Voir aussi : incomprehensible

Français modifier

Étymologie modifier

(XIVe siècle) Du latin incomprehensibilis, du préfixe in- « contraire de » et comprehensibilis « compréhensible ».

Adjectif modifier

Singulier Pluriel
Masculin
et féminin
incompréhensible incompréhensibles
\ɛ̃.kɔ̃.pʁe.ɑ̃.sibl\

incompréhensible \ɛ̃.kɔ̃.pʁe.ɑ̃.sibl\ masculin et féminin identiques

  1. Qui ne peut pas être compris.
    • La télépathie leur avait révélé sur Saturne des choses stupéfiantes. Sur Terre, ils ne découvraient que des faits incompréhensibles ou les faisant pouffer de rire. — (Benjamin De Casseres, Arcvad le terrible, traduction d’Émile Armand, dans Les Réfractaires, n°1, janvier 1914)
    • Considérant cela avec attention, il me vient d’abord en la pensée que je ne me dois pas étonner si je ne suis pas capable de comprendre pourquoi Dieu fait ce qu’il fait, et qu’il ne faut pas pour cela douter de son existence, de ce que peut-être je vois par expérience beaucoup d’autres choses qui existent, bien que je ne puisse comprendre pour quelle raison ni comment Dieu les a faites ; car, sachant déjà que ma nature est extrêmement faible et limitée, et que celle de Dieu au contraire est immense, incompréhensible et infinie, je n’ai plus de peine à reconnaître qu’il y a une infinité de choses en sa puissance desquelles les causes surpassent la portée de mon esprit : et cette seule raison est suffisante pour me persuader que tout ce genre de causes qu’on a coutume de tirer de la fin n’est d’aucun usage dans les choses physiques ou naturelles ; car il ne me semble pas que je puisse sans témérité rechercher et entreprendre de découvrir les fins impénétrables de Dieu. — (René Descartes, Méditations IV : Du vrai et du faux, 5)
    • C’est lui [Dieu] qui fait de grandes choses, qui en fait d’incompréhensibles et de miraculeuses qui sont sans nombre. — (Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, Bible, Job, IX, 10)
    • Quelle chimère est-ce donc que l’homme ! Quelle nouveauté, quel chaos, quel sujet de contradiction ! Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, amas d’incertitude, gloire et rebut de l’univers : s’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante, et le contredis toujours, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible'. — (Blaise Pascal, Pensées, seconde partie, article premier, V)
    • Tout ce qui est incompréhensible ne laisse pas d’être. — (Blaise Pascal, Pensées, art. XII, 9)
    • Incompréhensible que Dieu soit, et incompréhensible qu’il ne soit pas ; que l’âme soit avec le corps, et que nous n’ayons pas d’âme […] — (Blaise Pascal, ib. XXIV, 97)
    • Les absurdités où ils [les impies] tombent en niant la religion deviennent plus insoutenables que les vérités dont la hauteur les étonne ; et pour ne vouloir pas croire des mystères incompréhensibles, ils suivent l’une après l’autre d’incompréhensibles erreurs. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Oraison funèbre d’Anne de Gonzague, princesse palatine, 9 août 1685)
    • Il faut donc penser, chrétiens, qu’outre le rapport que nous avons du côté du corps avec la nature changeante et mortelle, nous avons d’un autre côté un rapport intime, et une secrète affinité avec Dieu, parceque Dieu même a mis quelque chose en nous, qui peut confesser la vérité de son être, en adorer la perfection, en admirer la plénitude ; quelque chose qui peut se soumettre à sa souveraine puissance, s’abandonner à sa haute et incompréhensible sagesse, se confier en sa bonté, craindre sa justice, espérer son éternité. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d’Angleterre, duchesse d’Orléans, 21 août 1670)
    • Saint Paul avait bien appelé le corps humain ressuscité un corps spirituel (I Cor. xv, 44, 46) à cause des qualités divines, surnaturelles et supérieures aux sens dont il était revêtu ; à plus forte raison, le corps du Sauveur, mis dans l’Eucharistie d’une manière si fort incompréhensible, pouvait-il être appelé de ce nom. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes, livre IV, § 7, 1688)
    • Car c’est là, mes chers auditeurs, tout le secret de cette félicité incompréhensible dont jouiront les saints dans le ciel. — (Louis Bourdaloue, Sermon pour la fête de tous les saints : Sur la récompense des saints)
    • J’abuserais trop de ma faible raison, si je cherchais à comprendre pleinement l’Être qui, par sa nature et par la mienne, doit m’être incompréhensible. — (Voltaire, Première homélie : Sur l’athéisme, 1765)
  2. (Moins rigoureusement) Qui est très difficile à comprendre.
    • L’action des doses infinitésimales, quelque incompréhensible qu’elle paraisse aux meilleurs esprits, eu égard à son intensité, et quel que puisse être le caractère d’infinitésimalité qu’on lui suppose, aura toujours un résultat positif. — (Gaspard-François-Charles Arréat, Éléments de philosophie médicale ou théorie fondamentale de la science des faits médico-biologiques, 1858, page 524)
    • […], une bande de soldats venant à passer, nous sommes témoins d'une razzia en règle. Mes gens ont une forte envie d'y prendre part, et je suis obligé d'avoir recours aux menaces pour les en empêcher. Il leur est incompréhensible que je ne veuille pas profiter de cette occasion excellente de devenir propriétaire d'un petit troupeau, considérant presque comme impie de refuser ainsi un « don d'Allah ». — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 53)
    • La prestidigitation de certaines courtisanes réussit des tours incompréhensibles — (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre II)
    • Subitement, du haut de notre perchoir, la cause de ce mouvement incompréhensible des glaces se révéla. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  3. Qualifie une personne dont on ne peut s’expliquer le caractère, la conduite.
    • Rabelais surtout est incompréhensible : son livre est une énigme. — (Jean de la Bruyère, I)

Synonymes modifier

Traductions modifier

Nom commun modifier

incompréhensible \ɛ̃.kɔ̃.pʁe.ɑ̃.sibl\ masculin singulier

  1. (Par substantivation) (Au singulier) Ce qui ne peut pas être compris.
    • Pourquoi former des êtres sensibles et malheureux ? Pourquoi le mal moral et le mal physique ? De quelque côté que je tourne mon esprit, je ne vois que l’incompréhensible. — (Voltaire, Dialogues et entretiens philosophiques, VII : Lucrèce et Posidonius, 1756)

Synonymes modifier

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Références modifier