Français modifier

Étymologie modifier

(XIIe siècle) Du latin populaire *sīfilāre[1], variante régionale du latin sībilāre ; comparable à l’espagnol chiflar, de même sens.
(XIIe siècle) sifler ; (XIIe siècle) cerpent cifle ; (XVIe siècle) siffler avec deux f par un rapprochement avec souffler.
Variantes : (XIIe siècle) chifler ; (XIIIe siècle) sible ; (XIVe siècle) cyfler ung levrier ; (XVIe siècle) sublant ou sifflant, lequel que l’on voudra, ou tous les deux, une chanson.

Verbe modifier

siffler \si.fle\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Émettre un son aigu, soit avec les lèvres, soit en soufflant dans un sifflet, dans une clef forée, etc.
    • Le roulier lui mit du foin sur le corps, et, pour ne pas s'endormir lui-même, il se prit à siffler à satiété une phrase de chanson lente et monotone ; […]. Cette sifflerie m'impatientait. — (George Sand, « Nanon », chapitre 15, dans la série des Œuvres complètes, Paris : chez Michel Lévy frères et à la Librairie nouvelle, 1872, page 189)
    • Je suis follement humiliée, parce que je n’ai jamais pu siffler. Chez Vertuchou, les mannequins disaient que celles qui ne savent pas siffler c’est des femmes froides ! — (Colette, Le toutounier, 1939)
    • D'où mon irritation contre ceux qui pratiquent le « ne pas se gêner », soit en fumant malgré l'affiche qui l'interdit, […], soit (ceci pour les Américains) en sifflant à tue-tête, sans se soucier un seul instant de ce qu'ils imposent leur sifflerie à une assemblée qui ne la leur demande point. — (Julien Benda, Mémoires d'infra-tombe, collection La Nef/éd. René Julliard, 1952, page 34)
    • Soudain, un bruit suraigu résonna dans le pub de Jersey : Isabelle, debout sur une table basse, sifflait en agitant les bras sous les regards interrogateurs des autochtones.
  2. Chanter, en parlant de certains oiseaux.
    • Le pré dégageait une odeur de terreau humide, une marouette sifflait dans les roseaux au sud. Son chant sonnait comme des gouttes d'eau qui tombaient. — (Kurt Aust, La confrérie des invisibles, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, City Édition, 2010, chapitre 8)
  3. Produire le son aigu que font entendre les serpents quand ils sont en colère.
  4. Produire le son aigu que font entendre quelques animaux, comme les cygnes, les oies, etc., quand ils sont en colère.
    • Quand j’atteignais un rat d’un bon coup de fouet, le ronge-maille sifflait avec fureur, hérissait tous ses poils et s’élançait avec désespoir contre le fouet lui-même, instrument de sa torture […] — (Anonyme, Varia, dans Revue moderne, volume 41, 1867, page 668)
  5. Crier, en parlant de la marmotte.
    • Les ronflements des deux braves épuisés couvrirent une fois encore le cri de l'alouette qui turlute, […], de la gelinotte qui glousse, de la marmotte qui siffle, et bien d'autres bruissements d'animaux qu'il serait une fois encore trop long d'énumérer ici... — (Anne Pouget, Quelle épique époque opaque, Éditions Casterman Jeunesse, 2013, chapitre 3)
  6. Émettre un son aigu, en parlant du vent, d’une flèche, d’une balle de fusil, etc.
    • Je ne saurais dire notre douleur : nous avions peur d’avoir été indignes des nôtres, et les obus nouveaux nous sifflaient aux oreilles comme, au théâtre, la colère d’un public déçu. — (Jules Vallès, L’Insurgé, G. Charpentier, 1908)
    • Les rafales d’une violence inouïe, accès de colère de Wottan ou de Thor, tombent des hauteurs en sifflant et soulèvent des tourbillons d’embruns qui sillonnent la mer. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • […] ses deux garçons étaient tisserands, et dans ce vieux nid on entendait grincer les métiers et siffler les navettes du matin au soir. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
  7. Faire entendre un sifflement en respirant.
    • On l’entend siffler quand il dort. — Sa poitrine siffle.
    • Il siffle en parlant : Sa prononciation est accompagnée d’un certain sifflement.
  8. (Transitif) Exécuter un air en sifflant.
  9. (Transitif) Appeler en sifflant.
    • Siffler son chien.
    • (Absolument) Il n’a qu’à siffler : Il n’a qu’à faire connaître sa volonté pour être obéi.
  10. (Sport) Avertir par un coup de sifflet
    • M. Garrido siffle deux coups francs l'un après l'autre, le premier pour une faute de Neeskens, le second pour une main de Van de Korput à une vingtaine de mètres sur la droite du but de Van Breukelen.— (Thierry Roland, Mes plus grands moments de football , Larousse, 2012, page 237)
  11. (Transitif) Accueillir avec des sifflements, à coups de sifflet, pour marquer sa désapprobation.
    • On a sifflé sa pièce.
    • Cette comédie a été sifflée.
    • Cet acteur a été sifflé.
    • PROMENADES DANS TOULOUSE – Mon soldat, hier (il est de Bar-le-Duc), m’en disait du mal. « Ils sont menteurs, craqueurs toujours, et ce ne sont pas des gens qui aient des mœurs. — Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? — Eh bien, quand ils sont au théâtre, ils sifflent, sifflent, ils font un tapage d’enfer, enfin ce sont des brutaux. Ils respectent le soldat, sans cela il y aurait toujours ici des querelles. » — (Hippolyte Taine, Carnets de voyage : Notes sur la province, 1863-1865, Hachette, 1897)
    • Il avait été du petit groupe de ceux qui défendaient passionnément le musicien de Tannhäuser, que les membres du Jockey Club s’étaient donné le mot pour aller siffler, se distribuant pour cette tâche agréable des sifflets d’argent marqués au nom de l’opéra détesté. « On s’embête aux morceaux d’orchestre et on se tanne aux airs. » « C’était presque ne pas être Français que ne pas rire. » Bêtise au front d’airain… — (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux, 1974, collection Folio, page 180)
  12. (Transitif) (Sens figuré) Désapprouver, accueillir avec dérision, avec mépris.
    • Si vous faites cette proposition, on vous sifflera.
  13. (Transitif) (Populaire) Boire d’un trait.
    • Il est là, derrière, ce tas de pierres, dit Alain, il a sifflé le litre comme il aurait sifflé un petit verre, il dort comme une brute et il va cuver son trois-six jusqu'à demain matin. — (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, tome 2, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, p. 121)
    • – Sors une bouteille ou deux de falerne, que demain nous viendrons siffler avec toi. — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
    • Je sifflai rapidement mon cocktail, et comme je n’avais jamais bu une goutte d’alcool, pas même de vin que je n’aimais pas, j’eus vite fait de quitter la terre. — (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 379)
    • Mais les types en train de siffler la bouteille de scotch douze ans d'âge qu'il s'était payée la veille, ça non, pas d'accord.— (Frédéric Lasaygues, Le Chien de Goya, 1991)
    • Les deux nervis après avoir sifflé leurs verres quittèrent le bar, un petit salut amical au coin du bitos. — (Jean-Luc Blanchet, Marée blanche en Atlantique, Geste éditions, 2010, chapitre 6)
    • Jed revint avec un pack de Stella Artois. Franz en siffla une cul sec, au goulot, avant de reprendre la parole. — (Michel Houellebecq, La carte et le territoire, 2010, J’ai lu, page 197)
    • Les rares consommateurs entraient en coup de vent, buvaient un canon sur le pouce, filaient ventre à terre. Un groupe de déménageurs vint bruyamment siffler quelques pots puis disparut. — (David Morgon, Mort d'un loufiat, French Pulp éditions, 2019, chapitre 2)

Synonymes modifier

Dérivés modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

  •   siffler figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : boisson.

Hyponymes modifier

Traductions modifier

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Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier