Français modifier

Étymologie modifier

(1969) De l’anglais meritocracy. Mot inventé par le sociologue britannique Alan Fox en 1956 dans un article de Socialist Commentary (mai 1956), comme terme ironique et négatif, et popularisé par le sociologue britannique Michael Young dans son livre de politique-fiction The Rise of the Meritocracy paru en 1958 et traduit en 1969 en français sous le titre La Méritocratie en mai 2033. À l'origine, sous la plume de Young le mot avait un sens péjoratif différent de celui d'aujourd'hui. L’auteur a délibérément associé son concept de manière analogique à « democracy » et « aristocracy »[1].

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
méritocratie méritocraties
\me.ʁi.tɔ.kʁa.si\

méritocratie \me.ʁi.tɔ.kʁa.si\ féminin

  1. Système politique, économique et social fondé sur le mérite (c'est à dire le talent et l’effort individuels) et non sur la reproduction sociale (système de classe), la richesse ou les relations individuelles (système de copinage).
    • Cette frustration s'explique principalement par les inégalités des chances d'accès aux différentes professions pour les individus appartenant aux diverses classes, ou encore par une absence de méritocratie. — (Mohamed Cherkaoui, Naissance d'une science sociale: la sociologie selon Durkheim, 1998)
    • Rachida Dati représenterait la version classique : une beurette travailleuse, ayant gravi une à une les marches de la méritocratie, essayant successivement la chaussure de vair de comptable, puis de magistrate et enfin de ministre. — (Najib Redouane, Pourquoi les filles des émigrés maghrébins en France prennent-elles la plume ?, dans Qu'en est-il de la littérature beur au féminin, sous la direction de Najib Redouane & ‎Yvette Szmidt, L'Harmattan, 2012, page 23)
    • La méritocratie est d’abord un schéma mental, qui sert l’idéologie néolibérale, en portant le soupçon et la honte sur la masse des perdants ; un mode de détermination d’« inégalités justes » qui justifie, en les essentialisant, les inégalités et les procédés de domination les plus intolérables. — (Girardot, Dominique. « Ordonner une société par le mérite, est-ce juste ? », Revue Projet, vol. 357, no. 2, 2017, pp. 79-83.)
    • Trop occupés à exalter le parcours exceptionnel des quelques miraculés scolaires parvenus à intégrer ces filières d’élite, les discours officiels vantant les bienfaits de la méritocratie oublient ainsi systématiquement le sort de tous les autres élèves issus de milieux défavorisés, vaincus d’une compétition inégale et auxquels on signifie qu’ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. — (Guilbaud, David. « Chapitre 6. Direction : le mur. Quelques-uns gagnent, tout le monde perd », L’illusion méritocratique. sous la direction de Guilbaud David. Odile Jacob, 2018, pp. 163-194.)
    • Cette méritocratie est un phénomène mondial : les étudiants américains bachotent avec un sérieux presque inquiétant; les enfants japonais, comme leurs parents, s'angoissent dès le primaire; va-t-on bientôt avoir raté sa vie dès l'âge de sept ans? — (Jean-Louis Servan-Schreiber, Le Retour du courage (1986), Albin Michel, 2022, page 65)

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Voir aussi modifier

  1. Harry Brighouse, 'Educational Equality, 2010, page 132