comme un âne rouge

Français modifier

Étymologie modifier

(1616) Au XVIIe siècle, Fleury de Bellingen[1] assure que l’expression vise les gens aussi opiniâtres que des cardinaux ignorants, à cause de la couleur honorifique de ces princes de l’Église catholique. Le Courrier de Vaugelas du 15 avril 1872 y voit une allusion aux « ânes sauvages », qui se battent avec acharnement contre les prédateurs. Les lexicographes modernes, comme Alain Rey[2], y voient plutôt la valeur péjorative de rouge comme de roux au Moyen-Âge. Le Dictionnaire languedocien-françois (Gaude père et fils, Nîmes, 1785) traduit « Michan coum’un âzë nëgrë » par « méchant comme un âne rouge », et non « noir », ce qui confirme la valeur symbolique - et non physique - de la couleur.

Locution adverbiale modifier

comme un âne rouge \kɔ.m‿œ̃.n‿ɑn ʁuʒ\

  1. Donne une grande intensité à un adjectif qualificatif, toujours péjoratif, le plus fréquent étant méchant ; équivaut à très ou extrêmement.
    • [...] mais, pour moi, je le trouve plus sot qu’un panier percé, plus effronté qu’un page de cour, plus fantasque qu’une mule, méchant comme un âne rouge, au reste plus poltron qu’une poule, et menteur comme un arracheur de dents... — (Adrien de Monluc, Comédie des Proverbes, 1616)
    • Voyez donc ! laid comme un singe, et méchant comme un âne rouge ! Ah ! ma pauvre Thérèse ! — (Benjamin et Alexis de Comberousse, Les Tours de Notre-Dame, scène 2, Marchant, Paris, 1834)
    • [...] l’âne rouge est non seulement mauvais cheval mais, de plus, sujet à traîtrise à l’égard de son maître, comme le suggère l’expression normande de traître comme un âne rouge. — (René Volot, L'esprit de l'âne: mythes, symboles, traditions, éditions Cheminements, 2003, page 95)
    • - Ce que tu peux être têtu comme un âne rouge quand tu t’y mets ! — (Brigitte Aubert, Projections macabres, 10/18, 2009)
    • Quand on vient le solliciter, il secoue la tête, obstiné comme un âne rouge. — (Jean Anglade, Une vie en rouge et bleu, Calmann-Lévy, 2010)
    • — Dieu merci ! le voilà qui va s’endormir, il est méchant comme un âne rouge !… Que voulez-vous ! il se défend contre la maladie… — (Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1847, chapitre LV, page 228 de l'édition Garnier)

Dérivés modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Références modifier

  1. Cité par René Volot dans L'esprit de l'âne: mythes, symboles, traditions, page 95
  2. Dictionnaire historique de la langue française, Nathan, 2011