Voir aussi : vertú

Français modifier

Étymologie modifier

Du latin virtus qui désigne l’énergie morale, la force ; venant du nom latin vir, il était possible qu’elle désignât la qualité virile par excellence ; le mot a pris un sens moral dans un contexte chrétien, et il est devenu le symbole de la notion de recherche du bien dans toute chose. Mais le mot a gardé une valeur proche de son sens originel dans quelques expressions (par exemple : « la vertu des plantes médicinales » = l’efficacité des dites plantes ; → voir infra).

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
vertu vertus
\vɛʁ.ty\

vertu \vɛʁ.ty\ féminin

  1. (Au singulier) Disposition ferme, constante de l’âme, qui porte à faire le bien et à fuir le mal.
    • La vertu est un effort fait sur nous-mêmes pour le bien d'autrui, dans l'intention de plaire à Dieu seul. — (Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, 1788)
    • Supposez maintenant un demi-criminel, comme Lucien qui, sauvé d’un premier naufrage de sa vertu, pourrait s’amender et devenir utile à son pays, il périra dans les traquenards de l’instruction. — (Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1838-1847, troisième partie)
    • Qu’est-ce que la vertu ? Au sens où l’entend son restaurateur, c’est sans doute la probité et le désintéressement, c’est ce genre d’intégrité qui rend un fonctionnaire ou un mandataire inaccessible à toutes les tentations, à toutes les corruptions […]. — (Anatole Claveau, « La Vertu », dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e édition, page 43)
    • Oscar Wilde n’inspire plus de colère, même aux sectaires de la vertu. Tous n’ont plus, pour lui et pour son martyre, que de la pitié douloureuse. — (Octave Mirbeau, La Mort de Balzac, 1907)
    • Le texte exact de Platon est : « Dans l’ordre des vertus, la sagesse est la première; la tempérance vient ensuite; le courage occupe la dernière place. » Platon entend ici par courage […] l’aptitude de l’homme à affronter la mort. — (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, édition revue et augmentée, Grasset, 1946, p. 205, note 1)
    • Privé de tout accommodement, de ses fards, de ses sourires et de ses ruses, le vice a peu de chance de séduire la vertu la plus chancelante. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928 ; Préface de la 3e édition de 1929)
  2. (Par extension) Personne vertueuse.
    • Les vertus farouches n’aiment pas les demi-périls. — (Léon Frapié, La Boîte aux gosses, 1907, page 63)
    • — Les qualités morales, n’est-ce pas ? Est-ce que c’est par là que M. de Sainte-Austreberthe brille ? Je vous demande pardon de n’avoir pas pensé à cela, mais je ne me doutais pas que M. de Sainte-Austreberthe avait de légitimes prétentions au prix de vertu. — (Hector Malot, La Belle Madame Donis, 1873)
  3. Dispositions particulières propres à telle ou telle sorte de devoirs ou de bonnes actions.
    • J’avais fixé à huit heures le moment du départ. Mais si l’exactitude est la politesse des rois, elle n’est pas assurément une vertu des caravaniers marocains. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 26)
    • La patience est la principale vertu réclamée à l’explorateur polaire, dit Nansen, mais la prévoyance est la seconde. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • M. Fabre représentait l’Honneur, la Loyauté, la Probité, la vie régulière et laborieuse, le livret de Caisse d’Épargne, le pain gagné à la sueur d’un front d’exploité, — bref tout ce que les bourgeois proclament des lèvres comme des vertus civiques. — (Émile Armand, La revanche des « bandits tragiques », dans Les réfractaires, no 2, février-mars 1914)
    • Les vertus peuvent être trafiquées, les dépravations, elles, sont réelles. — (Klaus Kinski)
    • Cette trahison se colore de grands mots. Aimer son pays c’est toujours, selon l’opinion régnante, aimer la gloire, la richesse, et le pouvoir. Cette vertu est un peu trop facile. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 236)
  4. Chasteté, pudicité, surtout en parlant des femmes.
    • Au milieu d’un monde corrupteur, cette femme a su conserver sa vertu.
    • Lorenzo. – De grâce, seigneur, ayez quelque pitié pour elle ; dites quand vous voulez la recevoir, et à quelle heure il lui sera loisible de vous sacrifier le peu de vertu qu’elle a. — (Alfred de Musset, Lorenzaccio, 1834, acte IV, scène 1)
    • Comme il affectait un profond mépris pour la vertu des femmes, il ne voulait point se persuader qu’aucune pût lui résister. — (George Sand, Jeanne, 1844)
    • J’accepte Hélène. Je la rendrai à Ménélas. Je possède beaucoup plus d’éloquence qu’il n’en faut pour faire croire un mari à la vertu de sa femme. — (Jean Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu, II, 13, Bernard Grasset, Paris, 1935)
  5. Pouvoir de produire un certain effet.
    • Il est de fait que le mercure sur lequel on fait bouillir de l’eau, communique à ce liquide la vertu la plus vermifuge ; […]. — (Jean Antoine Chaptal, Élémens de chimie, volume 2, Deterville à Paris, 2e édition, an III (1794 ou 1795), page 373)
    • Puis nous passons à l’histoire naturelle et étudions les mœurs des abeilles, des fourmis, des sauterelles et les vertus de certaines plantes médicinales. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 123)
    • Ces messieurs étaient attablés autour de vichy-fraise et de vittel-cassis, innocents breuvages qui, […], jouissent d’une rassurante vertu, laissant le cerveau lucide quand on se voit obligé de boire souvent et qu’on ne veut pas courir le risque de s’enivrer. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • L’usage du cresson de fontaine est bien vieux, et de tout temps cette crucifère à goût poivré a passé pour avoir des vertus spéciales, dépuratives et antiscorbutiques, […]. — (Cultivez le cresson de fontaine : la santé du corps, dans Almanach de l’Agriculteur français - 1932, éditions La Terre nationale, page 28)
  6. (Religion) Un des chœurs de la hiérarchie des anges.
    • Je sais que vous gardez une place au Poète
      Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
      Et que vous l'invitez à l'éternelle fête,
      Des Trônes, des Vertus, des Dominations.
      — (Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857, extrait du poème Bénédiction)

Synonymes modifier

Antonymes modifier

Dérivés modifier

Proverbes et phrases toutes faites modifier

  • vous avez bien de la vertu (se dit à quelqu’un que l’on voit s’imposer une obligation que l’on n’accepterait pas volontiers soi-même)

Traductions modifier

Prononciation modifier

Voir aussi modifier

Références modifier

Ancien français modifier

Étymologie modifier

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Nom commun modifier

vertu \Prononciation ?\ féminin

  1. Vertu.

Moyen anglais modifier

Étymologie modifier

De l’ancien français et de l’anglo-normand.

Nom commun modifier

vertu *\Prononciation ?\

  1. Vertu.

Dérivés dans d’autres langues modifier

Moyen français modifier

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Nom commun modifier

vertu \Prononciation ?\ féminin

  1. Vertu.