Français modifier

Étymologie modifier

  • Ancienne forme du verbe laisser, remplacée dans L’Astrée après l’édition de 1607 mais employée par Honoré de Balzac. Selon le dictionnaire de Roquefort, lairrer vient du latin linquere ou laxare. L’histoire des villes de la Gaule Belgique (1797) donne des détails plus intéressants : Lairrer, en langue wallonne qui aurait donné son nom à la ville de Lierre, viendrait du verbe laeren, « laisser », au prétérit laer, donnant laer, lier, leer, et loor. Son dérivé larris, terre inculte, aurait donné son nom anglo-saxon à un grand nombre de villages belges, comme Berkelaer par exemple, de même que -ham en anglais.
  • Emploi fréquent de lairray pour laisserait.

Verbe modifier

lairrer, lairray \Prononciation ?\ 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Désuet) Quitter, abandonner, laisser.
    • Si je l’avais lairré comme on m’a lairré, sans se connaître aux lettres, et que j’en eusse fait un ours, comme son père, il aurait des rentes… — (Honoré de Balzac, Illusions perdues, troisième partie : Les Souffrances de l’Inventeur)
    • Il déduisit ces raisons avecques solemnité, tenant sa barbe droicte et sa langue trez-Iongue, à ceste fin de lairrer au sire de Montsoreau le loizir de gaigner son lict. — (Honoré de Balzac, Contes drôlatiques, 1870)
    • Compère Guillery, Te lairras-tu (ter) mouri ? — (comptine de Compère Guilleri)
    • Lairrois et lairray ne sont plus dans la poésie mesme des mots supportables non plus que pardonrez et ilonray, dont on se servoit anciennement pour pardonnerez et donnerai. — (Claude Favre de Vaugelas, Remarques sur la langue Française, XVIIe s.)
    • C’est ainsi que ce hardi novateur [le Grand Corneille] substitue laisser à lairrer, donner à bailler, persuasion à suasion, pria : à loyer, imprévu à impourvu ; c’est ainsi encore qu’il supprime soulas, forcenerie, et les locutions décrépites se saouler à son dam, pour se contenter à ses périls ; mettre en cervelle, pour préoccuper, inquiéter. — (Eugène Fialon, Leçons d’histoire littéraire)
    • Allez, dans le caprice où votre humeur s’obstine,
      Vous ne méritez pas l’amant qu’on vous destine ;
      Et le Ciel, ennuyé de vous être si doux,
      Vous lairra par sa mort Don Sanche pour époux.
      — (Pierre Corneille, Le Cid, 1637, acte V, scène 4)
  2. (Sens figuré) Manquer (de faire, dire, être etc.). Note d’usage : en général utilisé sous forme négative.
    • […] ; en sorte que ce moi, c’est-à-dire l’âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu’elle est plus aisée à connoître que lui, et qu’encore qu’il ne fût point, elle ne lairroit pas d’être tout ce qu’elle est. — (René Descartes, Discours de la méthode, 1637, quatrième partie)
    • Mais je ne lairray de vous dire ce que je puis, selon ce que j'en connois
    • En sorte que si M. de Saint-Croix ou quelque autre lui offre une condition que vous jugiez lui être avantageuse, je ne lairrai pas de l'envoyer, pourvu toutefois que Rivel n'en sois point averti; — (Lettres de René Descartes, Nouvelle édition augmentée, "Arvensa", page 1864)
  3. (Argot) Assembler

Variantes modifier

Synonymes modifier

Traductions modifier

Moyen français modifier

Étymologie modifier

Selon le dictionnaire de Roquefort, lairrer vient du latin linquere ou laxare.

Verbe modifier

lairrer *\Prononciation ?\

  1. Quitter, abandonner, laisser.
    • Car aujourd'uy je suis à tel amye,
      Et est par moy monté en hault degré,
      A qui demain je seray ennemie,
      Et tout son heur je ne luy lairay mie,
      Aine donray tout ailleurs bon gré, mal gré.
      — (Danse aux aveugles)
    • Les Espaignolz nous vous lairrons, Les Espaignolz nous vous lairrons ; Le roy de France servirons ; (bis) — (Le Roux de Lincy, Recueil de chants historiques francaise: XVIe siècle, Chanson des aventuriers de France sur le départ du Roi pour la conquète du Milanais, 1515)
    • Ainsi sera en peu d’heure rengée
      A triste estat : & si souvent changée,
      Que mesme ceulx qui tenue l’auront
      En despitant la pauvreté lairront.
      — (François Rabelais, Gargantua, Enigme trouve es fondemens de l’abbaye des Thelemites)
    • Je me advise que soubz ma cotte
      Avoit une espee qui bien trenche:
      Je la lairray qu'on ne me l'oste
      En gaige de la repeue franche.
      — (Le recueil des repues franches de Maîstre François Villon et de ses compagnons, v. 193. 1480)
    • Je lairray donc ceste matière, tant soit elle de grant mistère. — (« Le eu des eschez amoureux, translaté de rithme en prose et exposé » 1401-1500)
    • De ce vous lairray je yci atant et quant lieux et temps sera, je vous en parleray moult bien et de leurs lignees dont il issirent ; — (Wauchier de Denain, Histoire ancienne ; Les Faits des Romains . - 1360-1400)

Variantes modifier

Dérivés modifier

Références modifier

  • Aubin Louis Millin ,François Noel, Israel Waren : Magasin encyclopédique: ou Journal des sciences, des lettres Volume 6, pages 197-200, [lire en ligne]
  • Bonaventure de Roquefort, Glossaire de la Langue Romane - vol. 1, p. 56
  • Frédéric GodefroyDictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage : ne donne que les termes larris et laier.