Français modifier

Étymologie modifier

Composé de même et de farine.
Cette locution a été employée très tôt en français. Ainsi, Pierre-Louis Ginguené, répondant à Madame de Genlis qui le raillait d’avoir utilisé cette tournure, écrivait : « Madame, de même farine, pour dire de même espèce, est un terme d’école usité de temps immémorial. Pour peu que vous eussiez ouvert nos anciens auteurs, Montaigne, par exemple, vous y auriez trouvé cent fois, tantôt de même farine, en français, tantôt ejusdem farinæ en latin. »[1] Un autre auteur précisait : « Cette expression est prise des pains qui, étant composés de la même farine, devaient avoir tous le même goût, et s’applique généralement à tous les objets qui doivent avoir les mêmes qualités et les mêmes défauts ».[2] Les dictionnaires anciens, cependant, soulignaient déjà le caractère péjoratif de la locution. Selon Furetière (1692), « les gens de même farine sont des vauriens, des personnes également prêtes à mal faire », et pour l’Académie française (1694), ce sont « des gens qui sont sujets à mèmes vices, ou qui sont de même cabale ». C’est ce sens qu’a retenu aussi le Littré.[3]
Note : On utilise de manière interchangeable les formes de même farine et de la même farine.

Locution adjectivale modifier

de même farine \də mɛm fa.ʁin\ invariable

  1. (Péjoratif) (En parlant de personnes) De même nature, de la même espèce.
    • On a dit qu’il aurait comploté contre la vie d’une trentaine de scélérats, tels que Thuriot, Fréron, Collot-d’Herbois et Tallien, qui étaient des charançons de même farine, ou des scorpions de même roche que lui. — (Renée-Caroline-Victoire de Froulay, Souvenirs de la marquise de Créquy de 1710 à 1803, Garnier frères, 1873, t. 8, p. 207)
    • Sont de même farine tous ceux qui vous parlent de leurs amours envolés, de la tombe de leur mère, de leur père, de leurs souvenirs bénis, qui baisent les médailles, pleurent à la lune, délirent de tendresse en voyant des enfants, se pâment au théâtre, prennent un air pensif devant l’Océan. Farceurs ! farceurs ! et triples saltimbanques ! qui font le saut du tremplin sur leur propre cœur pour atteindre à quelque chose. — (Gustave Flaubert, Correspondance, lettre à Louise Colet, 5-6 juillet 1852)
    • Eh, bien ! qu’est-ce que vous en ferez de votre argent, quand votre fils sera mort ? Est-ce que vous avez envie de vous remarier à mon compatriote Garnier ou a quelque drôle de la même farine ? — (Élie Sauvage, Mirette, Librairie des auteurs, 1867, p. 67)
    • Je déclare d’abord, ma chère mère, que je ne voudrais pas, pour tout l’or du monde, me voir en peinture à Nevers. Nonobstant, cette petite restriction établie, je dois avouer que cette capitale mérite amplement la visite des artistes, archéologues et autre insectes de même farine. — (Louis Gonse, Voyage dans le midi de la France : lettres écrites en août, septembre et octobre 1867, E. Cagniard, Rouen, 1868, p. 8-9)
    • Mais j’étais résolu à montrer, ce soir-là, que nous autres, conteurs gaulois, nous savons être aussi graves, quand cela nous plaît, que les procureurs, les esthéticiens, les hommes politiques, les moralistes et autres gens de même farine, dont la tâche est de distiller l’embêtement sur leurs contemporains. — (Armand Silvestre, Les Merveilleux Récits de l’amiral Le Kelpudubec, P. Ollendorff, 1885, p. 300)
  2. (Péjoratif) (En parlant de choses) De même nature, de la même catégorie.
    • Mais, sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine. — (Molière, Le Malade imaginaire, 1673, acte II, scène 5)
    • Par son air et sa taille il n’était guère plus considérable que les écoliers ; mais d’une voix enrouée il criait sans cesse : « Vive la Ligue ! vive la sainte Union ! Dieu damne le Béarnais ! mort aux Bourbons ! » et mille autres sornettes de même farine. — (Paul Lacroix, Mémoires de Gabrielle d’Estrées, Mame et Delaunay-Vallée, 1829, t. 1, p. 224)
    • Je crois que tu penserais autrement, citoyen marquis, si tu connaissais réellement l’état de l’opinion publique, que ton devoir serait pourtant d’étudier autre part que dans les colonnes du Figaro et autres feuilles de la même farine. — (Touchatout, Les 50 Lettres républicaines de Gervais Martial, ouvrier, recueillies par Touchatout, 1875, p. 43)

Variantes modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Références modifier

  • [1] Charles-Louis de Sevelinges, Mme la Comtesse de Genlis en miniature, ou Abrégé critique de ses mémoires,, J.-G. Dentu, Paris, 1826, p. 309.
  • [2] C. de Méry, Histoire générale des proverbes, adages, sentences, apophthegmes dérivés des mœurs, des usages, de l’esprit et de la morale des peuples anciens et modernes, Delongchamps, Paris, 1828, t. 1, p. 202. Cet auteur ajoute que la locution se trouve en latin dans les Satires de Perse : « Sin tu, cum fueris nostræ paulo ante farinæ », ce qu’il traduit par : « Mais comme vous êtes pétri de même pâte que nous ».
  • [3] « farine », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage