Français modifier

Étymologie modifier

(XIIIe siècle) Dérivé de charruer, avec le suffixe -age.

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
charruage charruages
\ʃa.ʁɥaʒ\

charruage \ʃa.ʁɥaʒ\ masculin

  1. (Agriculture) Labourage à la charrue.
    • Plus d’une déjà l’avait laissé voir, et souvent, quand il s’en allait, à la brune, le corps penché en avant, les pieds raidis par le charruage, suivant le harnais qui rentrait et longeait les « traces. » — (René Bazin, Le Blé qui lève, 1907, p. 57)
    • Sur un même territoire, il y avait plusieurs parcelles sur lesquelles plusieurs actions étaient menées : gyrobroyage, charruage, pâturage.
    1. (Sens figuré) Travail de labourage.
      • Il y avait son dernier visage. Il y a le visage de la mort. Mais avant il y a le dernier visage : ce visage est comme un champ d’herbe déchiré mais illuminé par un grand charruage. — (Jean Giono, L’Eau Vive, p. 281)
      • Ce torrent qui portait la montagne à la mer en un déchirant charruage éventrait les corridors de la nuit. — (Pierre Magnan, La Maison assassinée, 2015)
  2. (Histoire) (Désuet) Corvée de labour.
    • Les laboureurs du Plateau qui disposaient de bêtes et de charrues se mettaient à disposition des cultivateurs de la vallée […] afin d’exécuter chez leurs voisins les travaux de labourage ; cette coutume s’appelait le charruage, du nom de l’'impôt (charruagium) que les ouvriers devaient au châtelain de la communauté où ils allaient « laborer. » — (Bruno Guirimand, Si les Petites Roches m’étaient contées, 1970, p. 114)
    1. (Histoire) Étendue de terre de labour[1], Surface autrefois labourée un jour ou une année, avec une charrue.
      • un champ a trois jours de charruage de superficie
    2. (Droit, Histoire) Impôt médiéval, levé, tous les trois ans, sur le nombre de charrues.
      • Ce qui permet au comte d’assigner, en 1322, à son cousin Henri I° de Blâmont une rente sur les tailles de Nijon, Bure, […] une redevance de « charruage » (il y a cinq charrues), une autre sur les hommes de cette seigneurie possédant des charettes. — (Les Cahiers haut-marnais, n°188 à 195, page 68)
      • Le charruage entier se payait pour une charrue constituée, soit par quatre chevaux, soit par six bœufs. Qui n’avait que deux chevaux ne payait qu’un demi charruage. L’impôt en argent du charruage était minime — (Charles Germain, Histoire de la Marche, p. 111, 1981)
    3. (Histoire) Cense ancienne sur les terres labourables.
      • Symétriquement en 1263, l’abbaye est créancière d’une dîme de charruage en froment-avoine à prendre sur la grange de Richecourt, chaque Saint-Rémi d’octobre — (Jackie Lusse, Patrick Corbet, Georges Viard, Les moines du Der, 673-1790 : actes du colloque international d’histoire, Joinville-Montier-en-Der, 1er-3 octobre 1998, page 305, D. Guéniot, 1 déc. 2000)
      • Richard Cœur de Lion inventa un impôt foncier sur les terres de toutes sortes, appelé charruage ou hidage, parce que la terre anglaise était divisée en charmées ou en hides — (Charles Petit-Dutaillis, La Monarchie féodale en France et en Angleterre)
  3. (Taille de pierre) (Très rare) Ciselure.
    • Dans les deux cas, le charruage (ciselure) pourra être fait en lignes régulières ne formant pas de dessin

Synonymes modifier

Apparentés étymologiques modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Moyen français modifier

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
charruage charruages
\ʃa.ʁɥaʒ\
 

charruage *\ʃa.ʁɥaʒ\ masculin

  1. (Agriculture) (Rare) Labourage à la charrue.
    1. (Vendée) Train de labour, avec charrue et bœufs. (Poitou) Matériel de la ferme.
      • Et au regard des fiefs, justices, charruages, prez, vignes, estangs & eaues qui font dedans la parroisse desdits chastel et maisons. — (Nouveau coutumier général, Vitry-Le-François, chapitre XX)
    2. (Droit) Droit féodal levé sur les charrues.
      • Ensemble les terres, rentes, revenues, proffits, émolumens, apartenances et appendances d’ycelle chastellerie et villes, tant en terres, prés, vignes, estans en l’estat et ainsi empoissonnées, comme ils estoient de par nous, eaux, rivières & decours de eaux, bois, forests, revenues, gruerie, garennes, moulins, censés, rentes, annuelx, terres, coutumes, tailles, charruages, courvées, abonnements, mainmortes, fiefs, arrière-fiefs, nobléces, maisons et autres droits et servitudes quelxconques, ensemble la justice haute, moyenne et basse.— (« Lettres de cession », 1374, Chambre des Comtes de Dijon, cité dans Urbain Plancher, Zacharie Merle, Histoire générale et particulière de Bourgogne, page 37)
    3. Corvée d'une journée de charrue.
      • a este aussy accorde entre lesdictes partyes que ledict prenneur pourra prandre dans les boys dudict sieur du boys pour faire son charruage aux lieux moingtz dommageables et du boys mort. — (Année 1629, Monographie d’une famille militaire de l'ancienne France : Famille du Verne)

Variantes modifier

Synonymes modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Ancien français modifier

Nom commun modifier

 

charruage *\tʃaru̯a'dʒə\ masculin

  1. (Agriculture) (Rare) Labourage à la charrue.
    • « Charruage et pâturage sont les mamelles de la France », a dit Sully.
  2. Train de labour, avec charrue et bœufs.
  3. Surface labourée un un jour ou une année avec une charrue.
    • Ses terres arables de son charruage — (1277, Conflans, cité par Godefroy)
    • Et avons encore retenu ou flnage de ladite ville d’Olixie deux charruages de terre. — (Charte d’Olixy, avril 1284)
  4. (Par extension) Terre labourable
    • Une cité ot à devise.
      Qui moult fu bien et belle assize,
      Et plentéive outre manière.
      De bois, de preiz et de rivière,
      D’èves douces et de vergiers

      Et de vingnobles bien chargiez,
      De gibiers et de chacerie
      Moult fu riche de pêcherie
      Et trop grans li charruages. — (Jean de Haute-Seille, Li romans de Dolopathos, v. 417-1425)
  5. (Droit) Droit féodal foncier, levé sur les charrues.
    • Avec le cenz qui vault XVs. de rente et des rentes devant dictes, c’est assavoir de II gelines et de xv quartiers d’avoine à charruage, à Saint-Hilaire — (Longnon, Documents relatifs au Comté de Champagne et de Brie : 1172-1361)
    • Dans la charte de franchise des villages de la Cluse et de la Chapelle-Mijoux, donnée en 1324, on lit que leurs habitans « sont, doivent estre et tousjours ont esté francs et quittes de la main-morte, de toutes tailles, prises, charrois, charruage, corvées, avoineries, gelines de Carmentrant de tous autres debt, reals et perfonals quelconque ils soient apellés. » — (Claude-Joseph Perreciot, De l’état civil des personnes et de la condition des terres)
    • Robers, sires d’Aisse, fais savoir à touz· que messire Joffrois, mes fils, a repris de noble baron Thiebaut, conte de Bar, la maison de Nevelon, qui siet dedenz les fossez et les fossez entour la maison, à tout un charruage de terre et les prez qu’il couvient en un charruage· par mon otroi et par l’otroi dame Armengart, ma femme· 4 et en est devenuz hom liges le devan-dit conte de Bar, après la ligei le conte de Lucembourc et la ligei le duc de Loherrainne en tel maniere· que ge doi tenir la devan-dite maison· les fossez et le charruage à tout les prez toute ma vie et dame Armengars, ma femme ausi en son doaire· Et pour-ce que ce soit ferme chose et estable, ge ai mis mon seel em ces lettres que furent faites l'an de grace· quant li milliaires courroit par mil· 13 et ·CC· et sexante et un an, on mois de mai· — (Charte de l’an 1261)
  6. Corvée d’une journée de charrue.

Variantes modifier

Synonymes modifier

Apparentés étymologiques modifier

Références modifier

  1. Alain Rey Dictionnaire Historique de la langue française