Français modifier

Étymologie modifier

(XVIIe siècle) De sabre.
L’expression populaire « sabrer le champagne » est une corruption de « sabler le champagne », qui s’appliquait à tous les vins et signifiait « faire cul sec ». De même que les fondeurs jettent précipitamment la matière fondue dans le moule de sable, on jette du vin dans le gosier et c’est par cette ressemblance que l’on dit « jeter en sable » ou « sabler un verre de vin ».
La pratique du sabrage de champagne remonterait au XIXe siècle et aux hussards de la garde napoléonienne qui, au retour de la bataille, rendaient ainsi un vibrant hommage à la victoire, à la vigueur, à la virilité et aux dames : d’un revers de lame, ils faisaient sauter le bouchon, geste spectaculaire et magistral lorsque élégamment exécuté.
Il est tout à fait possible de sabrer le champagne sans avoir de sabre. Bien utilisé, le dos d’un couteau suffit.

Verbe modifier

sabrer \sa.bʁe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Frapper à coups de sabre.
    • Quand je passais à côté de lui, il frisait sa moustache d’un air féroce et roulait de gros yeux, comme s’il eût voulu sabrer un cent d’Arabes. — (Alphonse Daudet, Le petit Chose, 1868, réédition Le Livre de Poche, page 54)
    • Des phrases sinistres couraient : le général avait fui ; la cavalerie sabrait les tirailleurs dispersés dans la plaine des Nores. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, 1871)
    • Tous étaient debout, […], car ils étaient décidés à repousser les troupes assaillantes, eux qui, deux ans plus tôt, avaient été sabrés par les dragons à Bélair, aux portes de Charleville. — (Henri Manceau, Des luttes ardennaises, 1969)
  2. (Par hyperbole) Manier vivement un objet tranchant.
    • Armé d'un coupe-papier, tu sabres la liasse sous blister, survoles fébrilement l'introduction où Jean-Paul expose les mérites comparés des bétons […], et à la vingt-deuxième ligne c'est la victoire, il manque un s à « spectres granulométrique ». — (Julia Deck, Viviane Élisabeth Fauville, Éditions de Minuit, 2012, chapitre 11)
  3. (Sens figuré) Biffer, supprimer, faire de larges coupures dans un texte, dans un budget, etc.
    • Elle ne s’était pas même retournée, tout entière au pastel qu’elle sabrait en ce moment de larges coups de crayon. — (Émile Zola, Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893)
    • Nous serions également coupables parce que nous aurions, de concert, impitoyablement sabré les demandes de crédits formulées par les services du ministère de la Guerre. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
    • Le facteur apportait enfin de gros paquets mous, on coupait les ficelles avec des ciseaux ; mon grand-père dépliait les placards, les étalait sur la table de la salle à manger et les sabrait de traits rouges ; à chaque faute d’impression il jurait le nom de Dieu entre ses dents mais il ne criait plus sauf quand la bonne prétendait mettre le couvert. — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 39)
    • Sabrer de longues tirades. - Il faudra sabrer dans ce texte.
  4. (Populaire) Ouvrir une bouteille (généralement de champagne) d’un coup de sabre.
    • Ils ont sabré le champagne.
  5. (Sens figuré) (Vieilli) Expédier une affaire avec précipitation, sans se donner la peine de l’examiner.
    • On a sabré ce dossier.

Dérivés modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

  •   sabrer figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : vin.

Traductions modifier

Prononciation modifier


Paronymes modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier