Français modifier

Étymologie modifier

On considère généralement que cette expression vient du surnom donné à Roger de Collerye (1468-1536), secrétaire de l'évêque d'Auxerre, réputé être un homme d'humeur joviale, ayant présidé à Auxerre une société facétieuse. En effet, celui-ci aurait écrit à propos de lui-même :
Je suis Bon Temps qui d'Angleterre
Suis icy venu de grand erre
En ce pays de l'Auxerrois.
Dans La langue racontée[1], la linguiste Anne-Marie Beaudoin-Bégin souligne toutefois qu'il existe une occurrence plus ancienne de l'expression. En effet, le personnage de Roger Bontemps figurerait sur une tapisserie du Livre de Coeur d'amour épris, écrit entre 1457 et 1470 par René Ier d'Anjou. Sous l'image, on peut lire :
Icy parle Rogier bontemps et dit ainsi
Quand je regarde simples cuers ainsi prendre
Et mal baillir par leurs tres grans folies
Et nul nest pris a mercy pour loy rendre
Jen ay mon cuer repris sans plus attendre
Pour ty le mettre avecques les oublies

Nom commun modifier

roger-bontemps \ʁɔ.ʒe.bɔ̃.tɑ̃\ masculin invariable

  1. (Familier) (Vieilli) Personne de belle humeur et qui vit sans aucune espèce de souci.
    • Un gros roger-bontemps.
    • C’est un vrai roger-bontemps.

Variantes orthographiques modifier

  • Roger Bontemps
    • Les vieux confrères me prennent pour un optimiste, un Roger Bontemps, les jeunes de ton espèce pour pour un croquemitaine, ils me trouvent trop dur avec mes gens, trop militaire, trop coriace. — (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, 1936, réédition Le livre de poche, 1968, page 19)
    • Je me souviens avec précision de la première fois où j'ai entendu l'expression « Roger Bontemps ». J'étais avc ma mère dans un magasin de souliers à Victoriaville. Il y avait un couple de personnes âgées et l'homme marchait d'un air drôle en essayant des bottes. Sa femme lui a dit en rien : « T'as l'air d'un Roger Bontemps! » [...] Plus tard, quand j'étais à l'université, un ami qui venait de la Côte-Nord a voulu expliquer le sens du mot débonnaire à une collègue, et il a utilisé l'expression « être Roger Bontemps », pour se reprendre rapidement en disant : « Ah non, c'est une expression qui vient de mon village, ça! » Évidemment, cette expression ne venait pas de la Côte-Nord. […] Toujours est-il que l'expression « Roger Bontemps », pour faire référence à une personne débonnaire ou qui se fout des conventions […], a fait son petit bonhomme de chemin depuis le XVe siècle, et s'est rendue jusque dans les foyers québécois. Elle est même présente en créole haïtien. Elle est également attestée dans la huitième édition (et seulement celle-là) du Dictionnaire de l'Académie française (1932-1935), avec la définition « il se dit d'une personne de belle humeur et qui vit sans aucune espèce de souci ». — (Anne-Marie Beaudoin-Bégin, La langue racontée, éditions Somme toute, Montréal, 2019, pages 53-54)

Traductions modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Références modifier


  1. Anne-Marie Beaudoin-Bégin, La langue racontée, éditions Somme toute, Montréal, 2019, pages 53-54.