Équivalent de l’anglais city ?

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« City

1. En anglais, ou, plus exactement, dans la langue anglaise parlée en Amérique (au Canada et aux États-Unis), le mot city a pris une acception que ne connaît pas le français académique : celle de grande ville. Par contagion, le parler canadien-français a donné à cité le même sens un peu modifié, c'est-à-dire celui de grande ville dotée de certains privilèges administratifs. De là, dans le langage courant, on n'hésite pas à passer à celui de ville considérable, purement et simplement.
2. C'est que nous oublions le sens du mot cité. «Cité et ville n'étaient pas des mots synonymes chez les anciens. La cité était l'association religieuse et politique des familles et des tribus; la vile était le lieu de réunion, le domicile et surtout le sanctuaire de cette association.» (Fustel de Coulanges, La Cité antique, 151). Dans la langue moderne en français moderne s’entend, cité n’est pas devenu synonyme de ville. La cité désigne «le corps des citoyens, la ville considérée comme corps politique» (Hatzfeld et Darmesteter), acceptions abstraites du terme, qui rapelle le sens ancien. Par extension, on en est venu à appeler cité «la partie la plus ancienne d’une ville, considéré comme son berceau» (la Cité de Paris, comme the City à Londres, ou la Cité de Carcassonne par opposition à la ville nouvelle), puis «une réunion de maisons qui forment un groupe à part. Spécialement, cité ouvrière, destinée à loger économiquement des familles d’ouvriers» (Ibid.). C’est ainsi encore qu’on dit La cité universitaire de Paris. «Depuis la fin du XIe siècle, se forment en France des villes nouvelles dans les grands domaines ruraux, beaucoup plus nombreuses même que les anciennes cités romaines; c’est ce que prouve le nom même ui en français désigne toutes les villes; villa était le terme latin appliqué au grand domaine rural; le nom romain de cité n’est resté qu’au vieux quartier où résidait l’évêque» (Seignobos, Hist. sincère de la nation fr., 160), En Angleterre, City a le même sens qu'en France. Une City n’est pas une large town. «The senate of the large town» (Wells, Outline of History, 484).
3. Toutefois, une «charte royale» accorde parfois à une ville coloniale le rang et les privilèges de «cité» : c’est alors une distinction purement honorifique. Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, obtint cette distinction, avant la Confédération et George VI l’a accordée à Nairobi, capitale du Kenya, en 1950.

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— (La Nouvelle revue canadienne, volume 3, numéros 1 à 3, 1953, page 91)

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