c’est de la moutarde après dîner

Français modifier

Étymologie modifier

 Composé de être, moutarde, après et dîner.
Selon le bibliophile Jacob, cette locution daterait du XVIe siècle et serait issue du proverbe suivant : « Tout ce qui est passé de saison et de mode, tout ce qui arrive tard et après coup, c’est de la moutarde après dîner. »[1] Le phrasé de la locution a varié selon les auteurs et les époques.

Locution-phrase modifier

c’est de la moutarde après dîner \se də la mu.taʁ.d‿a.pʁɛ di.ne\

  1. (Sens figuré) (Familier) C’est une chose qui vient après coup, lorsqu’on en n’a plus besoin.
    • Il vaut quasi mieux jamais que si tard devenir honnête homme. Et bien entendu à vivre lorsqu’on a plus de vie.[…]Moutarde après dîner. Je n’ai que faire du bien duquel je ne puis rien faire. — (Montaigne, Essais III, Folio Classique, 2012, p. 325)
    • Si le libraire n’est pas exact à suivre mes intentions, je vous prierai d’en choisir un autre pour fournir la maison : je suis las de n’avoir les Mercure et les journaux que trois mois après les autres, et d’avoir moutarde après dîner. — (Voltaire, Correspondance, tome 2, dans Œuvres complètes, Garnier frères, 1880, page 496, lettre à l’abbé Moussinot, 17 juin 1738)
    • Lorsque les chiens errants, devenus enragés, ont mordu quelqu’un, on voit tout de suite sortir une ordonnance de police à leur sujet : ne peut-on pas dire que c’est la moutarde après dîner ? — (Pierre Chauvet, Essai sur la propreté de Paris, par un citoyen français, Labrousse, 1797, page 4)
    • Ma brochure, ne venant que dans huit ou quinze jours, sera moutarde après dîner. Tous les journaux se sont prononcés ; l’opinion a déjà passé à autre chose et on n’y pense plus. — (Pierre-Joseph Proudhon, Correspondance, A. Lacroix et Cie, t. 14, 1875, pages 97-98, lettre à Gustave Chaudry, 24 mars 1862)
    • Si on l’écrit pour corriger ou expliquer ce qu’on vient d’écrire, c’est la moutarde après dîner. — (Eugène Mouton, L’Art d’écrire un livre, de l’imprimer et de le publier, H. Welter, 1896, p. 261)
    • Au sommet du fort, des sentinelles furent installées, avec mission spéciale de surveiller attentivement l’horizon. Toutes ces mesures n’étaient en somme que de la moutarde après dîner, attendu que, notre coup étant manqué, il nous devenait à peu près impossible d’en organiser un autre, tout au moins dans les mêmes conditions. — (Henri Rochefort, Les Aventures de ma vie, P. Dupont, 1898, page 157)

Variantes orthographiques  modifier

Synonymes modifier

Quasi-synonymes modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

  • Aude (France) : écouter « c’est de la moutarde après dîner [Prononciation ?] »
  • Vosges (France) : écouter « c’est de la moutarde après dîner [Prononciation ?] »
  • Somain (France) : écouter « c’est de la moutarde après dîner [Prononciation ?] »

Références modifier

  • [1] Paul Lacroix (dir.), Proverbiana dans Le Gastronome : journal universel du goût, rédigé par une société d’hommes de bouche et d’hommes de lettres, 1re année, n° 25, 6 juin 1830, p. 4. Il dit également : « Que si, à l’apparition du dessert, lorsque les convives, ouvrant des yeux satisfaits, s’apprêtent à croustiller biscuits, meringues et autres bénéfices du petit-four, un maladroit valet s’avisait d’apporter la moutarde, aussitôt un cri général de réprobation s’élèverait contre l’auteur de ce fâcheux coup de théâtre ! Malheur et trois fois malheur à la main malheureuse qui aurait glissé le moutardier vis-à-vis le sucrier, parmi la gelée de groseille et les macarons ! La moutarde après dîner est un barbarisme en cuisine ; elle disparaît toujours avec le napperon, et devient contrebande après le dernier service ; qui la trouverait alors devant soi maudirait la foi punique de l’amphitryon. »