Français modifier

Étymologie modifier

 Dérivé de faire, avec le préfixe dé-.

Verbe modifier

défaire \de.fɛʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se défaire)

  1. Modifier l’état d’une chose de manière qu’elle ne soit plus ce qu’elle était.
    • « Ce que j’ai fait, je le déferai ! » me dit-elle, un jour, dans un accès de fier défi poussé jusqu’à la folie. — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 175)
    • N’était-il pas équitable que vous défissiez ce que vous aviez fait ? — (Maurice-Charles Renard, L’Inconnu des îles, Librairie des Champs-Élysées, 1954, chapitre XII)
    • Les phases de climat froid auraient alterné avec des périodes moins favorables au lessivage et permettant même la remontée vers la surface de certains éléments, défaisant ainsi l'œuvre des podzolisations précédentes. — (Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, vol. 24-25, Éditions E. Privat, 1953)
    • Pénélope défaisait, la nuit, l’ouvrage qu’elle avait fait le jour.
    • Ce que l’un fait, l’autre le défait.
    • Une couture qui se défait.
    • (Sens figuré) Défaire un mariage, un marché.
    • (Sens figuré) Ils avaient à défaire tout le chemin qu’ils avaient fait. — (Charles-Louis Philippe, Dans la petite ville, 1910, réédition Plein Chant, page 37)
    • C’est le propre de la jeunesse de vouloir, pour reprendre la célèbre formule d’Albert Camus, défaire le monde en pensant le refaire. — (Richard Martineau, Mais les tiennes, où sont-elles ?, Le Journal de Québec, 21 février 2021)
  2. (En particulier) Vider des effets qui s’y trouvent, en parlant de colis ou de paquets.
    • Défaire une malle, un paquet, une valise.
  3. (Par extension) Ôter, en parlant de vêtements.
  4. (Militaire) Mettre en déroute.
    • Défaire l’ennemi. — Son armée fut complètement défaite.
    • — Ah ! si l’on me donnait seulement une pertuisane, dit une voix enrouée (c’était le vieux Grandchamp, qui s’était glissé dans la chambre, et dont les yeux étaient rouges de fureur), je déferais bien monseigneur de tous ces hommes noirs ! disait-il. — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, chapitre XXV, 1826)

se défaire

  1. Se délivrer, se débarrasser d’une personne ou d’une chose.
    • Pensant à son accoutrement, il se défit de son faux col et de sa casquette blanche d’aéronaute, qui pouvaient le trahir, […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 356 de l’édition de 1921)
    • Du dehors, à la clarté brutale de l’électricité, je pus apercevoir des couples se désunir et plusieurs individus se défaire, avec un geste brusque, de couteaux ou de revolvers. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Se défaire d’une mauvaise habitude, d’un vice, d’une passion.
  2. (En particulier) Congédier, licencier.
    • Se défaire d’un mauvais employé.
  3. (Sens figuré) Faire mourir.
    • Se défaire d’un assaillant, d’un témoin gênant, etc.
  4. (Sens figuré) Se suicider.
    • M. Robert Francheville, dans le Mirliton du Romantisme (Delpeuch, 1927), remplit son recueil de citations d’un comique discutable, mais se trompe parfois carrément. C’est ainsi qu’il relève, page 102, cette phrase de Boirie et Lemaire : « Frédéric porte un pistolet à sa bouche pour se défaire. » — Étant donné la brièveté de ce texte, l’expression visée ne peut être que : se défaire. Or elle appartient au plus pur français classique. On la trouve dans Voltaire, et Paul-Louis Courier recommandait de l’employer de préférence à se suicider, qui lui semblait un pléonasme. — (Régis Messac, « Le style du roman-feuilleton », la Grande revue, n° 12, décembre 1928, pages 221-234)
  5. Aliéner, en parlant d’une chose ; en transporter le droit et la possession à un autre.
    • Un marchand qui se défait avantageusement de sa marchandise.
    • Se défaire d’un cheval, d’une propriété.
    • Il cherche, sans y réussir, à se défaire de son domaine.
  6. (Sens figuré) Passer, s'écouler, se succéder.
    • « Je m’y vois comme si j’y étais. Repense-moi ça, hein, se pousser du ventre dans de la femelle à Maloret... j’aurai pourtant manqué ce train-là, moi. On va, on pousse sa charrue, on trime, les jours se défont et on n’a pensé à rien... » — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 163)
    • Une dépêche, le dimanche, m’annonça la mort de grand-père ; décidément, mon passé se défaisait. — (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 450)

Dérivés modifier

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Références modifier