voilà pourquoi votre fille est muette

Français modifier

Étymologie modifier

Vient de la réplique de Sganarelle, parlant de Lucinde, fille de Géronte, dans la comédie Le Médecin malgré lui de Molière. La forme exacte est :
« Qui est causée par l’âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… Ossabandus, nequeys, nequer, potarinum, quipsa milus. Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette. »
Elle est employée à la fin d’un long raisonnement pseudo-médical.

Locution-phrase modifier

voilà pourquoi votre fille est muette \vwa.la puʁ.kwa vɔ.tʁə fi.j‿ɛ mɥɛt\

  1. Employé au sujet d’un discours, d’un raisonnement, obscur, qui n’aboutit à rien, peu rigoureux.
    • Et voilà pourquoi votre fille est muette! fit le député. — Et ainsi de suite. Tout cela pour expliquer la nature de l’univers ! — (Camille Flammarion, Histoire du ciel, 1872)
    • Rare la bouche pensante qui n’ânonne sur tous les tons décadence, décadence ; et comme ça rime avec France, ne cherchez plus, voilà pourquoi votre fille est muette. — (Catherine Rannoux, Les fictions du journal littéraire, 2004)
    • Vous vous en souvenez, le Conseil d’Organisation des Retraites, avait prévu, à quarante ans […] des choses qu’il serait bien incapable de mettre en mots à quatre jours. Et de tout cela il ne ressortait qu’une chose, comme les médecins de Molière, abracadabra, voilà pourquoi votre fille est muette, voilà pourquoi vous n’aurez plus le droit à la retraite. — (Jean-Luc Mélenchon, Discours de clôture du IIe Congrès du Parti de Gauche, 21 novembre 2010)
    • Ce que les enfants, maîtres en logique, ne peuvent pas supporter, ce que les adultes, au bout d’une vie de pratique, ne connaissent toujours pas ; les fautes qui foisonnent non seulement dans notre environnement visuel quotidien, mais dans les meilleurs éditions et sous les meilleures plumes… dites-le, oui, vous y êtes… ce sont ces inventions de nos ancêtres, inventions d’un temps, qui ont eu leur heure, mais qui n’ont plus aucun sens pour nous ; ces lettres qui ne sont même pas étymologiques, qui ont changé dix fois au gré des époques, pour lesquelles nul, ni maître, ni grammairien, ni correcteur, ni surtout académicien, n’est plus capable de trouver une justification, « disparues sans laisser de traces » : ce sont les lettres entièrement et uniquement historiques, consonnes doubles nasales et accent circonflexe en premier lieu. Voilà pourquoi votre fille est muette, et comment elle peut, si vous l’en débarrassez, recouvrer au moins le goût de la santé. — (Nina Catach, Les Délires de l’orthographe, 1989, page 308)

Traductions modifier