Français modifier

Étymologie modifier

(Nom commun 1) (Début du XVIIIe siècle). Par ellipse du verbe dans la locution verbale faire binet qui signifiait « économiser chandelles et bougies en les brûlant jusqu'au bout.».
Le sens deux relève de la perception globale de la bougie comme placée sur un petit plateau : le mot est utilisé dans ce sens au XVIIIe siècle par le marchand-mercier Lazare Duvaux et par le bronzier François Remond[1].
Le sens cinq est un néologisme du dernier quart du XXe siècle[2], vraisemblablement dérivé du sens deux. Peut-être en rapport avec le mot binette, la tête du chandelier est parfois nommée « binet ».[3]
(Nom commun 2) (1838) Variante de binot par changement du suffixe -ot en -et.
(Nom commun 3) (1874[4]) Aphérèse de cabinet ; la métonymie vers un club étudiant (ces clubs utilisant initialement les « binets » comme locaux) date de la deuxième moitié du XXe siècle.

Nom commun 1 modifier

Singulier Pluriel
binet binets
\bi.ne\
 

binet \bi.ne\ masculin

  1. (Vieilli)[5] Petit plateau métallique rapporté sur le haut du chandelier, qui porte une pointe en son centre pour y piquer et mettre à finir de brûler les bouts de bougie non complètement consumés.
    • Paire de flambeaux portant une coquille sur le binet, un ornement rocaille sur le fût, et des canaux tournants sur la cloche. — (Exposition rétrospective de l'art français au Trocadéro (catalogue), Paris : Impr. L. Danel, 1889, page 217)
  2. (Milieu du XVIIIe siècle) (Par isomorphisme avec le sens précédent) Porte-bougie composé d’un petit vase monté sur un petit plateau : tous les luminaires de cette époque adoptant cette disposition (petits bougeoirs, chandeliers de boîte à jeux), et les porte-lumières des lustres, des appliques, des candélabres et des girandoles se trouvent parfois nommés ainsi.
    • Deux candélabres, formés par une bacchante debout, portant un thyrse qui se divise en trois branches torses portant des binets, reliées par des feuilles de lierre. — (Exposition universelle de 1867 à Paris, Catalogue général publié par la Commission Impériale: Histoire du travail et monuments historiques, 1868, volume 2, page 516)
    • Il s'ensuit que les bougies, entrant toujours dans les binets ou godets avec une grande rectitude, sont tenues suffisamment et sont droites sans qu'il soit nécessaire de les y ajuster en les grattant lorsqu'elles sont trop grosses, […]. — (Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844, 1888, page 8)
  3. (Vieilli) (Par métonymie) Chandelier permettant le réglage de la hauteur de la chandelle, pour brûler la chandelle jusqu’au bout.
    • Me voici, bonne Perpétue, dit Baisemon en se présentant avec son binet à la main, quel événement est donc survenu, qui trouble le repos de notre nuit ? — (Paul de Kock, La Pucelle de Belleville, 1834)
  4. (Vieilli) Fond de chandelier mû par un ressort dans le corps du luminaire.[6]
  5. (Dernier quart du XXe siècle) Petit vase qui contient la base de la bougie. Note : Employé dans ce sens, le mot binet permet de lever l’ambiguïté du double sens de bobèche (voir bobèche).

Synonymes modifier

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

  •   binet figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : chandelier.

Traductions modifier

Nom commun 2 modifier

Singulier Pluriel
binet binets
\bi.ne\

binet \bi.ne\ masculin

  1. Petite charrue légère qui sert à biner.

Variantes modifier

Nom commun 3 modifier

Singulier Pluriel
binet binets
\bi.ne\

binet \bi.ne\ masculin

  1. (Argot polytechnicien) (Archaïsme) Cabinet, bureau d’un membre du personnel, ou par extension toute petite salle qui peut servir de local pour une certaine activité, scolaire ou extra-scolaire, à l’École polytechnique.
    En particulier, le cabinet de service (aussi appelé « binet de ser »), où est tenue une permanence pour la gestion des affaires courantes.
    • Ma caisse n’est pas arrivée à bon port ; elle a été arrêtée au binet ; le basoff m’a laissé prendre mes gants, mon sac, la boîte ronde et les petits secs. — (Henri Poincaré, lettre à sa mère, février 1875)
    • J’ai fait hier une tentative pour te voir dans ton binet à l’école et j’ai appris ainsi que tu n’avais pas de binet et que tu ne viens que dans le second semestre. — (Henri Poincaré, lettre à Henri Becquerel, 1892)
    • À l’entresol, entre les deux étages de salles d’étude […], il y a toute une série de binets désignés par un numéro : binet de l’aide-major, réservé à la visite médicale journalière des malades, binets des colleurs où les répétiteurs font passer les examens et qui servent aussi de binets de musique à l’heure de la récréation ; ce sont de petites salles basses, éclairées par une fenêtre semi-circulaire au ras du parquet et fermées par une porte pleine. — (Albert Lévy et Gaston Pinet, L’Argot de l’X, 1894)
  2. (Argot polytechnicien) (Par métonymie) Club, association étudiante organisée autour d’une activité extra-scolaire ou d’un quelconque aspect fédérateur, à l’École polytechnique.
    • Je fais partie de trois binets : le Ski club, le binet Théâtre et le binet Ch'ti.
    • Elle a même monté un binet cette année pour enseigner le rock lillois, la danse que pratique sa mère. — (L’Étudiant, L’X, une vie de campus, 2011)

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier

  1. Pierre Verlet, Les bronzes dorés français au XVIIIe siècle, page 352.
  2. Emploi de mots nouveaux ou de MOTS ANCIENS dans un sens nouveau. Larousse classique. 1946.
  3. Bernard Deloche, Philippe Boucaud, Le luminaire d’argent en France, Université Jean Moulin, 1988, p. 40. « Par binet on désigne aujourd’hui le petit cylindre en douille destiné à recevoir la bougie. »
  4. Lettre d’Henri Poincaré à sa mère, début 1874 [1] [2].
  5. Antoine Furetière, Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois, tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts, édition de 1701.
  6. selon le dictionnaire de Bescherelle ; Henry Havard, Histoire de l'orfèvrerie française, Paris, 1896, t. III, p. 754.