Français modifier

Étymologie modifier

De poitrine.

Verbe modifier

poitriner \pwa.tʁi.ne\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Chanter avec une voix de poitrine.
    • Un contralto ne doit pas poitriner, même dans le grave; — (Pierre Bonnier, La voix, sa culture physiologique : théorie nouvelle de la phonation, 1907)
    • Certes, c’est tout à fait son style propre, mais il est intéressant d’entendre comment, alors qu’il assure sans doute l’accompagnement à la guitare, la chanteuse poitrine un peu, joue de rubatos très professionnels (ici une lenteur gouailleuse, là quelques notes pressées de séductrice un peu hautaine), jette çà et là des notations qui tiennent à la fois d’une lecture très méticuleuse du texte (avec un effet et une intention à chaque vers), et de l’autoportrait d’une Parisienne qui n’a ni l’œil ni la langue dans la poche. — (Bertrand Dicale, Brassens ? , Flammarion, Paris, 2011)
  2. (Anjou) (Vendée) Rabattre les cartes sur sa poitrine pour les cacher.
    • Il s’amusa à voir les partenaires « poitriner » leur jeu, en tenant leurs cartons près du corps, tout en essayant de découvrir si l’adversaire possédait quelques-unes des cartes majeures : la vache ou le borgne. — (Michel Ragon, Les Mouchoirs rouges de Cholet, Albin Michel, 1984, livre premier, chapitre 4)
    • Je parlais à la bonne franquette, moi ! je parlais à M. de Grandville ; mais si le procureur général est là, je reprends mes cartes et je poitrine. — (Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1838-1847, quatrième partie)
  3. Plastronner.
    • Ajusté des deux côtés par des milliers de fusils, de pistolets et de carabines, depuis la Bastille jusqu’à la rue de Richelieu, il n’avait pas été atteint, malgré la largeur d’une poitrine dont il était peut-être un peu trop fier, car le capitaine de Brassard poitrinait au feu, comme une belle femme, au bal, qui veut mettre sa gorge en valeur, quand, arrivé devant Frascati, à l’angle de la rue de Richelieu, et au moment où il commandait à sa troupe de se masser derrière lui pour emporter la première barricade qu’il trouva dressée sur son chemin, il reçut une balle dans sa magnifique poitrine, deux fois provocatrice, et par sa largeur, et par les longs brandebourgs d’argent qui y étincelaient d’une épaule à l’autre, et il eut le bras cassé d’une pierre, — ce qui ne l’empêcha pas d’enlever la barricade et d’aller jusqu’à la Madeleine, à la tête de ses hommes enthousiasmés. — (Jules Barbey d'Aurevilly, Le Rideau cramoisi, 1874, réédition Gallimard, collection Folio Classique, pages 25-26)
    • En habit, une fleur à la boutonnière, le front haut, il avait essayé de poitriner, d'offrir une alliance, un marché. — (Henry Bordeaux, La croisée des chemins, 1909)
    • Ce qui me déplaît, ce que je reproche à Galtier-Boissière, évoquant ou racontant tout cela, — je le lui ai dit, — c'est sa façon de poitriner, de taper à coups de poings sur la table, de prendre des accents, le ton arsouille, de grossir, en rigolant, le côté de certains faits, peut-être même d'y ajouter par pittoresque et rigolade. — (Paul Léautaud, Journal littéraire, 18 octobre 1950 ; Mercure de France, Paris, 1986, volume III, page 1880)

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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