Français modifier

Étymologie modifier

Attesté au moins en 1776 (voir l’exemple), déformation par syncope de la locution ne voilà-t-il pas.

Locution verbale modifier

v’là-t-i’ pas \v‿la.ti pa\ invariable

  1. (Désuet) (Familier) Ne voilà-t-il pas ; avez-vous bien constaté (comme moi que … ?) ; est-ce bien vrai (que … ?)
    • V’là-t-i’ pas qu’on les r’garde ! — (“Suzon la Camarde”, Les À propos de la folie ou Chansons grotesques, grivoises et annonces de parade, Bibliothèque Mirault, 1776, p. 286)
    • Eh bian ! la, n’v’là-t’y pas qu’à présent je soupire ? — (M. Favart, La Feste d’Amour, ou Lucas et Colinette, in Théâtre de M. Favart, ou recueil des Comédies, Parodies & Opera - Comiques qu’il a donnés jusqu’à ce jour, avec les Airs, Rondes & Vaudevilles notés dans chaque Piece, Théâtre italien, Tome cinquième, Duchesne, Paris, 1783, p. 51)
    • — Ah ben ! par exemple, c’est trop fort, s’indigna Marie Calumet, en levant les bras au ciel. V’là-t-y pas c’t’écervelée qui voudrait faire boire des saloperies à m’sieu le curé : du lait, ousque c’te saprée chatte s’est promenée le derrière pendant une demi-heure. — (Rodolphe Girard, Marie Calumet, ch. XVI, Montréal, 1904)
    • Je t’nais toujours la chose et v’là t’y pas que ça m’bougeait dans les mains et qu’c’était plus chaud qu’la queue d’un serpent. Pour sûr y avait quelqu’un entre ma Berthe et moi. — (Michel Hérubel, Les Héritiers de l’enfer, Éditions Fayard, 1973, part. 2)
  2. (Par ellipse) (Familier) Ne me dites pas (que…) ; Non mais, c’est pas vrai (que…).
    • Michel. C’est ça, vantez-moi… v’là-t’y pas !… parce que j’ai soin de vous…, Est-ce que je suis pas votre fils ?… est-ce que vous n’êtes pas ce que j’ai de plus cher au monde ?… — (Cognard frères, Plus de loterie ! : vaudeville en un acte, créé le 14 janvier 1836, scène 7, Le Magasin Théâtral, imprimerie Dondy-Dupré, 1836, p. 7)
    • Quand je suis arrivée, le personnel s’est dit : « Oh ! là ! là ! déjà que c’est une affaire familiale, v’là-t’y pas qu’on va hériter de la petite-fille ! » — (André Harris et Alain de Sédouy, Les Patrons, 1977, p. 30)
  3. (Par ellipse) (Familier) Soudain, contre toutes attentes […] ; c’est insensé : […].
    • V’là-t’y pas qu’en entrant sur le pont de Montereau… brinn !… patapouf !… crrra !… c’te brute de diligence nous flanque dans un fossé ! — (Eugène Labiche, La femme qui perd ses jarretières, créée à Paris le 8 février 1851, scène 3 ; réédition Eugène Labiche : Œuvres Complètes, n° 118, lci-eBooks, 2016)
    • En moins de deux, v’là t’y pas que Dick s’est mis à parler de tuer Mr. Clutter. — (Truman Capote, De sang-froid récit véridique d’un meurtre multiple et de ses conséquences, 1966, page 202)

Notes modifier

Le choix de la forme vedette v’là-t-i’ pas est sans doute arbitraire. Les fréquences d’apparition des différentes formes seraient très laborieuses à déterminer du fait que les moteurs de recherche ne tiennent compte ni de la ponctuation, ni des accents.
La notion interrogative du sens (1) est aujourd’hui désuète. La locution appelle moins aujourd’hui une réponse ou même un point d’interrogation. Les sens modernes (2) et (3), soulignent un constat surprenant, montrent l’incongruité, l’invraisemblance de ce qui se passe, ainsi que sa soudaineté aussi.
Pour la classification de ce mot comme locution verbale, voir voilà. La locution ne voilà-t-il pas se comporte comme une véritable proposition, et se relie par que (ou qu’) au reste de la phrase.[1]

Variantes orthographiques modifier

Prononciation modifier

Références modifier

  • [1] : Robert Le Bidois, L’inversion du sujet dans la prose contemporaine (1900-1950), 1952, p. 82.