Voir aussi : Mœurs, moeurs

Français modifier

Étymologie modifier

(XIIe siècle) Du latin mos.[1]

Nom commun modifier

Invariable
mœurs
\mœʁ\
ou \mœʁs\

mœurs \mœʁ\ ou \mœʁs\ féminin au pluriel uniquement

  1. Habitudes, naturelles ou acquises, relatives à la pratique du bien ou du mal au sens de la morale.
    • Entouré de gens sans mœurs, j'ai imité leurs vices ; j'ai peut-être mis de l'amour propre à les surpasser. — (Laclos, Les Liaisons dangereuses, 1782)
    • Le premier devoir du législateur est de former et de conserver les mœurs publiques, source de toute liberté, source de tout bonheur social. — (Robespierre, Discours sur la peine de mort, le 30 mai 1791 au sein de l’Assemblée constituante)
    • Le pessimisme est tout autre chose que les caricatures qu'on en présente le plus souvent : c'est une métaphysique des mœurs bien plutôt qu'une théorie du monde ; […], — (Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
    • […]; ils ne se rendent aucun compte du progrès de nos mœurs ; encore moins soupçonnent-ils que leur pruderie archaïque fait rire jusqu’à ces enfants dont ils prétendent protéger la candeur. — (Anatole Claveau, La Moralomanie, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e édition, page2)
  2. (Absolument) Ces pratiques lorsqu’elles jouissent d’une bonne considération sociale.
    • Le rapport qui existe entre la doctrine chrétienne et la rectitude des mœurs, Taine le lui avait montré : chaque fois que l’homme se fait païen, il se retrouve voluptueux et dur. — (Abbé Paul Buysse, Vers la Foi catholique : L’Église de Jésus, 1926, page 189)
    • Avec la libération des mœurs, certaines femmes histrioniques vont aller plus loin en utilisant le sexe pour attirer l’attention. — (François Lelord et Christophe André, Comment gérer les personnalités difficiles, Odile Jacob, 1996, page 97)
  3. (Par ellipse) Police des mœurs, brigade des mœurs.
    • Bastien, affolé. — Ah ! mon Dieu ! la police ! la police !… Chauffez-vous ! v’là les mœurs ! — (Georges Feydeau, L'Hôtel du libre échange, 1894)
    • Or, il manquait, cette nuit, au harem de Binèche une quatrième « turfeuse ». Je sus qu’elle était de « couverte » et que les mœurs l’avaient emmenée. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
  4. Manière de vivre, usages, habitudes ou coutumes particulières de chaque nation.
    • La population de Saint-David m’intéressait fort par ses mœurs simples et naïves et parlait un curieux patois anglais plein d’expressions maritimes. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Chaque nation a ses mœurs et ces peuples ont des mœurs bien différentes des nôtres.
    • Ce voyageur a bien observé, a bien décrit les mœurs des pays qu’il a visités.
  5. Habitudes, inclinations, de la manière de vivre des individus.
    • À quoi servent les faits divers ? […]. En règle générale, à faire du très mauvais journalisme, caressant le lecteur dans ses pulsions malsaines quitte à pulvériser les lignes jaunes du métier : des « fait-diversiers » à l'ancienne aux voyous de l'empire Murdoch, les mœurs n'ont pas changé, seules les technologies évoluent. — (Nicolas Demorand, Trouble, dans Libération (journal), n° 9535, 7 et 8 janvier 2012, page 3)
    • Cet homme a des mœurs douces, des mœurs simples, des mœurs faciles, des mœurs sévères.
    • Nous adoptons facilement les mœurs de ceux que nous fréquentons.
  6. (Par extension) Habitudes naturelles des différentes espèces d’animaux ; habitudes qui résultent de leur instinct ; comportement éthologique.
    • Puis nous passons à l’histoire naturelle et étudions les mœurs des abeilles, des fourmis, des sauterelles et les vertus de certaines plantes médicinales. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 123)
  7. (Poétique ancienne) (Désuet) Ce qui concerne les habitudes morales du pays et du temps dont il est question dans un poème, dans une pièce de théâtre, ce qui est conforme au caractère des personnages qui y sont introduits.
    • Les mœurs sont parfaitement observées dans cette tragédie, dans cette comédie, dans cette épopée.
    • Ce poète observe bien, étudie bien, peint bien les mœurs.

Synonymes modifier

Ensemble d’usages :

Dérivés modifier

Traductions modifier

Traductions à trier modifier

Prononciation modifier

Note : D'après le dictionnaire Martinet-Walter, la prononciation /mœʁs/ était plus commune que /mœʁ/ en 1973, mais d’après le Petit Robert /mœʁs/ est une prononciation familière et d’après le Littré (fin du xixe siècle) « ce n’est pas une bonne prononciation »,[2] bien que les dictionnaires antérieurs au Littré ne présentassent que cette prononciation.

  • France (Vosges) : écouter « mœurs [mœʁ̥] »
  • France (Lyon) : écouter « mœurs [mœʁ̥s] »

Homophones modifier

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

Références modifier

Sources modifier

  1. Félix GaffiotDictionnaire latin français, Hachette, 1934 → consulter cet ouvrage
  2. « mœurs », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage

Bibliographie modifier