Français modifier

Étymologie modifier

(Date à préciser) Du latin mortificatio → voir mortifier.

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
mortification mortifications
\mɔʁ.ti.fi.ka.sjɔ̃\

mortification \mɔʁ.ti.fi.ka.sjɔ̃\ féminin

  1. (Médecine, Chirurgie) État d’un tissu ou d’un organe qui se décompose et devient comme mort.
    • La mortification du tissu cellulaire dans le premier cas, l'absence de cette mortification dans le second, établissent seules la différence entre ces deux affections. — (Auguste Nelaton, Éléments de pathologie chirurgicale, Paris : Germer Baillière, 1866, volume 1, page 135)
    • Sont considérées également comme blessures de guerre les gelures avec mortification tissulaire si elles ont été contractées dans une unité combattante, […]. — (Vincent Dang-Vu, L'indemnisation du préjudice corporel: L'indemnisation des victimes du terrorisme, les pensions militaires d'invalidité, L'Harmattan, 2010)
  2. (Cuisine) Action de garder certaines viandes pour qu’elles deviennent tendres et gagnent du fumet.
    • Le gibier, frais tué, a la chair plus dure et n'est pas toujours d'une grande saveur, si ce n'est le fumet du sauvage qui va s'amplifiant avec la mortification, le "faisandage" qui attendrit les viandes. — (Jean Boudon et Henri Rougier, Histoire du Dauphiné, Horvath, 1992, volume 2, page 360)
    • À tel point qu'un chef au firmament étoilé prétendait, il y a peu, la servir clandestinement simplement rôtie après trois jours de mortification au frigo ! — (Jean-Claude Ribaut, Voyage d'un gourmet à Paris, Calmann-Levy, 2014)
  3. Action par laquelle on mortifie son corps ou ses passions.
    • Des mortifications, des jeûnes les purifient. Ni froment, ni huile.. — (Émile Zola, Le Rêve, Georges Charpentier et Cie, Paris, 1888)
    • Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger. — (Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857)
    • L’indifférence de son mari et la maussaderie de son père la condamnaient à une solitude dont elle souffrait, mais qu’elle offrait à son Créateur comme la plus grande mortification de sa vie, ainsi qu’elle le disait elle-même en inclinant la tête et en abaissant les paupières. — (Julien Green, Le voyageur sur la terre, 1927, Le Livre de Poche, pages 23-24)
    • Par mortification, d’ordinaire, elle ne prend pas de sucre, mais il faut bien nourrir l’enfant qu’elle porte. Un morceau, puis un second, tombent dans le crémeux liquide. Mathilde prononce en silence un benedicite, choisit une tranche de pain bis, la beurre, et s’adonne sérieusement à la douceur de manger. — (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux, 1974, collection Folio, page 146)
  4. (En particulier) (Religion) Pratique d'ascèse religieuse consistant à s'imposer une souffrance, en général physique, dans le but de progresser spirituellement.
    • Le premier soin du confesseur sera donc d'affermir dans la vie spirituelle les personnes qui s'adonnent à la piété : ensuite , suivant leur condition , leur santé et leur ferveur, il leur permettra quelques mortifications corporelles. — (Thomas Gousset, Théologie morale à l'usage des curés et des confesseurs, Paris : Jacques Lecoffre et Cie, 1861, volume 2 (12e édition), page 403)
    • Il y a souvent chez eux, avez-vous ajouté, des exagérations de mortification que vous êtes les premiers à condamner chez les mahométans et les idolâtres. — (Abbé Pinard, Dictionnaire des objections populaires contre le dogme, la morale, la discipline et l'histoire de l’Église catholique, publié par Jacques Paul Migne, 1860, page 107)
  5. Accidents fâcheux qui arrivent dans la vie.
    • Les maladies sont des mortifications que Dieu nous envoie.
  6. (Sens figuré) Chagrin, humiliation qu’on fait éprouver à une personne par quelque réprimande ou par quelque procédé dur et fâcheux.
    • Non ; la grande et l’unique cause de l’expédition de Crimée, qui a coûté à la France 100 000 hommes et trois empreints de 500 millions chacun, a été la mortification vivement ressentie par le nouvel empereur des Français de n’avoir pas été appelé par l’empereur de Russie : « Mon bon frère ». — (Émile de Girardin, en préface de Le dossier de la Guerre de 1870, 23 septembre 1877)
    • Ils avaient tort, dès lors, de se sentir, à certains instants atteints dans leur dignité : ces petites mortifications – demander d’un ton peu assuré le prix de quelque chose, hésiter, tenter de marchander, lorgner les devantures sans oser entrer, avoir envie, avoir l’air mesquin – faisaient-elles aussi marcher le commerce. — (Georges Perec, Les Choses, Julliard, 1965, réédition 1984, pages 50-51)

Traductions modifier

Antonymes modifier

Prononciation modifier

Références modifier