matrimoine
Français modifier
Étymologie modifier
- Du moyen français matrimoine. Le terme apparaît en 1155 en ancien français, sous la forme de matremuine, puis matremoigne, avant de devenir matrimoine en 1408. Il désigne au départ les biens maternels.
Nom commun modifier
Singulier | Pluriel |
---|---|
matrimoine | matrimoines |
\ma.tʁi.mwan\ |
matrimoine \ma.tʁi.mwan\ masculin
- Biens qu’une personne a hérité de sa mère.
Les industriels, les commerçans, se font une éternelle concurrence ; le détenteur de vin prie Dieu de faire geler la vigne ; le meunier agioteur spécule sur la faim pour s’arrondir une belle fortune ; le frère gagne à la mort de sa sœur ; des fils désirent la fin de leur mère et se disputent au partage du matrimoine, à côté de son corps non encore refroidi ; des neveux, perdant patience devant la santé de l’oncle, l’empoisonnent pour jouir plus tôt de l’héritage ; le mari s’enrichit souvent de la mort de sa compagne, et on répète tous les jours sans indignation, ce féroce proverbe : mort de femmes, vie de chevaux tirent l’homme haut.
— (F.-J. Granger, Le Vigneron lorrain, entretien familier sur la politique et le socialisme, Suhaux frères, 1849, page 28)Telle famille, telle propriété. Quand la propriété prit forme et consistance, la transmission s’opéra au profit de la lignée maternelle. Le « matrimoine » précéda le « patrimoine ». Point n’est besoin de rapporter la « coutume de Bareges » ou celle des anciens Ibères.
— (Élie Reclus, Les primitifs : études d’ethnologie comparée : hyperboréens orientaux et occidentaux, Apaches, monticoles des Nilgherris, Naïrs, Khonds, Paris, 1885, page 186)Tant que tu n’auras pas établi le matrimoine, partageable entre tous tes fils, toi qui les bâtis de ton sang, de ton lait, de tes soins, de quel droit, dans l’intervalle d’iniquité, laisserais-tu envahir tes enfants d’un soupçon, pour semer la violence entre eux ?
— (Aurel, L’art d'aimer, 1927, page 147)
- (Sens figuré) Par symétrie avec le patrimoine, héritage culturel issu des femmes et notamment des créatrices.
Aussi peut-on considérer qu’en conférant à l’ensemble de la corporation cette distinction, le Gouvernement a montré qu’il était averti de l’existence chez les cheminots d’un esprit de corps si actif, si prononcé, que cette décoration collective serait ressentie par chacun de nous comme un bonheur particulier, comme un accroissement précieux de son matrimoine moral.
— (Louis Armand, Livre d'or des cheminots anciens combattants de la S. N. C. F., SEPPIG, Paris, c. 1949, page 7)Le « matrimoine » ? un mot fabriqué qui restera dans les dictionnaires sous cette définition simple : tout ce qui dans le mariage relève normalement de la femme.
— (Écho de la mode, nº 3, 21 janvier 1968, page 69)En réhabilitant la notion de matrimoine, le mot comme les femmes qui le composent, nous nous réapproprions l’héritage culturel qu’on nous vole : nous retrouvons dans la chambre de notre culture une autre bibliothèque, celle des compositrices, des conteuses, des clownesses, des plasticiennes…
— (Le matrimoine sur Maison de George Sand à Nohant)[Titre] Un guide de voyage pour promouvoir le « matrimoine » parisien
— (Adrien Naselli, « Un guide de voyage pour promouvoir le « matrimoine » parisien », dans Le Monde, 17 mai 2018 [texte intégral])A nous, musiciens et musiciennes, aucun “matrimoine” n’a été transmis ; on a été biberonné à l’idée du génie du grand compositeur, toujours un homme, sans jamais s’interroger sur le répertoire des compositrices.
— (« Pour découvrir le « matrimoine », un site consacré aux compositrices classiques trop longtemps éclipsées », dans Le Monde, 2 août 2020 [texte intégral])
Dérivés modifier
Traductions modifier
Prononciation modifier
- La prononciation \ma.tʁi.mwan\ rime avec les mots qui finissent en \an\.
- France (Saint-Maurice-de-Beynost) : écouter « matrimoine [ma.tʁi.mwan] »
- France : écouter « matrimoine [ma.tʁi.mwan] »
- Cronenbourg (France) : écouter « matrimoine [Prononciation ?] »
Voir aussi modifier
- matrimoine sur l’encyclopédie Wikipédia
- matrimoine culturel sur l’encyclopédie Wikipédia
Références modifier
- Ellen Hertz, « Le Matrimoine », dans Le Musée cannibale (musée d’ethnographie de Neuchâtel), 2002, page 153-168 [texte intégral]
- « Le matrimoine n’est pas un néologisme, mais un mot effacé par l’Histoire » sur France Culture, 29 janvier 2021
- « matrimoine », dans Louis Barré et Narcisse Landois, Complément du dictionnaire de l’Académie française, Bruxelles, Société typographique belge, Adolphe Wahlen et Cie, 1839 → consulter cet ouvrage
- « matrimoine » dans le Dictionnaire numérique Cordial.
- « mātrimōnium », dans le FEW (Französisches Etymologisches Wörterbuch), volume 6/1, page 499, 1922-2002 → consulter cet ouvrage
Anglais modifier
Étymologie modifier
- Du moyen français matrimoine.
Nom commun modifier
matrimoine \Prononciation ?\
Moyen français modifier
Étymologie modifier
- De l’ancien français matrimoynes.
Nom commun modifier
Singulier | Pluriel |
---|---|
matrimoine | matrimoines |
\Prononciation ?\ |
matrimoine *\Prononciation ?\ masculin
- Mariage.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
- Biens de la mère, ceux du père étant le patrimoine.
ilz ont consommé le matrimoine et j’ay gasté et consommé mon patrimoine
— (Guillaume Tardif, Les Facécies de Poge. Traduction du Liber facetiarum de Poggio Bracciolini, Librairie Droz, 2003 (1re édition c. 1490), page 100)- ils ont consommé le matrimoine et j’ai gâté et consommé mon patrimoine
Variantes orthographiques modifier
Références modifier
- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage
- « matrimoine », dans Dictionnaire du moyen français (1330-1500), 2010, 4e édition → consulter cet ouvrage
- « matrimoine », dans Edmond Huguet, Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, 1925-1967, p. page 179, tome V → consulter cet ouvrage