma sympathie va aussi, bien qu’ils soient anonymes, aux frustes héros des « Bonnets rouges », révoltés, au nom de la liberté armorique », contre les impôts prélevés par l’État royal au mépris des privilèges de la province. Ces privilèges, nous les nommons libertés, ou franchises bretonnes. — (Mona Ozouf, Composition française, Gallimard, 2009, collection Folio, page 88)
    • Quant à Mme de Sévigné, nous lui réservons une aversion particulière : non contente de compter joyeusement au bord des routes les pendus des « Bonnets rouges », elle a osé dire de nous : « mea culpa », c’est le seul mot de français qu’ils sachent ». — (Mona Ozouf, Composition française, Gallimard, 2009, collection Folio, page 99)
  2. (Histoire) Bonnet de laine rouge dont se coiffaient les sans-culottes, sous la Terreur, qui s’est répandu en France comme signe de l’égalité entre les citoyens, et est devenu un symbole de la République depuis 1792.
    • Napoléon n’aimait pas les républicains : il remplaça monsieur Grandet, qui passait pour avoir porté le bonnet rouge, par un grand propriétaire, un homme à particule, un futur baron de l’Empire. — (Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, 1834)
    • Un des assistants lui présentant de loin, au moyen d’un bâton, le bonnet de l’égalité, le Roi, sans hésitation étendit la main pour le prendre. Puis, apercevant une femme qui tenait une épée ornée de fleurs et d’une cocarde tricolore, le Roi demanda la cocarde, et l’attacha au bonnet rouge. — (Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, 1847-1853)
    • Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
      Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
      — (Hugo, Les Contemplations, Réponse à un acte d’accusation, 1856)
  3. (Par extension) (Sens figuré) Nom que donnèrent les royalistes (ou monarchistes), aux démocrates, partisans du gouvernement de la République, ou d’un régime républicain, après les excès de la Terreur, pendant la Révolution française.
    • Le fanatisme des intérêts équilibra les délires du besoin, l’aristocratie eut les fureurs de la crapule, et le bonnet de coton ne se montra pas moins hideux que le bonnet rouge. — (Flaubert, L'Éducation sentimentale, 1869)
    • Ce 4 mars, Hébert, hargneux, enflammait les tribunes du club des Cordeliers pleines à craquer de « bonnets rouges ». Comme ceux qui venaient de le précéder au perchoir, il désignait Robespierre et ses alliés sans les nommer, préférant employer le mot faction. — (Jean-Pierre Fournier La Touraille, Le jeu de quilles en or, Paris : Éditions Plon, 2014, chapitre 26)
  4. (Par extension) (Sens figuré) Partisans de mouvements de protestation bretons qui réutilisent le bonnet rouge comme symbole.
    • Dans le Finistère, chacun a sa métaphore pour décrire la situation des « bonnets rouges ». Le soulèvement breton, qui a fédéré ouvriers dont l’emploi était menacé, agriculteurs, petits et grands patrons contre l’écotaxe en Bretagne fête ce mois-ci ses deux ans. — (Manon Rescan, Que reste-t-il des « bonnets rouges » ?, Le Monde. Mis en ligne le 26 octobre 2015)

Synonymes modifier

  • bonnet phrygien (locution utilisée actuellement pour ce symbole de la République)

Dérivés modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Références modifier