ciseaux d’Anastasie

Français modifier

Étymologie modifier

 
Madame Anastasie d’André Gill. Caricature parue en 1874 dans le journal satirique L'Éclipse (n° 299).
Allusion à une caricature d’André Gill parue en 1874 en page de titre du journal satirique L'Éclipse (n° 299)[1]. Le personnage, une vieille femme appelée « Madame Anastasie » portant un bonnet et sur laquelle est perché un hibou, tient une paire de ciseaux d’une taille démesurée. Un personnage tenant des ciseaux est cependant attesté auparavant[2].
Dans les années 1870, un ministre de l’Intérieur français, Ernest Picard, a été baptisé « Ernest Communiqués » à cause des mots qu’il utilisait. Un journal qu’il attaquait fréquemment a décidé de le baptiser « Anastasie Communiqués » parce que ce prénom était régulièrement utilisé dans les vaudevilles de cette époque. La censure a aussi été surnommée « Anastasie Censure »[3].

Locution nominale modifier

ciseaux d’Anastasie \si.zo d‿a.nas.ta.zi\ masculin pluriel

  1. (Littéraire) (Au pluriel) Censure d’État.
    • C’est d’ailleurs à travers elle que le roman le plus célèbre de la Première Guerre mondiale est publié et, chose étonnante, aucune de ses pages n’est la proie des « ciseaux d’Anastasie ». Est-ce parce que Le Feu est qualifié de fiction ? — (Stéphanie Dalbin, Visions croisées franco-allemandes de la Première Guerre mondiale : Étude de deux quotidiens : la Metzer Zeitung et L’Est Républicain, Convergences/Peter Lang, 2007, page 2)
    • Elle se bâtit pour cela son propre microcosme, espace ouvert aux vérités les plus secrètes, sur la toile d’internet, loin des ciseaux d’Anastasie, des monitions du PAF, du corps des médiacrates qui distribuent l’imprimatur. — (Frédéric Mathieu, D’un plateau l’autre : Le journalisme à la sentine, à compte d’auteur, 2011, page 111)
    • La censure sévirait partout et en tous lieux, à commencer par les réseaux sociaux, ces bûchers numériques, ces piloris à hashtags. Ces nouveaux ciseaux d’Anastasie couperaient, lacéreraient, déchiquetteraient la moindre plaisanterie lancée en public, à la télévision, à la radio ou sur YouTube. — (Benoît Hopquin, L’humour et la censure, « c’était mieux avant » ?, Le Monde. Mis en ligne le 31 décembre 2023)

Références modifier