Français modifier

Étymologie modifier

(XVIe siècle) Du latin irrecuperabilis (« irrémédiable »). Le mot existe déjà en moyen français (sans l’accent). On le trouve très rarement au XVIIIe siècle, avec un sens proche du latin[1]. Au XIXe siècle, il figure dans Archéologie française ou vocabulaire de mots anciens, tombés en désuétude, et propres à être restitués au langage moderne (1821)[2] et encore dans le Dictionnaire de l’ancienne langue française (1885)[3]. Sa réapparition au XXe siècle - à propos des blessés de la guerre 1914-1918 - en fait alors plutôt un dérivé de récupérable, avec le préfixe ir-.

Adjectif modifier

Singulier Pluriel
Masculin
et féminin
irrécupérable irrécupérables
\i.ʁe.ky.pe.ʁabl\

irrécupérable \i.ʁe.ky.pe.ʁabl\ masculin et féminin identiques

  1. Qui ne peut être récupéré.
    • Ou bien la perte est importante, irrécupérable et définitive, et, dans ce cas, il est indispensable de remplacer ce capital perdu par un capital nouveau, sous forme d’actions nouvelles et non par des obligations [...]. — (Philippe Guignabaudet, Le capitalisme social: Économie libérale dans le cadre d'un capitalisme dirigé, Plon, Paris, 1943)
    • Les coûts irrécupérables sont des dépenses d’investissement ( de R & D, industriel, etc.) réalisées dans le passé par la firme. — (Régis Dumoulin & al., La stratégie de A à Z, Dunod, Paris, 2010, page 46)
  2. (Militaire) Qui, à la suite de ses blessures ou traumatismes, ne pourra pas reprendre le combat.
    • [...] certains spécialistes affirmaient, d’autre part, que 50 pour 100 des blessés étaient irrécupérables, c’est-à-dire définitivement perdus pour l’armée. Ainsi il eût fallu compter 150 ou 200 hommes irrécupérables contre 100 morts sur le terrain. — (Pierre Boutroux, Nos effectifs (août 1914 - mars 1918), dans la Revue de Paris, 1919-07 (année 26 / tome 4), page 821)
    • Le chiffre total de la population russe était de 170 millions d’habitants en 1940. La perte est donc de 10% de l’ensemble. Il faut y ajouter trois millions de blessés irrécupérables. — (Gaston Bouthoul, Cent millions de morts, Sagittaire, 1946)
  3. Dont l’insertion ou la réinsertion est considérée comme impossible.
    • Les instituts médico-pédagogiques s’adressent aux arriérés moyens, partiellement récupérables, ou irrécupérables sur le plan scolaire, mais récupérables sur le plan professionnel et social. — (Archives de médecine sociale, volume 1, J.B. Baillère et fils, Paris, 1945, page 383)
    • Il arrive que parlant d'un enfant « à problèmes », scolaires, caractériels etc. on use de cette horrible expression : il est irrécupérable ! — (Georges Jean, Les Voies de l'imaginaire enfantin, éditions du Scarabée/CEMEA, Paris, 1978)
    • À lire absolument pour l’apologie des grands-parents maternels polytoxicos solidement rétablis et pour l’hymne d’amour à la mère indigne alcoolo, voleuse, menteuse, violente, abusive, droguée, irrécupérable. — (Le Papier de Verre, bulletin de l’URSA (Unité pour la recherche et les soins en alcoologie), Centre hospitalier des Quatre-Villes, Saint-Cloud, n° 54, janvier 2020, page 9)

Synonymes modifier

Quasi-synonymes modifier

Antonymes modifier

Traductions modifier

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
Masculin
et féminin
irrécupérable irrécupérables
\i.ʁe.ky.pe.ʁabl\

irrécupérable \i.ʁe.ky.pe.ʁabl\ masculin et féminin identiques

  1. (Militaire) Blessé qui ne pourra pas reprendre le combat.
    • A notre sens, il est impossible de comparer les irrécupérables des deux armées française et allemande. — (Abel Ferry, La guerre vue d’en bas et d’en haut : L'âme de 1793 est en bas. La bureaucratie est en haut, Grasset, 1920, page 130)
  2. (Péjoratif) Personne dont on juge l’insertion (dans un groupe, la société...) impossible.
    • « C’est un irrécupérable misogyne », songea, pessimiste, M. Thomas. — (Petru Cimpoesu, Siméon l’Ascenseurite, 2013)
    • On les choisit parmi les mauvaises têtes, ceux qui ont manqué de souplesse dans leurs rapports avec les Allemands, ceux qui font preuve de mauvaise volonté au travail, ceux dont on ne peut rien espérer de bon, les irrécupérables. — (Albert Vidalie, Les Verdures de l’Ouest, Julliard, Paris, 1963)
    • En dessous d’un trait rouge, les irrécupérables, les paumés des paradis artificiels, ceux qui s’enivrent de vertiges et d’espaces impossibles en hurlant leur mépris de la vie et de la mort... — (Edith Habersaat, L’Âge de feu, L’Âge d’homme, Lausanne, 1981)

Traductions modifier

Prononciation modifier

Références modifier

  1. « & combien la perte de son salut auroit été irrecuperable » : Conversion d'Enevold Brandt ci-devant comte, 1773.
  2. Charles Pougens ; chez Th. Desoer, Paris, tome premier, page 309.
  3. Frédéric Godefroy ; F. Vieweg, Paris, tome IV, page 610.