Français modifier

Étymologie modifier

(Nom commun 1) (1560) Dérivé de marron, avec le suffixe -ier. (1668) « marronnier d’Inde ».
(Nom commun 2) Tous les ans, aux premiers jours du printemps, un marronnier à fleurs rouges fleurissait sur la tombe des Gardes suisses tués lors de la journée du 10 août 1792, dans les jardins des Tuileries à Paris ; et tous les ans des articles paraissaient dans la presse pour s'en faire l'écho.[1] [2]
(Nom commun 3) Mot dérivé de marron (« guide des Alpes »), avec le suffixe -ier.

Nom commun 1 modifier

Singulier Pluriel
marronnier marronniers
\ma.ʁɔ.nje\
 
Un marronnier (2).

marronnier \ma.ʁɔ.nje\ masculin

  1. (Botanique) Châtaignier cultivé, dont le fruit, comestible, est plus gros que d’ordinaire (un seul par bogue).
    • Le Périgord , qui nous a procuré le marronnier franc, pourrait nous fournir encore une dizaine d’espèces ou plutôt de variétés de châtaignes que nous n’avons pas. — (Pierre Zaccone, Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Haute-Vienne : L’Agriculteur du Centre, 1860, page 128)
    • Jusqu’à ce jour, Collobrières ne devait sa réputation qu’aux succulentes châtaignes qu’y produisent ses gigantesques marronniers. — (Le Carillon : journal artistique et littéraire, (Toulon), 28 juillet 1872, page NP)
  2. (Par analogie) (Par ellipse) Marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum).
    • Les jours chauds et ensoleillés d’août avaient grillé les feuilles des marronniers des rues et des places exiguës; ces feuilles sont tombées et ont été remplacées par d’autres ainsi que par une seconde conpe de fleurs que les abeilles n’ont pas manqué de fréquenter quand la pluie ne les en empêchait pas. — (L’Apiculteur : journal des cultivateurs d’abeilles, marchands de miel et de cire, novembre 1886, page 321)
    • C’était un soir de mai. Les marronniers venaient de fleurir devant la mairie. On guettait les asperges dans les jardins. — (André Dhôtel, Le Pays où l’on n’arrive jamais, 1955)
    • Par les hautes fenêtres, on apercevait des tilleuls, des saules et des marronniers, qui sont les trois arbres les plus tristes de la Création. — (Yann Moix, Orléans, Grasset, « Le livre de poche », 2019, page 211)
  3. (Désuet) Vendeur de marrons chauds ou froids.
  4. Casier où les mineurs déposaient des jetons de présence nommés marrons.

Dérivés modifier

Traductions modifier

Nom commun 2 modifier

Singulier Pluriel
marronnier marronniers
\ma.ʁɔ.nje\

marronnier \ma.ʁɔ.nje\ masculin

  1. (Journalisme) Sujet qui revient de façon cyclique au fil des saisons (comme la floraison des marronniers d’Inde, au printemps) lorsque l’actualité est calme.
    • Dans notre métier, on appelle un « marronnier » un article qui, d’une banalité classique et inévitable, revient chaque année à date fixe, comme le marronnier des Champs-Elysées qui fleurit, chronométriquement, on le sait, lé 20 mars. « La première neige », voilà un « marronnier » ; « le marchand de marrons », voilà un autre « marronnier ». Quoi qu'il nous en coûte de publier des « marronniers », il en est un sur lequel nous sommes bien obligés de grimper à nouveau : c'est celui des allumettes. — (Excelsior : journal illustré quotidien, Pierre Lafitte, 26 novembre 1915, page 2)
    • Nous journalistes, appelons « marronniers » des sujets en forme de roues de secours que nous traitons lorsque l’actualité nous laisse en plan. La politique a ses marronniers. — (Philippe Alexandre, Marronnier, dans Le Bien public, nº 233, 2 octobre 2009, page 18)
    • Mais Amélie […] était tout à l’excitation de ce reportage, à l'exhumation du passé, à la rencontre de ces francs-maçons mystérieux, dont elle ne savait guère que ce qu'en racontaient les journaux dans leurs « marronniers » annuels sur les « frères trois points ». — (Jack Chaboud, Le tronc de la veuve, éditions Dervy, 2014)
    • Si l’on y ajoute d’autres marronniers, comme les recettes de soupes régionales, le charme des marchés de province, la haine de l’administration aveugle, les faits divers et l’insécurité, l’argent, le paysage dessiné par ce JT évoque une version folklorisée de la France des campagnes et des villages où la « tradition », le « vrai » et l’« authentique » résistent à l’urbanisation et à la modernité.— (« Mon JPP d’amour » : un hommage d’Acrimed, Acrimed, 13 novembre 2020)
  2. (Par analogie) Sujet de controverse récurrent entre contributeurs dans un forum ou un univers collaboratif virtuel.
    • Fait remarquable, nombre de ces conflits réapparaissent régulièrement dans Wikipédia, parfois quelques années après qu'on les a cru réglés. En langage wikipédien, on appelle ces litiges récurrents des « marronniers », terme dérivé du journalisme. — (Argument, volume XXIII, n° 1, automne-hiver 2020-2021, page 164)

Nom commun 3 modifier

Singulier Pluriel
marronnier marronniers
\ma.ʁɔ.nje\

marronnier \ma.ʁɔ.nje\ masculin

  1. Guide de montagne dans la région du Grand-Saint-Bernard.
    • Les marronniers étaient des montagnards qui faisaient le service de guides contre rémunération. Parfois ils exploitaient l’inexpérience de leurs clients en exigeant de gros prix. L’hospice avait aussi ses marronniers qu’il rétribuait et mettait gratuitement au service des voyageurs. — (Chanoine Lucien Quaglia, La Maison du Grand-Saint-Bernard, des origines aux temps actuels, Imprimerie Pillet, 1972, page 43)
    • Mais, placé en sentinelle par la religion sur ce roc aride et glacé, le religieux du Saint-Bernard veille depuis huit cents ans sur ces infortunés, et prête nuit et jour une oreille attentive, à travers le sifflement des vents, aux moindres cris qui ressemblent à une voix humaine. Depuis le mois de novembre jusqu’au mois de mai, chaque jour de grand matin , un vigoureux frère, qu’on appelle le marronnier, fait la descente de la montagne, portant du pain et du vin pour les voyageurs . Le marronnier est accompagné d’un ou de deux grands chiens, dressés à connaître et à frayer la route à travers tous les obstacles, et à découvrir à l’odorat les voyageurs qui seraient égarés ou ensevelis sous les neiges. Si le frère marronnier tarde trop et dépasse l’heure marquée, d’autres frères vont à la découverte ; et s’ils ne peuvent suffire à sauver et à conduire les voyageurs, l’un d’eux vient avertir la communauté. Aussitôt les religieux se précipitent dans les neiges, appuyés sur de grands bâtons. Accueillis, réchauffés et portés par ces anges tutélaires, les passagers arrivent à l’hospice, où ils sont comme sous le toit paternel. Le marronnier est exposé aux plus grands dangers, et l’on regarde comme une spéciale protection de la Providence que, de mémoire d’homme, aucun marronnier n’ait jamais péri. — (Jean-Joseph Rivaux, Cours d’histoire ecclésiastique à l’usage des séminaires)
    • Les chiens du Saint-Bernard, dont le célèbre Barry, ont accompagné les marronniers, ces guides qui parcouraient chaque jour les alentours de l’Hospice, venaient aux secours des passants en difficulté et assuraient leur sécurité […] 'il existait anciennement des corporations de marronniers dans les villages voisins — (« Marrons et marronniers de Montagne », in : Albert Dauzat, Le Français moderne, Éditions d’Artrey, 1954)

Variantes modifier

Prononciation modifier

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. (français) Philippe Vandel, Pourquoi dans la presse appelle-t-on un marronnier un "marronnier" ?, Les Pourquois?. Consulté le 03/01/2023
  2. Glossaire des termes de presse, Centre de formation des journalistes, collection « Les Guides du Centre de formation des journalistes », Paris, 1967, page 61

Ancien français modifier

Nom commun modifier

marronnier *\Prononciation ?\ masculin

  1. Variante de mairenier.
  2. Variante de marinier.

Références modifier

Moyen français modifier

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
marronnier marronniers
\ma.ʁɔ.nje\

marronnier masculin

  1. (Col du Saint-Bernard) Frère lai de l’hospice du Saint-Bernard, secouriste en montagne.
    • Les marronniers ou porteurs de St-Rhémy et d’Etroubles s’étant plaints auprès du nonce du Piémont de ce que l’hospitalité n’était pas exercée selon les règles et les coutumes au Gd-St-Bernard, le nonce condamna le prévôt Tillier à remédier à ce défaut. — (Archives du Grand-Saint-Bernard, AGSB 2734, 1594, 13 juin, Rome.)
    • Requête du prévôt Tillier adressée à l’évêque d’Aoste et à son official Christophe Guicharda, leur exposant que d’après les constitutions, les marronniers n’ont droit qu’à un quartier de pain et qu’on ne peut leur donner davantage, étant donné la diminution des rentes des quêtes. — (Archives du Grand-Saint-Bernard, AGSB 2735, 1595, Aoste).