donner le bon Dieu sans confession
Étymologie
modifier- Composé de donner, le, bon Dieu, sans et confession.
- La locution découle directement de l’interprétation populaire de la théologie des sacrements catholiques.
- « Donner le bon Dieu » signifie ici recevoir la communion, interprétée comme « le corps du Christ », lequel est considéré comme de nature divine. Celui qui donne la communion, dans ce contexte, est considéré comme « donnant le bon Dieu ».
- Par ailleurs, la discipline sacramentaire veut que recevoir la communion ne peut se faire qu’en étant « en état de grâce », c’est-à-dire sans avoir sur la conscience des péchés non confessés (ce qui les efface).
- « on lui donnerait le bon Dieu sans confession » signifie donc que la personne n’a apparemment aucun péché à se reprocher, étant sous-entendu que ce n’est pas le cas.
- Et donc, le prêtre chargé de distribuer la communion (et de la refuser aux pécheurs notoires sans confession préalable) s’y laisserait tromper, et donnerait à la personne en question « le bon Dieu sans confession ».
Locution verbale
modifierdonner le bon Dieu sans confession \dɔ.ne lə bɔ̃ djø sɑ̃ kɔ̃.fɛ.sjɔ̃\ (se conjugue → voir la conjugaison de donner)
- Faire facilement confiance à une personne, sur la base de son apparence.
Imaginez-vous une gamine, oh ! si petite, si délicate, blonde et rose comme un petit ange, et douce avec ça, d’une douceur de sainte nitouche à lui donner le bon Dieu sans confession…
— (Émile Zola, La Bête Humaine, 1890)Un homme, monsieur le Curé, à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession et qui se débauchait avec des hétaïres.
— (Georges Feydeau, Le Bourgeon, 1906)Ils citaient même les filles qu’ils avaient eues : et, à beaucoup de celles qu’ils nommaient ainsi, on aurait donné le bon Dieu sans confession, tellement elles n’en avaient pas l’air.
— (Émile Guillaumin, La vie d’un simple, 1904, page 104)Ces filles, à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession, s’entendaient à faire leurs coups en cachette.
— (Émile Moselly, Terres lorraines, 1907)Oui, la première fois qu’on le voit on lui donnerait le bon Dieu sans confession, mais il y a des jours où il est poli comme une porte de prison.
— (Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe, 1922)« Tout de même, ma chère, tout de même, on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession, à cette petite. Diras-tu le contraire ? »
— (Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 103)Elle, elle a le même âge, vingt-six ans, et le diable au corps. Elle s'appelle Jacky Richardson. C'est une Anglaise. Au physique, on lui donnerait le bon Dieu sans confession : blonde, menue, ravissante, toujours souriante, douce, affable, l'eau qui dort et ne se ride jamais. En réalité, Jacky ne manque pas d'appétit. Et en amour, c'est une gloutonne.
— (Pierre Bellemare et Jacques Antoine, Le Temple de l'Amour, dans Les Dossiers d'Interpol 2, Éditions no 1, 1979)
Notes
modifier- S’emploie presque exclusivement dans un sens qualificatif, et ne se conjugue alors qu’au mode conditionnel.
Vocabulaire apparenté par le sens
modifierTraductions
modifier- Anglais : butter wouldn't melt in his mouth (en)
- Persan iranien : همچین قیافۀ معصوم گرفته که یکی نشناسه فکر میکنن اولاد پیغمبره (*)
Prononciation
modifier- France (Lyon) : écouter « donner le bon Dieu sans confession [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « donner le bon Dieu sans confession [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « donner le bon Dieu sans confession [Prononciation ?] »
- Aude (France) : écouter « donner le bon Dieu sans confession [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « donner le bon Dieu sans confession [Prononciation ?] »
Voir aussi
modifierRéférences
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (donner le bon Dieu sans confession), mais l’article a pu être modifié depuis.