Français modifier

Étymologie modifier

(Siècle à préciser) De l’ancien français chipe (« chiffon »).

Verbe modifier

chiper \ʃi.pe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Familier) Dérober un objet de peu de valeur. Prendre ce qui est à autrui.
    • Une paysanne oubliait-elle son seau au bord du puits, il chipait le seau. — (Nicolas Gogol, Les Âmes mortes, 1842, traduction de Henri Mongault, 1949)
    • Sur la boîte qu’elle me tend, je lis : Blanc gras des artistes, rachel.
      — Mais, c’est du blanc de scène, ça ! Où l’avez vous chipé ?
      — Je ne l’ai pas chipé. Je l’ai acheté parce que j’en avais besoin. Il doit être un peu rance, depuis le temps.
      — (Colette, La Retraite sentimentale, 1907)
    • Le docteur chipait une demi-heure entre deux visites. J’en faisais autant entre deux articles. — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Salons et Journaux, Grasset, 1917, réédition Le Livre de Poche, page 314)
    • Parfois tout devenait mou et faisait un bruit de gencives. Le pas était absorbé par quelque chose de spongieux. Une minute après, on sentait de l’eau dans ses chaussures, et un arbuste vous chipait votre chapeau. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 174)
    • O le souvenir de ces heures de lectures chipées sous les couvertures à la lueur de la torche électrique ! — (Daniel Pennac, Comme un roman, Gallimard, 1992, page 15)
    • La cité mosane prospère tant et si bien qu’en 1905, elle réussit à chiper à Bruxelles la célébration du 75e anniversaire de l’indépendance, tout en affirmant sa différence, sa « wallonitude ». — (Christine Renardy, Liège et l’Exposition universelle de 1905, 2005, page 18)
  2. (Argot) Faire tomber amoureux ; énamourer.
    • Leur instinct, leur vitalité, leur substance les jette vers la pâture ; une irrésistible séduction les chipe aux entrailles. — (Léon Frapié, Le sou, dans Les contes de la maternelle, 1910, éditions Self, 1945, page 180)
    • Devant la blancheur et l’éclat
      de son cou plus blanc que l’albâtre
      Je lui dis : « Quel coup de théâtre,
      Quel coup du ciel, quel coup d’État ! »
      « Oh ! fit-elle d’un p’tit air honnête,
      « Vous n’connaissez que mon coup d’tête,
      Mais vous serez chipé, je l’crains,
      Quand vous connaîtrez mon coup de rein ! »
      — (air « C’est une gamine charmante », tiré de l’opérette « Phi-Phi », paroles d’Albert Willemetz et Fabien Sollar, musique d’Henri Christiné 1918)
    • Ça n’aurait pas duré, ça ne pouvait pas durer avec ta femme […] Je suis arrivé, sans le savoir, au moment précis… J’avoue que j’ai été chipé, ce qui s’appelle chipé. Qu’arrivera-t-il ? — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 163)
    • Voyons, petit, tu sais bien que la frangine à Louis, la Nénette, est chipée pour ta pomme — (Jean Galtier-Boissière, La Bonne vie, Bernard Grasset, 1925)
    • Je ne sais pourquoi j'allais danser
      A Saint-Jean au musette,
      Mais quand un gars m'a pris un baiser,
      J'ai frissonné, j'étais chipée
      Comment ne pas perdre la tête […]
      (Mon amant de Saint-Jean, chanson, 1942, paroles de Léon Agel.) — → lire en ligne)
  3. (Travail du cuir) (Vieilli) Donner le chipage aux peaux.

Synonymes modifier

Dérober

Traductions modifier

Prononciation modifier


Homophones modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier