Français modifier

Étymologie modifier

(1776) Écriture en toutes lettres de « pas à qui est-ce » (« je ne sais pas à qui est-ce ») avec une liaison en t entre « pas » et « à » : « pas t-à qui est-ce ».

Notes modifier

Cette locution attestée et clairement définie par Pierre Laujon en 1776 (voir citation), a eu diverses variantes telles que pat-à-qu’est-ce ou pataqu’est-ce et finalement donné au XIXe siècle le mot pataquès[1].
Une anecdote totalement fantaisiste a été inventée pour en expliquer l’origine. Elle semble être apparue pour la première fois sous la plume de Charles Henrion en 1799-1800 (an VIII du calendrier républicain). Elle visait à se moquer des « parvenus », anciens roturiers enrichis par la Révolution, accédant aux plaisirs de l’esprit naguère réservés à la noblesse, sans posséder son éducation ni son savoir-vivre :
« Voici les traits les plus saillans recueillis sur leur compte.
Une femme aux premières loges laisse tomber son éventail dans le parterre. Un homme qui connaissait les usages, veut le lui rapporter ; mais il se trompe de loge, et la dame à qui il le présente lui dit : - Monsieur, ce n'est pas-t-à moi. - Dans ce cas, reprit-il ironiquement, je ne sais pas-t-à qu'est-ce ! C'est bien heureux qu’elle ne l’ait pas gardée C'était la femme d'un fournisseur. » — (Charles Henrion, Encore un tableau de Paris, Favre, 1799-1800, chapitre XXV : Nouveaux riches - Nouveaux parvenus, page 83)
Si Henrion ne présente pas explicitement cette anecdote comme étant à l’origine de la locution, le pas est franchi quelques années plus tard dans une nouvelle version nettement enrobée, signée François-Urbain Domergue, toujours orientée contre les parvenus de l’époque révolutionnaire (en l’occurrence, les compagnes de deux sans-culottes enrichis « par les agios », un ancien laquais et un savetier). Domergue y présente l’expression comme un « mot nouveau »... alors que, née sous l’Ancien Régime, elle était déjà attestée depuis près de trente ans.[2]. L’anecdote créée par Henrion, enjolivée par Dormergue et reprise ensuite sous des formes diverses pour expliquer l’origine de pataquès, est totalement apocryphe.

Locution nominale modifier

Invariable
pas ta qui est-ce
\pa ta ki ɛs\

pas ta qui est-ce \pa ta ki ɛs\ masculin

  1. (Désuet) Liaison fantaisiste (notamment t à la place de s) entre les mots utilisée humoristiquement dans les parades (comédies populaires préfigurant le théâtre de boulevard) du XVIIIe siècle.
    • Aussi, la liberté de la Parodie & de l’ancien Opéra comique, les quolibets, les allusions ridicules, les fausses liaisons, ou pas ta qui est-ce ? (pour me servir du mot qui sert, en style de Parade, à désigner les « s » mises au lieu des « t », & les « t » au lieu des « s ») les jeux de mots enfin sont du ressort de la Parade. — (Pierre Laujon, Les A propos de la folie ou Chansons Grotesques, Grivoises et Annonces de Parade, 1776, page IV)

Notes modifier

L’auteur inclut le point d’interrogation dans la locution : « pas ta qui est-ce ? »

Variantes modifier

(Liste probablement partielle !)

Traductions modifier

  1. Collectif, sous la direction de Bernard Quemada, Datations et documents lexicographiques, Klincksieck, 1989, page 209
  2. François-Urbain Domergue, Manuel des étrangers amateurs de la langue françoise, Guilleminet, 1805, pages 464-465