Français modifier

Étymologie modifier

(XIIe siècle) Dérivé de espoir, avec le préfixe dés-.

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
désespoir désespoirs
\de.zɛs.pwaʁ\
 
Marcel Roux, Le Désespoir, huile sur toile, 1905. Illustration métaphorique (sens 1).

désespoir \de.zɛs.pwaʁ\ masculin

  1. Perte d’espérance ; état d’une personne qui a perdu toute espérance.
    • Cuba n’était pas encore colonisée et servait de refuge aux malheureux Indiens que le désespoir chassait d’Hispaniola ; les forêts en étaient remplies, et plus d'une fois ils attaquèrent les naufragés. — (Washington Irving, Voyages et découvertes des compagnons de Colomb, Paris : librairie Hachette & Cie, 3e éd., 1893)
    • L'artiste, le poète et le touriste se réjouissent ici d'un pittoresque qui fait le désespoir de l'agriculteur. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • J’essaie de donner mauvaise conscience à mon désespoir. — (Jean Rostand, Inquiétudes d’un biologiste, 1967)
    • D'ailleurs, de tous nos généraux, Wimpffen reste le seul à parler encore d'une percée vers l'est. Au reste, même à ses yeux, ce n'est plus désormais qu'une solution de désespoir, un moyen de sauver, sinon l'armée, du moins son honneur. — (Raymond Bongrand, 1870, Alsace, Metz, Sedan, Éditions des Dernières nouvelles d'Alsace, 1970, page 298)
    • Chacun mourait un peu du lourd désespoir dominical qui menaçait la campagne vide. — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, collection Le Livre de Poche, page 176.)
  2. État violent de l’âme causé par une affliction qu’on ne cherche pas à surmonter.
    • Peu à peu, après le grand désespoir de la première heure, la paix s'est faite dans le cœur de Jacques. — (Isabelle Eberhardt, Yasmina,1902)
    • Bientôt tes appels ne seront plus que rauquements de plus en plus sourds, beuglements de désespoir si fatigués qu'ils ne dépasseront plus ta gorge, étranglée de terreur. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Quand j'atteignais un rat d'un bon coup de fouet, le ronge-maille sifflait avec fureur, hérissait tous ses poils et s'élançait avec désespoir contre le fouet lui-même, instrument de sa torture. — (Anonyme, Varia, dans Revue moderne, V.41, 1867, page 668)
    • En général, la vue se heurte à des rochers serrés, à des amoncellements de prisons. Cette concentration trahit un désespoir paralysant comme une crampe : une sorte d’agoraphobie caractérise ces gravures. — (Carl Einstein, Gravures d’Hercules Seghers (1585-1645), Revue Documents n°4, septembre 1929)
  3. (Par hyperbole) Contrariété, souci.
    • Je suis sûr que j'ai rencontré depuis deux jours dans les rues les philosophes les plus illustres et les fonctionnaires les plus influents. C'est mon désespoir de ne pas les connaître. — (Pierre Louÿs, Aphrodite, Mercure de France, Paris, 1896)
  4. Ce qui désespère.
    • La conduite de ce jeune homme est le désespoir de ses parents.
  5. (Par extension) Jalousie ou envie de ce qui semble inaccessible.
    • Pour le désespoir des femmes, sa toilette était irréprochable, et toutes lui envièrent une coupe de robe, une forme de corsage dont l'effet fut attribué généralement à quelque génie de couturière inconnue. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
  6. (En particulier) Chose qui est en un si haut degré d’excellence qu’elle passe pour inimitable.
    • "L’Iliade " d’Homère est le désespoir, fait le désespoir de tous les poètes.

Antonymes modifier

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier